3 questions à Delphine Cousin

26/02/2024

Avec 4 titres de championne du monde PWA à son actif, dont un doublé foil/slalom en 2019, la Française Delphine Cousin a marqué le windsurf féminin de son empreinte. Après une campagne olympique en vue d’une sélection pour Paris 2024, elle tire finalement sa révérence à 32 ans. Au micro de Windsurfjournal.com, elle revient sur cette décision de prendre sa retraite sportive et sur sa belle carrière…

 


Windsurfjournal.com : Après ton compagnon dans la vie, Antoine Questel, c'est donc ton tour d'annoncer ta retraite sportive. Outre la non-sélection pour les Jeux Olympiques, qu'est qui a motivé cette décision ?
Delphine Cousin : En commençant ce nouveau projet olympique il y a 3 ans, j’avais déjà décidé que ce serait mon dernier projet sportif. En 2019, je suis double championne du monde foil et slalom sur le PWA World Tour puis arrive le Covid. Tout est à l’arrêt, le circuit PWA souffre et même si avec Antoine Questel, nous arrivons à conserver nos partenaires, ce n’est plus la même chose. Je suis quelqu’un qui a besoin d’objectif, et, ne plus avoir de compétitions, j’ai l’impression de m’entraîner dans le vide. Je commence un projet perso professionnel avec la création de la dégustation de fruits de mer dans l’entreprise familial dont je m’occuperais pendant près de 6 mois. À ce moment-là, l’iQFOil est officiellement sélectionné pour les JO. Le projet arrive juste à temps et je décide alors de me lancer ! Avec toute l’incertitude que nous avons au niveau du circuit PWA, je m’engage à faire les deux en donnant priorité à l’iQFOil, mais je sais que ce sera mon dernier projet sportif. 

 


WJ : Quel regard portes-tu sur ta carrière, notamment les années 2010 - 2018 durant lesquelles tu étais aux avant-postes en slalom ?
DC : Je suis plutôt fière de ce que j’ai accompli en termes de résultat sportif. J’ai eu la chance d’être bien entouré avec Antoine Questel et mon frère Alexandre, notamment tout au long des années dans ma préparation, des tests du matériel, de la gestion des contrats, de l’organisation des déplacements… On forme une équipe ! Être arrivée sur la 1ère marche du podium, c’est vraiment super, mais je me rends compte que maintenant le plus difficile va être d’y rester ! Tu élèves aussi ton jeu grâce à tes adversaires et pour cela, je remercie Sarah-Quita Offringa, Marion Mortefon ou encore Lena Erdil avec qui on s’est battu toutes ces années pour gagner ces titres mondiaux ! A ce moment-là de ma carrière, il n’y a que la performance qui compte.  Difficile de ne donner qu’un seul moment de toute une carrière, mais ce dernier titre en slalom en 2019 a eu une saveur particulière avec la dernière épreuve en Nouvelle-Calédonie. Je m’étais blessée au pied un mois et demi auparavant en naviguant en vagues et je n’étais toujours pas rétablie à mon arrivée à Nouméa. Après un début d’épreuve un peu difficile et une grosse bataille avec Marion, j’ai finalement réussi à dépasser ça pour remporter ce nouveau titre ! J’ai en tête aussi tous ces Défi Wind en aileron durant lesquels on finissait toujours par se retrouver avec Marion et plus tard Justine Lemeteyer à la bouée 1 pour ne plus jamais se lâcher de toute la manche parmi plus de 1000 compétiteurs ! Des souvenirs qui resteront à jamais gravés ! 

 


WJ : Ta dernière expérience en olympisme t'a visiblement appris beaucoup de choses alors que tu avais un sérieux bagage déjà... Peux-tu nous en parler ?
DC : Le monde olympique est un sacré dossier ! J’avais expérimenté quelques années en RS:X, mais le support ne me plaisait vraiment pas. J’ai beaucoup appris, car déjà, il a fallu que je m’adapte à un nouveau fonctionnement qui n’était pas celui que j’avais développé toutes ces années sur la PWA dans lequel j’étais complètement en autonomie. Les Jeux Olympiques en voile, c’est s’entraîner dans un groupe pendant 4 ans pour finalement n’y avoir qu’une seule sélectionnée. C’est difficile de réussir à fédérer tout le monde dans un projet comme celui-ci. De mon point de vue, ce format fait ressortir ce qu’il y a de pire chez l’humain, pour moi comme pour les autres. Il y a des déceptions humaines fortes, mais il y a aussi eu de superbes rencontres. Ça veut dire beaucoup de remise en question et aussi l’envie de changer des choses à son niveau, pour soi, mais aussi pour le groupe. J’ai eu beaucoup d’attentes sur l’encadrement fédéral après avoir été sélectionnée en Equipe de France et je me suis retrouvée plutôt déçue. Malgré une avance technique sur le début de l’olympiade qui m’a été favorable, il m’a tout de même manqué l’expérience de régate upwind/downwind que les filles de l’olympisme pratique depuis toujours. Il a aussi fallu réapprendre sur un nouveau support, accepter de perdre à nouveau, travailler sur la confiance en soi, trouver le fonctionnement qui me correspondait dans ce groupe. Ça n’a clairement pas été facile ! Mes résultats sont en dents de scie, le groupe féminin se déchire pour diverses raisons, à ce moment-là, je vois ça comme un échec. J’apporte beaucoup d’importance aux personnes qui partagent mon projet que ce soit les athlètes ou les intervenants et humainement, on peut dire que c’est très compliqué. Finalement, sur cette dernière année de sélection avec mon groupe (Lucie Belbeoch, Marion Couturier, Manon Pianazza et le coach Nicolas Huguet) nous arrivons à trouver un schéma de fonctionnement qui permet à chacun et chacune de s’exprimer. On a toutes nos atouts et nos faiblesses, on est dans la bienveillance et on donne tout pour faire monter le groupe en compétence et même s’il y a des hauts et des bas dans les résultats, je suis super fière de ce que nous avons réussi à mettre en place ! "L’important n’est pas la destination, mais le chemin parcouru", cette citation a réellement pris du sens pour moi, car avec du recul, je crois que c’est le plus important car peu importe la médaille ou les performances sportives, quand tout s’arrête ce qui compte c’est ce que tu construis autour de ce projet. Bien sûr, j’aurais aimé me qualifier pour représenter la France pour Paris 2024 et l’objectif de ce projet est forcément de se dépasser sportivement, mais il faut des fois savoir reconnaître que l’on n’a pas été assez bon ou que l’on a trouvé plus fort que soi. J’ai vraiment adoré participer au début de l’iQFOil. Ce support est incroyable, l’évolution est monstrueuse en 4 ans alors, j'ai hâte de voir ce que ça va donner dans les prochaines années, je vais suivre ça de près ! 

 

Pour en savoir plus Delphine Cousin : www.instagram.com/cousindelphine

 

Source : Delphine Cousin
Photos : Sailing Energy/iQFOil Class - Carter/Pwaworldtour.com

tags: Delphine Cousin

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