3 questions à Pierre Le Coq

04/05/2021

Médaillé de bronze lors des Jeux Olympiques de Rio 2016 mais non retenu pour l’olympiade à Tokyo 4 ans plus tard, le français Pierre Le Coq était au rendez-vous des derniers championnats du monde RS:X à Puerto Sherry en Espagne la semaine dernière pour une dernière révérence à ce support sur lequel il aura passé beaucoup de temps ces dernières années. Pour Windsurfjournal.com, il revient sur cette ultime expérience et sur son avenir en foil…

 


Windsurfjournal.com : Pourquoi avoir décidé de participer à ces championnats du monde RS:X alors que la sélection tricolore pour Tokyo est entérinée depuis plus d'un an ?
Pierre Le Coq : Il y a un an suite au report des Jeux, les sélectionnés français dans les différentes séries ont été reconduits pour un an tout comme le comité de sélection. La note officielle qui nous a été rendue par le président de l’époque était la suivante : "Le comité de sélection est lui aussi prolongé d’un an avec comme objectif de s’assurer de la performance des athlètes. Ce comité est déjà doté de la possibilité de modifier ponctuellement les sélections si nécessaire". Peu après le championnat d’Europe RS:X qui s’est déroulé mi-mars, j’ai demandé si nous étions dans ce cas de figure. La fédération nous a alors appelé avec Louis Giard pour nous inviter sur le championnat du monde en nous demandant simplement d’être le plus performant possible. Une réouverture des sélections n’a pas été clairement évoquée. Seulement la possibilité juridique. J’ai choisi d’interpréter cela comme un nouveau défi. Sachant que beaucoup de compétitions iQFoil ont été annulées cette année, j’avais besoin d’un nouveau challenge, je me suis dit pourquoi pas retenter une dernière aventure en RS:X. Le challenge était de taille car j’avais pris 10 kg pour le foil, je n’avais pas touché une RS:X depuis un an et j’avais un quiver RS:X perso dans mon garage mais que je n’avais jamais utilisé en compétition excepté un aileron. Finalement après une préparation commando d’un mois sur Brest avec la perte de 8 kg et une grosse reprise de la prépa physique, je suis parti à Cadiz avec avant tout l’envie de me faire plaisir, de goûter à nouveau à l’intensité d’une année olympique et de passer du bon temps sur l’eau. Mon ami d’enfance qui vit là-bas, Antoine Auriol ex-planchiste et kitesurfer de haut-niveau, m’a coaché pour l’occasion avec Pierre Gaubert qui m’a aussi entrainé quand j’étais jeune. C’était le plaisir avant tout et finir sur une bonne note cette longue carrière RS:X.

 


WJ : Quel bilan tires-tu de cette épreuve, de ce support RS:X et de ces longues années passées dans la filière olympique ?
PLC : Certains réflexes et automatismes m’ont manqué et la forme physique n’était pas optimale après une préparation si courte mais j’ai fait quelques bons coups. Nous avons eu des conditions allant de 8 à 30 nœuds avec une mer assez démontée. J’ai réussi à bien négocier les parties départs/premier près, j’ai souvent enroulé la bouée au vent dans le peloton de tête mais sur la durée de la manche, j’ai souvent perdu des places. C’était plutôt le scénario inverse il y a quelques temps mais là je manquais de fraîcheur physique. Le bilan est super positif sur l’ensemble pour un retour et je me suis vraiment éclaté à retrouver tous les cadors du circuit dans leur dernière ligne droite de prépa pour les Jeux. C’était vraiment inspirant de voir quelqu’un comme Kiran Badloe naviguer au-dessus du lot. Pour pouvoir réussir à faire ça en voile olympique, il faut placer tous les curseurs à un niveau hallucinant. On joue en permanence avec les éléments naturels en mouvement permanents. D’arriver à laisser si peu de place à l’imprévu, c’était beau à voir. Le travail sur la polyvalence en olympisme, c’est ce qu’il y a de plus dur, être bon dans une plage de vent allant de 5 à 30 nœuds avec la même planche, ça demande des qualités physiques et techniques tellement différentes que tu ne peux jamais t’endormir. Tu as l’impression de ne jamais être arrivé au bout et c’est ce qui me plait le plus.

 


WJ : Quel est désormais ton programme pour la suite et te projettes-tu vers Paris 2024 ?
PLC : Je m’éclate en foil, mais pour le moment je ne me dis pas que je repars à fond sur Paris. Le challenge de repartir de zéro avec l’iQFoil et de réussir à trouver le bon mode d’emploi plus vite que les autres, c’est ce qui me plait bien pour le moment. J’habite à Brest, je travaille aussi un peu en tant que dentiste et je profite du pôle d’entrainement avec un paquet de jeunes aux dents longues. Le prochain objectif ce sera le championnat du monde cet été à Silvaplana. J’ai aussi la chance de pouvoir participer de loin au développement du matériel avec Lokefoil et je suis équipé avec Duotone et Fanatic pour le reste. Le slalom et la vitesse en foil avec du petit matériel, c’est un truc de dingue en sensation et le mix des connaissances avec les coureurs de la PWA, c’est vraiment un truc qui manquait sur le circuit RS:X. Quand tu te fais pendre en chasse par un William Huppert ou un Pierre Mortefon, tu comprends vite qu’il va falloir appuyer beaucoup plus fort dans le harnais !

 

Source : Pierre Le Coq
Photos : Sailing Energy

tags: Pierre Le Coq RS:X World Championships Puerto Sherry

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