3 questions à Stéphane Krause

06/04/2023

Du 13 au 24 mars, l’Équipe de France Extrême Glisse en windsurf et le Groupe France avaient rendez-vous à Hyères dans le sud de la France pour le traditionnel stage d’entraînement de début de saison organisé par la FFVoile. Cadre Technique National à la FFVoile et en charge de ce stage, Stéphane Krause revient avec Windsurfjournal.com sur cet événement durant lequel la pratique du foil a pris de plus en plus de place…

 


Windsurfjournal.com : D'une manière générale, comme s'est déroulé ce stage à Hyères pour l'Équipe de France et le Groupe France ?
Stéphane Krause : Ce stage de rentrée s’est très bien déroulé. Nous avons pu travailler dans des conditions de vent et de mer variées, l’Almanarre est pour ça un bon choix, à la fois pour les conditions, les facilités d’accès à l’eau et l’accueil des locaux. Il y a eu une bonne ambiance au sein de l’équipe. Tout le monde travaille ensemble en se donnant à fond. Cela permet à tous de progresser, de se régler… Cette dynamique fait plaisir, pendant les entraînements, elle laisse de côté les concurrences individuelles et professionnelles. Ça permet aussi aux plus jeunes de progresser et c’est pour nous (Didier Flamme et Julien Magurno) un élément important que la relève soit performante sur les championnats du monde et d’Europe Youth et puisse rapidement être compétitive sur le circuit professionnel… La marche est haute et coûteuse entre le niveau jeune et le niveau coupe du monde, alors si elle dure le moins longtemps possible ce n’est que mieux !

 


WJ : Dans la vidéo que tu as posté sur les réseaux sociaux, tu exprimes publiquement ton inquiétude sur la disparition progressive de l'aileron au profit du foil... Sur quels constats appuies-tu cette réflexion ?
SK : Sur le constat de la réalité d’usage ! Le foil prend désormais une part de marché énorme dans le matériel utilisé en slalom. Désormais, sur 3 planches validées pour courir en PWA, c’est pour la plupart des compétiteurs 2 planches de foil et 1 d’aileron. La place occupée par l’aileron est désormais uniquement au-delà des 25 nœuds dans une mer formée… Jusqu’à quand l’aileron résistera-t-il dans le vent fort ? Le développement des compétences techniques et du matériel va, de mon point de vue et à terme, faire disparaitre l’aileron dans quasi toutes les conditions. C’est dommage pour notre discipline, à la fois parce qu’elle s’éloigne d’une grosse partie de la pratique grand public et qu’elle offre moins la possibilité à des styles de compétiteurs de s’exprimer sur l’un ou l’autre. Le passage est brutal, les coûts sont importants, certains compétiteurs très profilés et performants en aileron quittent le circuit, démotivés… Pourtant, le format de course se prête aux 2 styles de pratique, je pense qu’il faudrait penser, comme on le fait en France, à 2 circuits bien identifiés, foil et aileron. Distribuer sur la saison des étapes foil et des étapes aileron, avec un titre pour chaque discipline et un overall. Cela laisserait le choix de s’engager sur l’un ou l’autre, ou sur les 2 en fonction de ses aspirations et des moyens de chacun. Avec des étapes identifiées, plus de place à la problématique de décision foil ou aileron… Et le compétiteur emmène le quiver qu’il faut. Sans compter qu’aujourd’hui ce qui devait être LA solution pour « sauver » des étapes dans le vent léger (7/10 nœuds) n’existe plus… Les coureurs ne valideront plus de grosses ailes, mais des ailes qui couvrent 10/25 nœuds. Se pose aussi nécessairement la question de la jauge pour ne pas tomber dans des aberrations en termes de quantité de matériel… C’est à la PWA et surtout aux coureurs d’en décider. Qu’ils soient très attentifs et véritablement acteurs des choix. Et évidemment que ces choix soient indépendants de lobbys et stratégies commerciales pour que la discipline ne devienne pas l’objet d’un appétit commercial et qu’elle permette à chaque sportif et marques de toujours s’y exprimer.

 


WJ : Côté coureurs, quelle est la tendance qui se dégage sur ce point de vue, quel est l'état d'esprit général ? Certains suivent-ils le mouvement par envie, par nécessité et parce qu'il n'y a pas le choix ?
SK : Les coureurs, c'est leur métier pour la plupart ou leur ambition pour les plus jeunes, alors ils n’ont pas un grand choix autre que de suivre le mouvement pour continuer à s’exprimer à haut niveau et pouvoir vivre de leur passion. Alors tout dépend des goûts et des postures de chacun face à l’évolution… Certains ont pris très vite le virage du foil et y sont très performants, d’autres, passionnés et performants en aileron, ont résisté un temps en essayant de rester compétitifs en aileron, notamment dans le medium, mais ils ont dû forcément se résoudre à utiliser le foil. D’autres ont arrêté, faute de moyens ou d’envie… En tout cas, même si je suis pourtant habitué depuis ces longues années, je suis toujours impressionné par les capacités qu’ont ces sportifs de haut niveau à s’adapter aux évolutions et y devenir rapidement performants. Cela exige du talent, beaucoup de travail et de laisser de côté ses ressentis pour s’engager quand même à fond ! Ensuite, c’est un sport mécanique, alors la question du moteur que l’on utilise est aussi fondamentale pour la performance. Le pilote de l’écurie qui marche ou celui qui a les moyens d’avoir le moteur performant du moment a évidemment plus de chance d’être devant… Certaines marques mettent plus de moyens que d’autres pour être performantes, cela crée de grosses différences qui pèsent évidemment sur les compétiteurs. Même si le sujet a évidemment suscité des discussions entre nous, les règles du jeu sont fixées pour cette saison alors l’énergie s’est centrée sur comment jouer et être performant avec ces règles plutôt que s’appesantir sur ce qu’il devrait être fait ou pas… La question méritera d’être posée et réfléchie pour les règles de la prochaine saison…

 

Pour en savoir plus sur Stéphane Krause : www.instagram.com/stephanekrause

 

Source : Stéphane Krause
Photos : Stéphane Krause

tags: Stéphane Krause FFVoile

Articles similaires

Les français en stage à l'Almanarre

Ces 2 dernières semaines, l’Équipe de France Extrême Glisse en...

3 questions à Stéphane Krause

Cadre Technique National à la Fédération Française de Voile et en...

Vidéo : Le Team Funboard en 2008

Souvenirs, souvenirs, quand Stéphane Krause ressort les vieux dossiers du Team...
comments powered by Disqus
Gestion de vos données sur le site Windsurfjournal
En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de cookies ou autres traceurs pour vous proposer par exemple, des publicités ciblées adaptées à vos centres d’intérêts ou encore réaliser des statistiques de visites.
En savoir plus fermer