Que sont-ils devenus - Emmanuel Bertin

07/03/2022

Parmi les figures du windsurf tricolore sur la scène internationale dans les années 80 et 90, en vitesse en particulier, Emmanuel Bertin alias Manu s’est tourné par la suite vers le développement du kitesurf, sport dont il est et reste le père fondateur. Souvent en avance sur son temps et incroyable explorateur/découvreur de nouveaux sports, il répond au micro de Windsurfjournal.com dans le cadre de notre rubrique "Que sont-ils devenus"…

Windsurfjournal.com : En quelques lignes, peux-tu nous parler de ta vie depuis que tu as mis un terme à ta carrière en windsurf ?
Emmanuel Bertin : 1994 fut ma dernière année de participation à la coupe du monde PBA. Après l’Aloha Classic à Maui, je me suis lancé dans la création du kitesurf jusqu’en 1998, ensuite je suis devenu une sorte d’aventurier professionnel du kitesurf, à la recherche de grandes vagues et de traversées en mer ouverte. J’ai arrêté le kite en 2006 après avoir traversé l’Atlantique, une aventure méconnue. Parallèlement à cela, de 2003 à 2007, j’ai développé avec Paolo Rista des foils haute performance pour voler sur la houle géante à Belharra. En 2007, nous avons obtenu un prix de l’innovation sportive décerné par Audi. En 2008, j’ai quitté le Finistère pour venir vivre avec ma famille sur la côte basque, et faire du surf. Depuis 2010 je travaille chez Décathlon, au Water Sports Center à Hendaye, je m’occupe des productions (image photos et vidéo) d’OLAIAN, la marque de surf de Décat’. Good job qui me permet d’être créatif et de rester en harmonie avec l’Océan.

WJ : Quels souvenirs gardes-tu de toutes ces années qui ont été très riches pour le windsurf à cette époque ?
EB : Années 80, tout allait bien, 90 pas mal aussi ! Je garde de fantastiques souvenirs et de bons amis de cette époque formidable faite de voyages fabuleux, de sessions intenses, et de belles rencontres humaines. La planche à voile fût la grande passion de ma vie, depuis mes débuts en 1977 à Brest jusqu’aux grandes années de la coupe du monde. Quand on raconte ça à des jeunes aujourd’hui on passe presque pour un menteur tellement c’est inimaginable à présent. Sans oublier les épreuves de vitesse épiques à la recherche de l’adrénaline pure avec de sacrés personnages !

WJ : Continues-tu à naviguer et à t'intéresser au windsurf, et quel regard portes-tu sur ce sport aujourd'hui ?
EB : Quand le wingfoil est apparu à l’été 2019 j’ai voulu m’y mettre immédiatement, je suis à fond ! Il n’y a pas souvent du vent au Pays basque mais quand c’est bon, avec les vagues d’ici, c’est très bon. Et la communauté wing qui réunit des pratiquants de tous les sports, surf, windsurf, kitesurf et foil, et de tous les âges, est vraiment cool. Et l’été, il y a le thermique de Nord l’après-midi dans les Landes, une ambiance sympa aussi. 2 ou 3 fois par hiver, nous avons un gros coup de vent à Saint-Jean-de-Luz, c’est l’occasion de refaire un coup de wind, qui excelle dans les grosses conditions, à fond sur l’aileron en 4.2 ou 4.7 m², ça reste une des meilleures sensations au monde… J’ai aussi un "jardin secret", l’été quand la côte est blindée de monde, je retrouve un pote sur un lac à l’intérieur et nous faisons de la planche à l’ancienne, en D2 (3,90 m de long, 360 litres de volume, carène ronde, 8.0 m² sans cambers), nous nous régalons par petit temps, c’est une glisse sublime aussi. Je garde toujours un œil sur le windsurf - au sens propre = dans les vagues - d’aujourd’hui car je trouve que visuellement, quand le vent est là, c’est le système le plus dynamique qui soit, c’est absolument magnifique à regarder.