3 questions à Jean-Marie Guiriec

28/12/2020

Avec l’annonce dernièrement de la fin de sa collaboration avec Exocet (cf notre article du 15 décembre 2020), ce sont plus de 2 décennies de développement et de shape avec la marque bretonne qui s’achèvent pour Jean-Marie Guiriec avec certains modèles qui resteront parmi les références au niveau national comme international. A l’heure où le marché du windsurf entame une mutation profonde, le shaper breton revient avec Windsurfjournal.com sur cette décision et sur l’avenir de la production en série.



Windsurfjournal.com : Ce sont plus de 20 années de collaboration qui s'arrête avec Exocet. L'histoire se termine-t-elle en bon terme et, durant toutes ces années de shape, y-a-t-il un modèle dont tu sois plus fier que les autres ?
Jean-Marie Guiriec : Suite à la disparition d'Olivier Chrétien, le fondateur d'Exocet, il a fallu, avec Patrice Belbeoc’h, reprendre les rênes de la société. A 28 ans, c’était une lourde responsabilité mais je suis fier du travail accompli de la première planche de série, l'AHD 267 Convertible, aux dernières Cross Exocet 2020. Cela fait beaucoup de planches. Je suis fier de beaucoup de modèles, surtout quand un modèle dure dans le temps comme ceux de la gamme Cross. J'éprouve aussi une grande fierté quand je vois les planches que j'ai shapées dans les écoles avec des gamins qui s'éclatent avec.

 


WJ : Avec XT Design, tu sembles revenir aux fondamentaux avec une démarche qui semble plus dans l'air du temps, plus de proximité avec le pratiquant final, une production plus responsable... C'est une tendance qui s'impose à toi ou est-ce le cours naturel des choses ?
JMG : Avec XT, je shape des planches pour des particuliers et réalise des customs de développement pour les marques, dans les deux cas cela est un peu la même démarche, il faut écouter le client, ses souhaits, avec quel matériel il navigue. Les gens connaissent leur matériel par cœur et ont souvent une idée bien précise de ce qu'ils veulent. Il faut juste affiner leurs souhaits et essayer de proposer un produit le plus en adéquation avec leur cahier des charges. Etre en proximité avec le client, je travaille comme cela depuis 20 ans. Avoir une démarche plus responsable dans le milieu du windsurf se passe à plusieurs niveaux. C’est avoir une consommation responsable. Aujourd’hui de nombreux windsurfers changent leur matériel très souvent, veulent toujours la planche qui détrône celle de l’année précédente, toujours plus légère, toujours plus rapide à faible coût. En consommant de cette manière, il est impossible pour les fabricants français de suivre le marché. C’est aussi de pouvoir réparer et faire durer les planches qui existent. J’ai toujours réparé des planches depuis le début et cela me permet d’être à l’écoute de tous les clients et de comprendre les failles des constructions en série et du coup de développer des planches plus robustes. Et une production responsable qui implique bien sûr de fabriquer en France et de travailler des matières plus écologiques. Mon projet 2021 est de sortir une planche faite en fibres naturelles et bio résine.

 


WJ : Les crises sanitaire et économique actuelles remettent en cause bien des acquis... Pour bien connaître l'usine Cobra en Thaïlande, son fonctionnement et ses limites aussi, selon toi, revenir demain à une production de planches de série en France ou en Europe semble-t-il réaliste ou un vieux rêve impossible ?
JMG : Je pense que cela est réaliste mais demande une autre approche du produit que nous consommons, et on revient toujours à un achat plus responsable avec des gammes qui durent plus longtemps. Ce qu'il faut bien comprendre, c'est que les planches que nous utilisons (et cela est aussi valable dans d'autres sports où le matériel est au centre) sont des petits concentrés de technologie, pas faciles à produire. Les structures sandwich utilisées depuis maintenant 20 ans font des planches ultra légères et rigides. C’est top, ça marche bien mais cela est très compliqué à fabriquer et demande énormément de mains d'œuvre et d'outillage (moule), sans parler de la décoration et du graphisme. Nous sommes donc contraints de fabriquer cela dans des usines à faible coût de main d'œuvre. Il existe déjà des planches de série fabriquées en France avec de très bonnes constructions, chacun dans son domaine, Elix Funboard qui fabrique du haut de gamme, Tahe (ex-Bic) des planches plus grand public mais je ne pense pas qu'ils peuvent se permettre de changer de modèle tous les ans et mettre "à la poubelle" l'outillage de l'année précédente. Un autre avantage de produire en France, c’est de produire que ce qui sera vendu, on peut travailler à flux tendu. Lorsque les planches sont fabriquées dans une usine étrangère, les marques sont obligées de commander un certain volume, de le stocker sans être sûres de vendre. Les délais de commandes et de transports sont énormes. Le développement de la fabrication française se fera aussi en mutualisant nos compétences et nos efforts, on voit déjà des plateformes comme France Glisse qui commence à émerger  

 

Pour en savoir plus sur XT Design : www.facebook.com/guiriecjeanmarie

 

Source : Jean-Marie Guiriec
Photos : XT Design



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tags: Jean-Marie Guiriec Exocet XT Design

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