3 questions à Rémi Vila

11/10/2019

Développeur et metteur au point de longue date chez Starboard, c’est à Rémi Vila et son équipe que nous devons le concept iFoil retenu dernièrement par la Paris 2024 Windsurfer Evaluation Working Party (cf notre news du 10 octobre 2019) dans le cadre de la sélection pour le futur support olympique windsurf pour les Jeux Olympiques de Paris 2024. S’il ne s’agit encore que d’une recommandation avant un autre processus de longue haleine désormais, nous avons voulu en savoir plus sur la genèse de ce projet avec l’un de ses concepteurs en charge de la recherche et du développement…

 

Windsurfjournal.com : Quel a été le processus du développement du concept iFoil dont les origines remontent à 2018 ?
Rémi Vila : Le projet iFoil a été le plus excitant et de loin car premièrement c’est un réel plaisir de voler et de ne pas passer son temps à pomper comme en RS:X et dans une moindre mesure en Raceboard qui est une planche que j’adore aussi.  Effectivement la première iFoil était en fait tout simplement la Formula 177 qui n’a pas été développée pour le foil mais qui a montré les meilleures aptitudes dans cette discipline, aussi bien en performances ultimes (en remportant l’épreuve PWA à Nouméa en 2017) qu’en apprentissage, ce qui est absolument fabuleux. Car aujourd’hui tu peux prêter ton matos de course pour apprendre à faire du foil, ce n’est pas le cas de ton iSonic que tu ne pourras pas passer pour découvrir la planche ! Donc dans un premier temps, ça a été facile de rajouter sur la Formula 177 des inserts de footstraps et un Foil Box afin d’avoir la machine gagnante. En revanche, la suite a été bien plus compliquée pour obtenir une planche qui décolle avant le planing et, en même temps, qui soit moins volage dans le vent médium à fort. Moins volage, ça a été la partie la plus facile en réduisant la longueur de 228 à 220 cm mais au détriment du départ sur le foil. A partir de là, beaucoup de travail et de planches ont été faits avec une multitude d’options de cut aways et d’épaisseur de planche afin de retrouver et même dépasser les performances de la Formula 177 pour le départ en foil. En gros, il a fallu réduire la force de succion de la carène afin que dès la plus basse vitesse, le foil rentre en action et cela n’a pu se faire qu’avec de très important cut aways cumulés à une forte épaisseur de la planche. 


WJ : Quels ont été les freins du développement ou ceux qui t'ont le plus demandé de travail, de recherche et de développement ?
RM : Une fois l’iFoil 95 est née, il a fallu préparer le package One Design le moins chère possible qui fonctionne parfaitement de 5 à 35 nœuds quelles que soient les conditions de mer. Il a donc fallu essayer de multiples configurations et nous avons retenu le package iFoil connu aujourd’hui car 2 gréements coûtent plus chers qu’un fuselage plus court qui permet d’augmenter sérieusement ta plage d’utilisation vers le haut, bien plus qu’un gréement plus petit avec le même foil. Mais en plus pour les conditions extrêmes comme du vent très fort ou et surtout mer déchaîné afin d’éviter des accidents qui peuvent être très graves au vent arrière après l’enroulement de la 1ère bouée de près où la flotte ne sait pas encore trop étirée (une catapulte et tous les autres derrière font du sushi !), l’option aileron s’est imposée d’elle-même. Nous avons amené en plus un côté sécurité non négligeable mais qui permet de régater quelles que soient les conditions, ce qui est loin d’être le cas de certaines séries olympiques.


WJ : Comment as-tu vécu "de l'intérieur" les Sea Trials en Italie et comment les résumerais-tu en quelques lignes ?
RM : Tous ce travail a été accompli grâce à l’engagement de toute une équipe composée de Svein Rasmussen, Ben Severne, Tiesda You, Gonzalo Costa-Hoevel, Matteo Iachino, Tristan Algret, Blanca et Marina Alabau, Bruno Kancel et moi-même. Tout le team n’a pas pu être là lors des trials mais tous ont suivi de très près. Durant ces trials, ça a été très fun car voir des régatiers experts dans chacune de leur discipline échanger, quelque chose d’assez rare à mes yeux. Mais surtout le fait de voir des régatiers extrêmement dubitatifs et, en à peine en 3 heures de navigation, revenir avec le sourire jusqu’aux oreilles et dire : “Il est vraiment temps de changer de support pour le foil”. Et puis il l’excitation de ces 20 testeurs durant ces 4 jours qui n’a cessé de grandir après avoir essayé tous les formats de course qui permettent d’avoir en plus d’une grande plage d’utilisation de vent, un gabarit qui peut aller de 65 à 85 kg pour les hommes sans aucun problème. Car dans le vent très léger ce sera du foil sur parcours de slalom, ce qui ne désavantage pas le moindre du monde les plus lourds alors que dans le vent plus soutenu, ce sera des parcours banane près vent/arrière où tout le monde y trouve son compte. Nous avons eu à répondre à une quantité importante de questions et ça a été très agréable de répondre à toutes afin que les moindres doutes soient dissipés. Essayons de ramener le fun dans le circuit olympique !!!

 

Pour en savoir plus sur Starboard : windsurf.star-board.com

 

Source : Rémi Vila
Photos : Rémi Vila - Sailing Energy

tags: Rémi Vila Starboard iFoil World Sailing Jeux Olympiques Paris 2024 Sea-Trials

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