3 questions à Julien Bontemps

24/07/2023

Grand champion français et médaillé d’argent lors des Jeux Olympiques de Pékin en 2008 que l’on connait, Julien Bontemps est désormais l’entraîneur national en iQFOil de l’équipe masculine. En toute logique, il accompagnait Nicolas Goyard lors du Test Event qui avait lieu à Marseille dernièrement. Pour Windsurfjournal.com, il revient sur cette belle semaine et le déroulement de cette épreuve test…

 


Windsurfjournal.com : Que t'a tout d'abord inspiré la victoire de Nicolas Goyard sur ce Test Event ?
Julien Bontemps : En premier chef, de mémoire, je n’ai pas souvenir qu’un Français ait gagné un Test Event, donc ça montre que le windsurf se porte bien en France. Pour revenir sur sa performance, nous avons eu des conditions très variées avec un panel très large de conditions météo. Il y a du très petit temps, du vent soutenu jusqu’à 20/25 nœuds et Nicolas Goyard a toujours répondu présent. C’est bien et c’est vraiment un bon point. Il a surtout montré qu’il était le patron du Test Event cette année avec 8 victoires sur 19 courses. Le 2ème Nicolo Renna n’en a remporté que 4 et beaucoup n'en ont gagné qu’une seule. Cela montre qu’il est capable de gagner des manches et que, quand il est devant, il est difficile à rattraper. Et il a aussi une grosse capacité à remonter des places. Tout est donc en place pour lui avant ces Jeux…

 


WJ : La rade sud de Marseille s'est montré sous son meilleur visage avec un large panel de conditions rencontrées tout au long de la semaine. Toi qui as l'expérience olympique que l'on sait, que t'ont inspiré ses premiers pas de l'iQFOil en situation de Jeux Olympiques, ces conditions ainsi que les différentes courses courues dont le Marathon ?
JB : Nous avons eu de la chance durant cette semaine de Test Event avec des conditions très variées qui ont permis de lancer les 3 formats de course possibles durant la semaine avec du Slalom, de la Course Racing et le Marathon, chose assez rare. Cette course a enfin pu avoir lieu dans des temps de course que l’on préconise depuis l’apparition de la classe IQFOil. Là, il a duré 1 heure et 20 min, ce qui est conséquent alors qu’en général, ça évolue plutôt entre 30 et 50 min. C’était vraiment un marathon au sens propre du terme, qui était très chouette à suivre d’ailleurs. Le parcours était mouillé en plein milieu de la rade, avec une bouée au vent au ras de l’île du Frioul, un grand travers qui longeait cette même île, un grand portant vers l’île Maïre et un grand travers pour revenir devant le club de l’YCPR, tout ça sur 2 tours. C’était sympa à suivre, mais aussi à préparer en termes de choix stratégiques. C’était très riche avec une prise de risque aussi sur les bords de travers un peu longs lors lesquels il fallait s’engager en termes de vitesse. Et Nico a très bien tiré son épingle du jeu dans cet exercice… Le seul bémol de la semaine, c’est cette finale de medal race qui n’a jamais eu lieu en raison des départs prématurés. Le scénario est vraiment dommage, comme ce côté de remettre les compteurs à zéro pour le dernier jour. Avant cette medal race, Nico avait quand même 28 points d’avance. D’un côté, je ne vois pas l’intérêt de faire autant de manches pour avoir un tel écart avec les autres concurrents, et pour finalement tout remettre à zéro le dernier jour. J’ai trouvé ça intéressant que l’on se retrouve dans un cas assez unique et le fait que les 3 finalistes se retrouvent BFD (ndlr : Black Flag Disqualification), ça montre finalement la stupidité du concept. On a voulu du spectaculaire et on s’est fait avoir par notre propre système ! Si c’était à refaire, je remettrais des medal races comme avant. Ce serait plus compréhensible par tout le monde, car les autres séries sont elles sous l’ancien modèle de medal race et les kitefoils ont aussi leur propre système. À l’heure où nous parlons, il y a 3 modèles différents pour les finales des séries olympiques et je trouve ça encore moins lisible qu’avant pour l’œil du grand public. J’espère que ce qu’il s’est passé va permettre de remettre le sujet sur la table et que la World Sailing et le CIO vont se questionner sur ce format-là, car il y a des choses à revoir et à affiner pour que ce soit sympa.

 


WJ : Il ne s'agissait que d'un Test Event et le scénario peut être totalement différent dans 12 mois...?
JB : Effectivement, beaucoup de choses peuvent se passer en 12 mois, notamment en termes de préparation et de gestion de la flotte internationale. Il y peut y avoir aussi du changement au niveau de la hiérarchie mondiale. Mais, on se prépare à ça. Notre stratégie en France est de rester le plus ouvert possible à ce qu’il se passe à l’étranger, à s’entraîner aussi avec d’autres nations. La plus belle des manières de progresser, c’est de s’ouvrir vers l’extérieur et non de se refermer sur soi. Et c’est ce que font les garçons que j’entraîne. En vue de la préparation des Jeux l’année prochaine, nous allons rester sur cette même ligne de conduite. Pour ce qui est du statut de Nico, je dirai favori oui et non. Il a montré qu’il était là et qu’il était revenu à son meilleur niveau. Pour nous à la FFVoile, c’était vraiment l’épreuve de l’année, il a répondu présent et c’est très bien, pour lui comme pour la fédé. C’est peut-être même plus pour lui qui a été champion du monde en iQFOil en 2021, ça lui a permis de valider ses progrès et de montrer qu'il est le boss de la flotte internationale. Mais il peut se passer encore beaucoup de choses. D’autres Français sont présents et peuvent faire mal au niveau international. Nico tire tout le monde vers le haut en France et ça, c’est quelque chose qu’il faut garder en France et j’y tiens particulièrement. Cette étiquette de favori est d’autant plus compliquée que lorsque l’on remet les points à zéro avant la dernière course, tout est possible. Nous ne sommes pas de l’athlétisme ou de la natation, nous ne sommes pas un sport "à temps". On fait avec des éléments naturels qui sont changeants et la notion de favori reste très subjective en voile.

 

Pour en savoir plus sur Julien Bontemps : www.instagram.com/jul_bontemps

 

Source : Julien Bontemps
Photos : Sailing Energy - Mark Lloyd/World Sailing

tags: Julien Bontemps Test Event Jeux Olympiques Paris 2024 Marseille

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