Médaillé d’argent lors des Jeux Olympiques de Pékin en 2008 et 5ème à Londres en 2012, Julien Bontemps est l’un des artisans de la médaille d’argent remportée par Charline Picon à Enoshima au Japon lors des Jeux Olympiques de Tokyo 2020. Quelques jours seulement après la medal race, il revient avec Windsurfjournal.com sur son implication en tant qu’entraineur et la manière dont il a vécu cette épreuve…
Windsurfjournal.com : A quel moment et pour quelles raisons es-tu arrivé dans la préparation olympique de Charline Picon ?
Julien Bontemps : En fait, le jour du déconfinement en mai 2020, Cédric Leroy m’a contacté pour me demander de prendre le relais dans l’accompagnement du projet de Charline en raison du report des JO et en raison de ses nouvelles fonctions professionnelles. Avec Charline, nous avons des routes qui se sont croisées depuis quelques années, nous étions tous les deux qualifiés à Londres en 2012 puis champions du monde en 2014 par exemple. Nous nous apprécions mutuellement et c’est donc assez naturellement que j’ai accepté la proposition de Cédric. Personnellement, je me suis dit aussi que, en tant que cadre technique à la fédération, c’était peut-être l’unique opportunité pour moi d’avoir la chance d’accompagner un sportif en préparation finale pour les JO. En outre, Cédric Leroy (coach médaillé d’or avec Charline à Rio) m’a proposé un compagnonnage exceptionnel pour optimiser le coaching de Charline. C’était génial d’avoir pu travailler ensemble, ça a été une expérience de ouf pour moi.
WJ : Comment résumerais-tu cette semaine à Enoshima en quelques mots... ?
JB : Une semaine hyper intense physiquement et mentalement : 13 manches en 5 jours dont 9 au planing. Toute la semaine, nous avons assisté à une bataille à chaque manche entre Yunxiu Lu, Emma Wilson et Charline, l’une prenant le lead après l’autre. Chaque manche était jouée comme une finale, c’était chaud !
WJ : Le support RS:X, que tu connais bien, a tiré sa révérence au terme de ces JO de Tokyo 2020, quelle expérience en garderas-tu, côté athlète comme entraîneur ?
JB : On ne va pas se mentir, nous sommes plutôt contents de dire au revoir à la RS:X, devenue vraiment vieillissante notamment avec l’apparition des planches à foil ces dernières années. Je crois qu’il ne faut cependant pas omettre que la RS:X a aussi permis à la France de récolter 5 médailles en 4 JO, c’est énorme ! 1 en or, 3 en argent et 1 de bronze. Je pense que ces bons résultats en RS:X servent et vont servir de tremplin à la nouvelle génération de windsurfers. Par ailleurs, objectivement, je crois que la France forme aussi de très bons entraîneurs en planche. Ces résultats aux JO ne sont juste qu’un simple reflet du travail de toute la filière planche (du club jusqu’à la préparation finale pour les JO, en passant par les structures d’entraînement). Côté athlète, je commence à me faire vieux, ma mémoire me joue des tours mais je garderai gravé en moi que je suis allé chercher ce titre de vice-champion olympique en 2008 au bout de moi-même, dans la souffrance liée à la fatigue et la chaleur chinoise, mais en ayant jamais rien lâché du début à la fin. Je profite de ces dernières lignes pour tirer un énorme coup de chapeau aux partenaires d’entraînement de Charline sans qui (en particulier dans un contexte sanitaire et de report des Jo que l’on connaît plus un changement de support olympique) cette médaille olympique n’aurait jamais pu se faire. Et ils sont nombreux, Yun Pouliquen, Fabien Pianazza, Mateo Dussarps, Titouan Le Bosq, Mathurin Jolivet, Manon Pianazza, Pierre Le Coq et Antoine Bossard.
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Source : Julien Bontemps
Photos : Sailing Energy/World Sailing - Pierre Bouras/FFVoile