3 questions à Antoine Questel

03/01/2024

Longtemps parmi les meilleurs slalomers français et mondiaux, Antoine Questel tire sa révérence en ce début d’année 2024. À 39 ans, dont 20 années dédiées au windsurf de haut niveau avec à la clé 6 titres champion de France et beaucoup de temps passé dans le top 10 mondial, FRA-99 revient avec Windsurfjournal.com sur cette décision, difficile à prendre malgré tout…

Windsurfjournal.com : Qu'est-ce qui a motivé ta décision de prendre ta retraite sportive et de ne plus participer au PWA World Tour dès le mois de juillet dernier au sortir de l'épreuve PWA à Gran Canaria ? Tu as notamment cette phrase dans ton annonce : "Je ne me sentais plus à ma place".
Antoine Questel : La décision a en effet été prise juste après l’étape de Grand Canaria, mais j’ai commencé à me remettre en question dès le début de l’épreuve PWA au lac de Garde. Pourtant, je me sentais compétitif sur mon matériel à l’entrainement bien avant que les échéances débutent. Alexandre Cousin, avec qui je m’entraîne souvent, me disait qu’il m’avait rarement vu autant motivé. J’étais rapide sur l’eau. Mais lors de la première manche et dès la première poule, je ne trouve pas les bons réflexes stratégiquement pour contrer mes adversaires. Je ne savais plus répondre, ça m’a donné une sensation très amère à l’arrivée. Les remises en question m’ont fait dire que mes absences durant les entrainements à Tenerife l’hiver avec les meilleurs compétiteurs ne m’ont pas permis de m’améliorer sur l’aspect tactique et stratégie de ce nouveau support, le foil. L’épreuve se déroule et je me frotte les mains en me disant que la saison ne fait que commencer et il va y avoir les épreuves aux Canaries en slalom en aileron ! Et là, grosse déception quand, au bout de la première journée, j’ai compris que je n’allais pas m’en sortir avec ma 6.7 et ma petite 63 de large dans 25 nœuds de vent… Pour conclure cela, je me suis senti complètement en décalage sur la réalité des choses. Je ne me sentais plus à ma place. Ça n’a vraiment pas été simple pour moi cette décision car c’était difficile du côté des partenaires d’accepter que je stoppe en milieu de saison, mais parfois, il faut savoir s’écouter.

WJ : L'arrivée du foil a totalement redistribué les cartes, quel regard portes-tu sur cette évolution du sport de haut niveau ?
AQ : Le foil est un nouveau sport. Les meilleurs en aileron de l’époque peuvent rester les meilleurs en foil, mais il y a pas mal de paramètres, dont la stratégie de course, qu’il faut réadapter. Les réflexes sur l’eau et les prises de décision ne sont pas aussi radicales qu’en aileron, tu ne peux pas du tout attaquer de la même façon. Il y a besoin de moins d’expérience pour figurer en haut du classement, car tu ne peux pas faire ce que tu veux en ligne droite ou même au jibe. Si tu vas vite et que tu sais régater un minimum, tu as tes chances de bien faire assez rapidement. C’est aussi pour ça qu’il y a de nouveaux visages, inconnus sur le tour PWA avant, mais qui arrivent tout de même en haut du classement sur une épreuve qu’ils décideront de faire dans l’année entre 2 compétitions d’iQFOil. Le foil a permis d’ouvrir le jeu finalement comparé à l’époque du slalom aileron qui a été pratiqué pendant des années et qui donnait beaucoup d’avantage à l’expérience sur la fin. Probablement que cela va se reproduire dans les années futures pour le foil car actuellement tout le monde est en phase d’apprentissage du support en compétition.

WJ : Tu as longtemps été parmi les meilleurs mondiaux en slalom, s'il n'y avait qu'un seul souvenir, lequel serait-il ?
AQ : J’ai un souvenir de podium sur une épreuve PWA en Corée du Sud en 2012 qui m'est resté longtemps à l’esprit. C'était ma première grosse performance sportive sur le circuit PWA et sans aucun doute il y a bien d’autres souvenirs qui restent pour toujours !