3 questions à Pierre Noesmoen

17/08/2020

Entraîneur du Pôle France Voile de Brest en RS:X depuis 2017 et entraîneur du dispositif relève U23 de la Fédération Française de Voile, Pierre Noesmoen est actuellement, avec Nicolas Huguet, entraîneur National Jeunes en charge du lancement de la dynamique IQFoil. Aux premières loges des 2 stages qui ont eu lieu dernièrement et avant les tous premiers IQFoil European Championships qui auront lieu à Silvaplana en Suisse à partir du 21 août, il nous livre ses impressions le nouveau support olympique en windsurf…

 

Windsurfjournal.com : Quel était l'objectif des stages IQFoil organisés dernièrement à Quiberon puis à Marseille ?
Pierre Noesmoen : Nous avions prévu de lancer la dynamique IQ foil à partir du mois de juin avec un enchaînement de 3 stages nationaux pour découvrir le support et aider les coureurs à se préparer pour les épreuves internationales de l’été. Nous voulions accompagner les coureurs dans la dynamique RS:X jusqu’au championnat d’Europe prévu en mai dernier à Athènes. Cela marquait pour nous la fin de la dynamique RS:X française et permettait à tous de basculer sur le matériel IQFoil une fois celui-ci arrivé avec une livraison initialement prévue début mai. Finalement la crise sanitaire en a voulu autrement, nous avons même été contraints d’annuler le premier stage prévu en juin à l’Ecole Nationale de Voile et des Sports Nautiques (ENVSN) car le matériel n’était pas encore arrivé. Sur ces stages estivaux, nous souhaitons mettre en place une ouverture aux coureurs non membres des Pôles France et qui envisagent ou se questionne sur un projet olympique en IQFoil. Cela se met bien en place et ça permet à chacun de découvrir ce qu’est ce matériel et ce qu’est un projet olympique. Sur le stage de Quiberon qui s’est déroulé du 11 au 19 juillet à l’ENVSN, l’objectif était de découvrir le matériel, les réglages possibles, les habiletés techniques spécifiques mais aussi d’accompagner les coureurs dans les mesures et les connaissances théoriques à maîtriser pour comprendre comment fonctionne leur matériel. Sur le stage à Marseille la semaine suivantes, nous avions comme objectif de travailler sur l’adaptation technique au plan d’eau spécifique de Marseille et sur l’analyse du plan d’eau sur cette période estivale qui sera la période des JO en 2024. Les conditions de vent ont été capricieuses avec ces fortes chaleurs. Entre petit thermique qui a du mal à entrer jusqu’au fond de la rade et bon Mistral, nous avons été gâtés. Ça n’a pas été simple tous les jours mais nous nous sommes rapprochés d’un mode "régate", avec du temps d’attente à terre et une obligation de s’adapter techniquement aux conditions de vent rencontrées même avec un réglage parfois pas optimum. Par exemple, parfois nous allions sur l’eau pour du 10 à 12 nœuds mais nous avions 14 à 15 nœuds en l’espace de 15/20 minutes…  Et dans ce cas là, on n’a pas le temps d’aller changer un réglage de stabilisateur… Donc il faut s’adapter. Ces situations nous font directement rentrer dans ce qui sera la réalité de la régate olympique ! Aussi, dans le vent chaud comme nous avons eu, on s’est rendu compte que les garçons ne volent pas avant 7 nœuds et les filles pas avant 8 nœuds avec 1.0 m² de moins. Dans le Mistral en revanche, nous avons poussé une navigation jusqu’à 25/28 nœuds, c’était chaud, mais pas de la survie ! Nous avons plutôt été agréablement surpris de la facilité qu’on les coureurs à contrôler le matériel dans ces conditions "marginales". Sur ce stage, nous avons accueillis des coureurs de la façade Sud qui se lancent dans un projet IQFoil ou qui se questionnent. 10 filles et 22 garçons ont été présents. Encore une fois, l’échange et le partage ont été centraux dans le fonctionnement.

 

WJ : Comment se sont organisées les séances d'entraînement et les courses par rapport au support RS:X bien connu jusque-là ?
PM : Sur le stage à Quiberon, nous avons alterné entre interventions théoriques, briefing/débriefings et navigations dans la brise thermique de l’après-midi. Sur les 9 jours de stage, nous avons pu naviguer 8 jours dans des conditions superbes. Sur l’eau, nous avons fait beaucoup de test matériel, de conduite au près, largue et vent de travers. Clairement, nous avons touché à beaucoup de réglages pour comprendre leurs effets et les leviers d’action une fois le réglage du foil choisi. Nous terminions chaque jour par 2 ou 3 manches pour tester la mise en confrontation. Pour le moment, nous avons laissé l’aspect physique de côté, l’entraînement n’est pas orienté en priorité sur le développement des qualités physiques, alors que ça devenait très présent en RS:X. Pour le moment, nous cherchons déjà à aller vite en réglant au mieux le matériel ! Aussi, nous avons peu de préjugés sur les réglages. En RS:X, nous connaissions très bien le support, nous avions donc les réglages de référence, images de référence, sensations et repères de référence bien ancrées en tête. Là, nous passons du temps à tester pour comprendre ce qui semble être le plus performant. Nous sommes bien en mode recherche.

 

WJ : Outre les différences majeures en terme de comportement avec la RS:X, quels sont les premiers enseignements majeurs au sortir de ce stage concernant ce support olympique ?
PM : Comme sur la RS:X, la vitesse est la clef de la performance. Le matériel est vraiment du matériel de qualité, même s’il y a des différences légères entre les composants du matériel (foils, mâts, voiles, planches) ce matériel est performant et nous avons eu très peu de casse. La composante technologique (préparation du matériel, prévision de réglages) va être bien plus importante qu’en RS:X. De même que la maîtrise des connaissances qui permettent de comprendre comment fonctionne le matériel. Du côté de l’aspect mental, la concentration, l’endurance mentale, la capacité à dépasser ses peurs et l’influx nerveux sont super importants et la fatigue mentale apparaît avant la fatigue physique. Il faut clairement être à 100% mentalement pour réussir à s’engager dans le matériel tout en limitant les risques de chutes. Sur le plan de la régate, on a beaucoup à découvrir car certains repères vont changer... Passée l’adaptation au support, les coureurs reprennent vite leurs repères et leurs fonctionnements de régatiers. On voit vite les meilleurs coureurs en RS:X revenir aux avant-postes sur ce support.

 

Source : Pierre Noesmoen
Photos : Yves Noesmoen - Capucine Marsaudon

tags: Pierre Noesmoen Fédération Française de Voile IQFoil IQFoil Class

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