L\'oeil d\'Alain Montauzou

14/11/2013

Figure du windsurf dans l’hexagone que l’on peut croiser sur les épreuves de longue distance, sponsor d’un certain Antoine Albeau et grand copain de ce dernier, Alain Montauzo est aussi un grand fan de vitesse qui a fait le déplacement courant octobre à Lüderitz en Namibie afin de participer à l’épreuve amateurs sur le Chris Benz World Record Race. Alors que l’épreuve officielle tire sur sa fin, FRA-500 nous livre ses impressions de néophyte sur son expérience sur le canal namibien…

 

"C’est Antoine Albeau qui m’a motivé et déjà depuis l’année dernière !!! Il savait que j’aimais la vitesse et il m’avait dit : "Faut pas rater cela Alain, faut que tu viennes et "full taquet" !". Je devais donc le rejoindre, il devait me prêter son matos, mais à 2 jours de mon départ, il y a eu la grève des pilotes en Namibie... Voyage annulé, j’étais trop malheureux…
Au final, cela n’a pas été plus mal car j’ai pu préparer tranquillement mon voyage pour 2013 avec mes deux amis Christophe Richaud et Ben Vanderick de C3 Fins et de plus cette année deux semaines étaient réservées aux amateurs.
J’ai eu le temps de faire fabriquer une board en 40 cm de large adéquate au canal, par Christophe Fiorentini, et un wish asymétrique par Mouss des ateliers Nicolas à Bordeaux. Cela nous a pris beaucoup de temps pour la mise au point. Comme moteur, j’avais mes voiles NeilPryde Evo 5, 5.0 5.4 et 5.8, donc tout OK pour y aller cette année.
Aller en Namibie déjà, ce n’est pas une petite balade, l’Afrique reste l’Afrique, nous avions réservé nos billets grâce à Nicole Martins de Selectour Voyages Bouscarle et nous nous sommes retrouvés tous les 3 à Amsterdam. De là, direction Cape Town dans le même avion, nous avions aussi réservé un gros pickup pour avoir plus de confort qu’un fourgon. Dès le lendemain matin, go pour les 1400 kilomètres en remontant vers Lüderitz. Là, c’est long, mais les paysages resteront inoubliables, ainsi que les blagues belges et celles d’Aix en Provence, les fous rires, tout le long de cette traversée de l’Afrique du Sud et la remontée de la Namibie, ça a été génial !
Quand nous sommes arrivés de nuit à Lüderitz après 13h de route, ça été le dépaysement total, la ville est lugubre, on sentait l’insécurité par les protections sur les maisons, mais en fait, les autochtones sont très sympas et accueillants. Puis, dès le lendemain, direction le canal pour déposer le matos. On passe obligatoirement devant l’arrivée du canal, et là, oh, la surprise !!! Nous nous y sommes scotchés bien évidemment.
Nous nous sommes regardés, et dit : "C’est chaud, ce n’est pas large l’affaire, c’est trop court cette arrivée, elle n’est pas large non plus, il n’y a pas assez d’eau…". A vrai dire, on ne la ramenait pas trop… Puis nous avons longé le canal, là pas un mot, silence… Le stress était déjà là, et bien là… Le lendemain, nous avons refait le canal à pied plusieurs fois, car nous savions que le surlendemain le vent serait au rendez-vous et les choses sérieuses commenceraient !!! Bien plus hard que l’on se l’imaginait !
Le jour J, on tournait, en rond… On se regardait, moi, j’en pouvais plus, alors j’ai dit go, j’y vais le premier. Mon cœur était à 200, je savais qu’il n’était surtout pas recommandé d’ouvrir ou de faire le parcours au ralenti, c’est impossible. Faut y aller pas tout à fait à fond, mais faut y aller quand même à fond !
Drapeau rouge, j’attends. Je me remémore les infos du briefing, si pas de planing au drapeau blanc, demi-tour et si planning prendre le virage à fond… En attendant, je prends de l’oxygène, de l’oxygène encore de l’oxygène... Drapeau vert, GO !
C’est parti, je ne démarre pas trop mal avec la 45 que je connais bien, je plane au drapeau blanc, mais je prends juste le harnais, j’abats, je prends 1 jet, put……. ça file, c’est grisant, ça accélère encore, et encore plus grisant, j’ai trouvé très long, peut-être étais-je en apnée ? Puis ce drapeau noir tout au fond du canal, je le vois s’approcher, j’ai l’impression que le canal s’ouvre au fur et à mesure que j’avance, je vois le camion, ça y est, je suis arrivé.
C’est le soulagement, mais faut s’arrêter, on est vite à 20 mètres seconde ! Juste le temps de changer ma main sur le wish pour mon (petit) racing jibe, je suis déjà à la moitié de la zone d’arrêt, caramba ! Ça va faire mal… Puis le lof se passe bien, ouf.
On ressent un grand soulagement, un bonheur, une peur, tout est en même temps, puis on regarde son GPS… Et là, 41 nœuds !!! La joie m’enivre, j’ai le sourire, c’est trop bon. Vite, je sors de l’eau, le tout sur la carriole et je remonte le run pour refaire un tour de manège ! Après, on enroule les runs, jusqu’au moment où tu te fais une surprise, un spin-out, une molle qui te fait lofer et tu te retrouves à ras du bord ou une chute à l’arrivée… L’appréhension devient doucement une peur qui commence à grandir de run en run, avec un plaisir qui la compense mais la première a toujours un petit pas d’avance.
Pour l’organisation, Sophie Routaboul et Sébastien Cattelan sont hyper pros, sympas, serviables, toujours disponibles, tout paraît un peu brouillon mais ils gèrent très bien leur affaire, quelle belle idée ce canal !
Après, la première chose qui m’a frappée, c’est l’ambiance entre compétiteurs, elle est très différente des autres courses, on sent une amitié sincère se créer, une vraie sympathie de partager lla vitesse car la course est d’abord contre soi-même, tout le monde s’aide, se tient le matos pour charger les carrioles, c’est vraiment exceptionnel, chapeau bas Messieurs les speed windsurfers, c’est un grand plaisir de vous avoir rencontrés. Un bémol, pour les souvenirs photos, nous n’avons pas eu grand-chose, à vrai dire rien... Surtout par rapport à l’année dernière où de magnifiques photos et films circulaient.
Pour mon bilan, je constate que j’ai perdu beaucoup de temps à apprendre à démarrer sur une très très courte distance avec ma 40, cela a pénalisé mes résultats, car cette journée d’apprentissage s’est avérée être l’excellente journée pour scorer… Mais c’est comme cela, il faut un début à tout. Si je peux conseiller ceux qui voudraient se lancer sur ce canal en 2014, c’est de bien se préparer matériellement, moralement mais surtout bien réfléchir à la sécurité car ce n’est quand même pas une mince affaire, ce canal... Il est juste facile mais quand tout va bien !
Je rentre avec un 500 mètres à 44,69 nœuds et une V-max GPS à 47.73. Pour une première, je suis très content ! Je vais m’organiser pour y faire un second voyage, bien évidemment si ma famille et mon business me le permettent."

 

Source : Alain Montauzou
Photos : Alain Montauzou

tags: oeil de Alain Montauzou Chris Benz World Record Race Lüderitz

Articles similaires

L'oeil de Tristan Algret

Longtemps sur le podium de l’Alaçati PWA World Cup en Turquie, le...

L'oeil de Marion Mortefon

Longtemps en tête de l’Alaçati PWA World Cup en Turquie, Marion Mortefon...

L'oeil de Pierre Mortefon

En remportant 3 des 4 manches disputées sur l’Alaçati PWA World Cup, le...
comments powered by Disqus
Gestion de vos données sur le site Windsurfjournal
En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de cookies ou autres traceurs pour vous proposer par exemple, des publicités ciblées adaptées à vos centres d’intérêts ou encore réaliser des statistiques de visites.
En savoir plus fermer