3 questions à Antoine Albeau

15/11/2023

Présent cette année sur l’intégralité du Lüderitz Speed Challenge, Antoine Albeau entend bien battre son record de vitesse et ses 53,27 nœuds réalisés en 2015. Mais c’était sans compter sur une mauvaise chute qui depuis l’handicape. Au micro de Windsurfjournal.com, il revient sur sa présence en Namibie et cet accident dont il se remet progressivement.

Windsurfjournal.com : Comment s'est passé le retour sur le canal du Lüderitz Speed Challenge ? Le canal a-t-il changé depuis ta dernière participation en 2015 ?
Antoine Albeau : Pour moi, c’est un passage obligatoire. J’aurai voulu venir toutes les années mais il y a toujours eu une finale de la coupe du monde. C’était difficile de venir 1 ou 2 semaines sachant que c’était un déplacement assez cher à chaque fois. C’est aussi une destination qui prend du temps avec 12 à 15 heures de vol et autant de route à faire ensuite depuis l’Afrique du Sud. Le retour sur le canal lui a été nickel. La dernière fois, c’était en 2015 lorsque j’avais réalisé le record et fait beaucoup de runs pendant tout le mois où j’étais resté sur place. La 1^ère fois que je suis rentré dans le canal, c’était comme si je n’y avais pas navigué depuis 2 ou 3 mois. Le canal n’a pas changé. Il y avait le projet de le modifier pour que le run soit un peu moins abattu. Par expérience, j’aime bien quand c’est très abattu et j’avais un peu peur que ça ne le fasse pas. L’inconvénient de ce type de canal, c’est que tu as un rolling chop, du clapot qui est poussé par le vent, qui se forme comme une houle et qui grandit jusqu’à la fin du canal. Finalement l’orientation reste la même, j’avais préparé une planche dans l’optique d’un run différent mais je n’en ai pas eu besoin. Nous avons eu pas mal de clapot lors des premières sessions. Après, le vent est assez changeant et, comme à chaque fois, il faudra attraper le bon moment.

WJ : Dans quel objectif es-tu venu sur ce Lüderitz Speed Challenge, as-tu des choses à tester dans le cadre du Zephir Project ?
AA : Mon objectif 1^er est de battre mon record et de faire cette fois les 100 km/h de moyenne sur 500 mètres. Je suis actuellement à 53,27 nœuds, soit 98,65 km/h. Il ne me manque pas grand-chose pour aller à 100 km/h. C’est pour cette raison que je suis à Lüderitz pour toute la durée de la tentative. J’ai raté le tout début mais il n’y avait pas de vent. Nous avons eu 2 belles journées dès mon arrivée. La 1^ère journée, j’étais en 5.7 m² et à nouveau 5.7 puis 5.3 la journée suivante afin de préparer cette dernière voile pour les journées plus ventées à venir.

WJ : Tout se passait très bien jusqu'à la fin de semaine dernière et une mauvaise chute qui est survenu... Peux-tu nous raconter ce qu'il s'est passé ? Et qu'elle va être la suite désormais ?
AA : Oui tout s’est bien passé au début, j’ai pu tester des mâts développés avec Nautix. J’ai testé aussi de nombreuses combinaisons de matériel en changeant aussi les planches, les ailerons, etc… Le 2^ème jour, le vent était plus fort, j’ai navigué avec du lest. Lors de mon 1^er run, juste après le passage de la caméra finale, lorsque tu te redresses et que tu remontes un peu pour ralentir, j’ai frotté le côté au vent de la berge. Cela m’a déséquilibré et je me suis laissé partir en avant. Le souci, c’est qu’il n’y a pas beaucoup d’eau dans le canal cette année et lors du 1^er impact, j’ai atterri dans même pas 30 cm d’eau ! Donc je me suis fracassé par terre avec un beau choc sur les côtes et à l’arrière du dos. Je m’en suis remis, je n’ai pas eu franchement mal. J’ai senti que ça avait tapé mais ça allait. C’était le 1^er run, j’ai continué ma journée jusqu’au soir. Mais dans la nuit, cela s’est compliqué car j’ai commencé à avoir du mal à uriner et le matin, je me suis aperçu que le peu que je pouvais uriner, c’était du sang ! J’ai filé tout de suite chez le docteur. J’ai fait plein de tests, des radiographies du bassin, des côtes, une échographie de la vessie, des reins, etc… On a regardé l’estomac, les intestins et il n’y avait rien. J’ai pris un traitement, j’ai pu dormir un peu et j’ai commencé à uriner correctement. Mais, dès le lendemain, la douleur au dos était vraiment trop importante, plus forte que la veille. Je suis retourné chez le médecin et j’ai pris un traitement contre la douleur. Le lendemain, j’avais encore plus mal. J’ai refait des radios, des échographies car les fractures au niveau des côtes sont plus visibles quelques jours après parfois. Et toujours rien ! On suppose qu’il s’agit d’un gros hématome interne. Entre temps, il n’y avait pas eu de vent. Le dimanche, il y avait des prévisions météo intéressantes, je me suis bien préparé mais, dès le 1^er run, la douleur était trop forte dans le dos. J’ai bien essayé un 2^ème run mais j’étais à 47, 48 nœuds, sans arriver à border véritablement. Je me suis dit que c’était mort. Depuis, nous sommes en début de semaine et la douleur est toujours là. Ce n’est pas top même si c’est une semaine plutôt calme qui s’annonce. Pour moi, ce n’est pas plus mal, ça va me permettre d’aller mieux. Je suis forcément déçu mais c’est comme ça. J’espère que ça va aller mieux. Il reste encore 2 semaines et j’espère que les conditions seront de retour et que mon dos ira enfin mieux, ce qui semble être le cas depuis 24h !