3 questions à Pierre Le Coq

09/02/2024

Au terme d’une riche carrière, c’est vendredi dernier que le Français Pierre Le Coq a raccroché le wishbone en participant à sa dernière compétition olympique internationale, les iQFOil World Championships à Lanzarote. À 35 ans, et le sentiment du devoir accompli, il revient avec Windsurfjournal.com sur cette grande page de sa vie qui se tourne…

 


Windsurfjournal.com : 15 podiums internationaux en RS:X, un titre de champion du monde en 2015, le bronze aux Jeux Olympiques de Rio en 2016, quel regard portes-tu sur ta carrière ?
Pierre Le Coq : C’est difficile de résumer toutes ces années de carrière, il y a beaucoup d’images qui reviennent, des émotions très fortes, pleins de manches à l'esprit depuis mes premières compétitions il y a presque 20 ans. Mon titre de champion du monde à bout de souffle sous la chaleur d’Oman et ce podium des Jeux Olympiques au pied du pain de sucre à Rio sont des souvenirs magiques et il y en a plein d'autres. Je suis passé de l'Aloha à la Mistral, puis de la RS:X à l'iQFOil, des heures et des heures passées sur l'eau à essayer de trouver les bons réglages, à m'entraîner avec rigueur, mais toujours avec beaucoup de plaisir. Les sensations de glisse, le jeu de la régate, de la stratégie, la météo et le travail sur le physique sont des domaines qui m'ont fait adorer ce sport. Je suis super heureux d’avoir vécu tout ça, c’était un sacré chapitre de ma vie. J’ai eu la tête dans le guidon pendant toutes ces années et c’est passé super vite. Je ressors de toutes ces années avec 8 podiums mondiaux chez les jeunes et 15 podiums internationaux en séniors, jamais, je n'aurai pu imaginer ça, et c'est une grande fierté d'avoir remporté ces médailles et d'avoir bataillé avec de grands athlètes. Être monté sur le podium des jeux avec des mecs comme Dorian van Rijsselberghe et Nick Dempsey, qui ont marqué l'histoire du windsurf, a rendu le truc encore plus spécial. Avec le recul, je n’aurais jamais imaginé vibrer aussi longtemps à faire de la compétition de haut niveau. Pour moi, les Jeux Olympiques, c'était un rêve de gamin, c’est l’objectif qui m’a boosté toutes ces années pour devenir meilleur et passer les étapes les unes après les autres. C’est beaucoup de sacrifices, de travail, de remise en question, mais je me suis éclaté à le faire. J’ai eu beaucoup de chances d’être super bien entouré, ma famille en premier lieu, mes parents, mes sœurs, ma compagne Flora et un groupe de potes incroyables. Mon premier entraîneur Pierre Gaubert qui m’a transmis la passion de la régate et le Pôle France de Brest avec Stéphane Jaouen qui m’a accompagné au plus haut niveau. La concurrence et le niveau de l’Equipe de France a aussi joué un rôle énorme dans ma carrière. De s’être entrainé et d’avoir partagé avec Louis Giard, Julien Bontemps, Thomas Goyard et aussi Charline Picon nous a tous boosté mutuellement en RS:X. En iQFOil, maintenant les jeunes arrivent très forts, l’ambiance est top et je me suis éclaté avec eux ces dernières années. Le foil a été un super challenge pour finir ma carrière, l'adrénaline des départs à 60, lancés à 20 nœuds en vol, c'était autre chose. La régate passe encore dans une autre dimension et c'était grisant. Je tiens à remercier Pierre Loquet qui m'a accompagné sur cette dernière année.

 


WJ : Tu as connu la transition RS:X - iQFOil, que penses-tu de cette classe et notamment la prise de poids conséquente qu'elle demande pour les athlètes ?
PLC : La classe iQFOil a fait un boulot de dingue pour revisiter les formats, mixer au mieux les compétences entre slalomers et régatiers et de ce côté-là, c’est réussi. Il y a aussi une grosse évolution sur les journées de finales pour essayer de simplifier la compréhension. Ce côté drama qu'on vit en tant que spectateur est super excitant, mais du point de vue du sportif, j'ai beaucoup de mal. En voile, on joue avec les éléments naturels, baser un classement final d'une semaine de compétition sur une manche de 5 minutes, c'est extrême. Si cela apporte des sponsors et des médias je veux bien l’entendre, mais sinon je ne vois pas trop l'intérêt de faire 20 manches en 5 jours, sortir un classement avec des leaders clairement au-dessus, comme on l'a vu à Lanzarote (60 points d'avances pour Emma Wilson), pour ensuite tout remettre à zéro. Hormis ça, je trouve que le changement de la RS:X vers le foil a été une super chose, la régate prend une autre dimension et j'ai l'impression que tout le monde s'éclate sur l'eau. Le matériel est plutôt abouti, c'est polyvalent et l'engagement mental qu'il faut y mettre est vraiment intense par rapport à la RS:X. Personnellement, j'ai eu du mal à me retrouver avec le schéma de performance qui demande des gabarits très lourds, les mecs qui vont vraiment très très vite font entre 95 et 105 kg. Il faut mettre 20 kg de plus minimum par rapport à la RS:X et c'est quelque chose que j'ai eu du mal à vivre en fin de carrière. J'ai essayé, mais le corps et la tête ont dit stop à un moment et je ne me sentais plus forcément en bonne santé. Pour les jeunes qui font ça progressivement sur plusieurs années en commençant la prise de masse assez tôt, ça se fera surement très bien, mais c'est un gros dossier !

 


WJ : Lorsque ta vie est rythmée par le windsurf depuis l'âge de 9 ans, ça va être difficile de totalement décrocher ?
PLC : C’est sûr que je ne resterai jamais très loin des plans d’eau, le windsurf restera une passion tant que je pourrai tenir un wish. À côté de l’olympisme, j’ai toujours fait du fun, en vagues ou en petit matos de foil récemment. J’ai hâte de pouvoir en faire un peu plus à présent !  Un grand merci d’ailleurs à Erwan Bordier du groupe Boards & More pour le super matos toutes ces années. J’ai aussi envie de partager ce que je peux, j’habite à côté de Brest et je resterai proche du Pôle France Voile pour donner un coup de main si on me le demande. J’ai aussi un métier à gérer maintenant, car j’ai mon propre cabinet dentaire, mais je compte bien garder du temps libre pour profiter de ma famille et des bonnes conditions qu’on rencontre dans le Finistère. Je vais bientôt être papa d’un 2ème petit garçon et j’espère bien sillonner les spots avec eux un de ces 4 !!!

 

Pour en savoir plus sur Pierre Le Coq : www.instagram.com/_pierre.le.coq_

 

Source : Pierre Le Coq
Photos : Sailing Energy/Marina Rubicón - FFVoile

tags: Pierre Le Coq

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