Tristan Algret, l’interview

10/04/2025

C’est en Guadeloupe du 22 au 26 avril que la saison débutera en Foil Slalom sur le PWA World Tour avec la Riviera Guadeloupe Windsurf World Cup. Derrière ce nouvel événement, on retrouve Tristan Algret qui a longtemps participé au circuit mondial. Au micro de Windsurfjournal.com, il revient sur cette épreuve et ses enjeux…

Windsurfjournal.com : Peux-tu nous parler tout d'abord de toi ? Tu as visiblement arrêté la compétition de haut niveau pour te consacrer à d'autres activités en Guadeloupe...?
Tristan Algret : Effectivement, j'ai décidé d'arrêter à la fin de la saison 2021 après 10 ans sur le PWA World Tour pour me concentrer sur ma famille (j'ai deux enfants maintenant) et suivre le beau projet de reprise de la base nautique de Sainte-Anne par l'ANASA (Aventure Nautique de Sainte-Anne). Nos chemins se sont croisés en 2020 et pour la première fois, il y avait là un projet qui avait du sens sur les aspects sociaux, culturels, économiques et sportifs. Un projet d'envergure avec une équipe pleinement dévoué portant des valeurs et une vision qui correspondait bien à ce que j'avais envie de développer en Guadeloupe. Pour être né en Guadeloupe, grandi sur l'île et vu toute l'évolution du nautisme depuis 30 ans, je trouvais que c'était le moment de m'impliquer davantage et d'essayer de reconstruire quelque chose de fort sur l'île.

WJ : Et tu es donc désormais de l'autre côté en tant qu'organisateur de cette Riviera Guadeloupe Windsurf World Cup. Comment est né ce projet ?
TA : C'est plutôt sympa d'être de l'autre côté puisqu'il y a ce sentiment d'être utile en participant à construire quelque chose à la fois pour les pro riders, mais aussi pour la Guadeloupe. L'idée est présente depuis que j'ai commencé la coupe du monde en 2011, en me disant que ça serait cool d'avoir tous les copains en Guadeloupe pour qu'ils puissent découvrir la beauté de l'endroit et en faire un des spots incontournables du monde. L'équipe de l'ANASA et surtout son président Carl Chipotel (un ancien windsurfer) m'ont fait confiance et partagent la même vision de développement du territoire autour des activités nautiques. Donc dans une stratégie globale, il fallait positionner un événement fort pour la promotion de la Guadeloupe, on s'est arrêté sur la PWA pour l'aspect international.

WJ : 37 ans plus tard, la Guadeloupe renoue ainsi avec une épreuve majeure en windsurf, pourquoi ce site du Gosier alors que la dernière épreuve PWA avait eu lieu à Saint-François ?
TA : Je n'ai malheureusement pas connu cette époque, mais l'histoire est plutôt marrante, car c'est là-bas que Björn Dunkerbeck a battu Robby Naish pour la première fois... Börn me le rappelle assez souvent quand on se croise ! On connaît tous la suite de l'histoire de cette légende et c'est chez nous qu'elle a commencé ! Avec le temps, les plans d'eau ont changé et pour des questions logistiques, l'idée était d'avoir toute une organisation au même endroit dans un hôtel et de préférence à un endroit plutôt central de l'île. Nous avons donc fait le choix de positionner l'événement à Gosier en partenariat avec l'hôtel Zenitude Salako, introduit par Roger De Lacase (ancien windsurfer reconnu aussi) qui vient aussi porter sa pierre à l'édifice sur cet événement.

WJ : Organiser une épreuve du PWA World Tour n'est pas une mince affaire... Quelles sont les principales difficultés auxquelles il faut faire face avant que la compétition ne soit officiellement au calendrier ?
TA : Pour être honnête, nous avons la chance d'avoir des partenaires qui ont rapidement cru au projet et partagent la même vision de développement. Le travail et la crédibilité accumulée par le club ANASA ces dernières années, notamment autour de la voile traditionnelle (canots saintois) font que nous sommes beaucoup plus audibles et convaincants auprès des partenaires publics et privés. Le projet s'est fait en 5-6 mois ce qui est relativement court, il a fallu boucler le budget rapidement et faire face à un contexte économique tendu. Pour le reste, nous avons la chance d’avoir des partenaires et des prestataires qui jouent vraiment le jeu.

WJ : C'est un spot que tu connais bien, quelles sont ses spécificités et à quel spectacle faut-il s'attendre ?
TA : C'est un spot très facile, les conditions sont très souvent clémentes avec essentiellement des navigations en gros matériel, on se retrouve dans des conditions de rêve à naviguer en short de bain sous le soleil. L'avantage du spot, c'est sa proximité avec le public, du coup le spectacle sera extra, les bouées peuvent être mouillées à 15 mètres du bord et donner l'impression d'être en plein dans la course. Je pense que ça va bien rendre depuis la plage et sur le livestream.

WJ : Derrière le côté sportif pur, quels sont les enjeux pour la Guadeloupe qui accueille cette épreuve ?
TA : Les enjeux sont de tailles, on cherche ici à positionner la Guadeloupe comme une destination glisse accessible à tout le monde. Créer de l'attractivité sur le territoire autour des pratiques nautiques afin de développer une économie touristique à moyen et long terme. Évidemment, il y a un travail qui est fait et qui reste à faire par les clubs en Guadeloupe pour développer les offres, mais nous pouvons déjà recevoir du monde. L'idée, c'est d'aller plus loin et de vraiment se développer pour créer des emplois, de la formation en créant un modèle économique et social viable et durable. La Guadeloupe a des atouts que d'autres n'ont pas sur les sujets culturels, gastronomiques, diversités des paysages... C'est tout ça aussi qu'on va chercher à valoriser.