Sol Degrieck, l’interview

13/10/2025

Alors qu'elle était sur le point d'être éliminée en demi-finale de la Citroën Windsurf World Cup Sylt, en Allemagne, Sol Degrieck remporte finalement sa première victoire dans la discipline des vagues sur le circuit mondial à seulement 15 ans. La jeune Belge a toujours été susceptible de réaliser un résultat exceptionnel, et c'est exactement ce qu'elle a réussi à faire cette fois dans des conditions techniques… Interview d’une jeune championne en devenir qui sera au rendez-vous de l’Aloha Classic qui débute ce 13 octobre.

 

Windsurfjournal.com : Sol, à seulement 15 ans, tu as remporté ta première victoire en Coupe du monde. Peux-tu nous décrire ce que tu as ressenti lorsque tu as réalisé que tu étais en train de gagner à Sylt ?
Sol Degrieck : Au début, je n'arrivais pas à y croire, c'était un sentiment incroyable. Quand ma mère m'a annoncé la nouvelle en sortant de l'eau, je n'arrivais pas à y croire, et c'est toujours le cas aujourd'hui.

 


WJ : Ta qualification pour la finale s'est jouée dans les dernières secondes de ta demi-finale. Comment as-tu vécu ce moment de tension et qu'est-ce qui t’a poussé à tenter ce dernier mouvement décisif ?
SD : Ce fut une journée difficile et une manche difficile. J'ai vraiment dû me battre en demi-finale, j'ai mis trop de temps à sauter, et les manches ne duraient que 12 minutes. Après avoir longuement nagé pour récupérer mon équipement et couru sur la plage, je m'étais préparé avec un deuxième équipement en amont de la zone de compétition. Seulement, l'équipement de rechange était une grande planche et un 4.8, donc c'était vraiment du matériel trop puissant pour moi. L'année dernière, ma dernière vague était trop tardive, après le buzzer. Cette année, j'ai donc tendance à virer de bord plus tôt, comme à Tenerife. Je connaissais le timing, et il ne me restait que 15 secondes avant de sortir. Dès qu'il y a eu une vague, j'ai viré de bord pour la prendre. Ce fut un gros choc sur une vague difficile ! Après le choc, la vague a explosé dans mon dos, je sens encore l'impact sur mon épaule gauche. Mais j'ai réussi à tenir bon et à rester debout. J'ai obtenu 5 points, et j'ai réussi. Je pense que c'est là que j'ai réellement gagné la compétition.

 

WJ : Les conditions à Sylt ont été très difficiles toute la journée, avec beaucoup de pluie et un shore break difficile. Comment as-tu réussi à vous adapter à ces conditions et à rester concentré ?
SD : Oui, la journée a été longue, avec un skippers meeting tôt le matin. J'ai réussi à rester au sec et détendu pendant la journée. J'ai préparé mon équipement entre deux averses, afin de ne pas souffrir du froid. J'adore les conditions difficiles, j'adore naviguer sur la mer du Nord. Le mois dernier, j'ai participé à quelques sessions après l'école à Wissant, ce qui m'a permis de m'habituer aux vagues déferlantes de la mer du Nord. Mais les vagues déferlantes de Sylt sont tout de même uniques. Je suis donc très satisfait de ma performance.

 


WJ : Tu sembles particulièrement à l'aise sur les grosses sections en finale. Peux-tu nous parler de ton approche technique et de la manière dont tu choisis tes vagues dans ce type de conditions ?
SD : Cette année, à l'entraînement, nous nous sommes beaucoup concentrés sur le bottom turn, afin de maintenir la vitesse de la planche. La vitesse m'aide dans les conditions difficiles, c'est là que je prends le contrôle des vagues. L'entraînement a porté ses fruits, je me sentais en contrôle. J'essaie toujours de prendre les plus grosses vagues. Nous avons observé les vagues lors des séries précédentes, ce qui nous a permis de voir où les plus grosses déferlaient. J'ai commencé un peu lentement, mais dès la dernière vague en demi-finale, j'ai vraiment pris mes marques. Cette vague m'a donné confiance pour la finale.

 

WJ : Tu es désormais la plus jeune vainqueur d'une épreuve de coupe du monde en vagues. Était-ce un objectif que tu t'étais fixé pour cette saison ou une surprise totale ?
SD : Pour moi, c'était une surprise totale. Je prends les vagues et les manches les unes après les autres. Je ne pense pas vraiment aux résultats. Ce n'est que lorsque j'arrive sur le rivage que ma mère me dit si je passe au tour suivant.

 


WJ : Tu fais partie d'une nouvelle génération de rideuses très talentueuse. Selon toi, qu'est-ce qui te distingue dans ton style ou ton approche du waveriding ?
SD : Oui, j'ai beaucoup de chance d'avoir grandi avec autant de filles douées qui se motivent mutuellement. Notamment Alexia, Maria et Lisa, qui ont quelques années de plus que moi, mais aussi Lizzy, Trine, Annajulia et bien d'autres encore. L'esprit entre les filles est vraiment bon. Naviguer avec ses amies, c'est le top ! Toutes les filles sont très motivées et adorent rider à fond. Je viens de la mer du Nord, donc j'ai une base assez large en matière de navigation, en termes de conditions. J'aime autant les vents onshore que side shore ou offshore. Les courants et les shore breaks ne me dérangent pas. J'aime autant défier les grosses vagues que m'amuser sur les petites. J'aime les vents forts, mais aussi les conditions marginales, et le froid et la pluie ne me dérangent pas. En ce qui concerne spécifiquement le waveriding, je pense que ma force, ce sont mes bottom turns sur lesquels nous avons travaillé. Transférer la vitesse vers le top turn. De plus, en raison de ma taille, j'aime la puissance de ma voile, donc je navigue généralement avec une voile un peu plus grande que les autres filles. Et je me sens très en phase avec mon équipement.

 

SD : Grâce à cette victoire, tu es de nouveau en lice pour le titre mondial. Penses-tu déjà à la bataille qui t'attend à Maui contre Sarah-Quita Offringa et Alexia Kiefer Quintana ?
SD : Je ne pense pas aux résultats. Je prends les vagues une par une et les manches une par une. Cela dit, bien sûr, je vais tout faire pour obtenir le meilleur résultat possible. Sylt était ma première victoire dans la compétition principale, et maintenant j'ai pris le coup... On verra bien !

 

Source : Sol Degrieck
Photos : Carter/Pwaworldtour.com

tags: Sol Degrieck PWA World Tour Citroën Windsurf World Cup Sylt

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