Sarah Hébert, l\'interview

16/03/2012

Partie le 22 février dernier de Dakar afin de rallier l’île de la Guadeloupe en windsurf, c’est finalement le 6 mars que Sarah Hébert a dû jeter l’éponge lors sa traversée de l’Atlantique, la Windsurf Transatlantic, en raison d’une anémie qui nécessitait un repos et une récupération reconstructeurs. Remise de ses émotions et désormais reposée, elle revient avec Windsurfjournal.com sur cette aventure humaine et sportive qui restera un grand souvenir à jamais…

 

Windsurfjournal.com : Arrivée lundi dernier et ayant pris le temps de te reposer sur Neptune's Car et à terre, quelle analyse fais-tu de cette traversée malheureusement avortée ?
Sarah Hébert : J’en fais une analyse positive, quelle incroyable aventure ! Se retrouver en windsurf au milieu de l'Atlantique qui m'avait réservé la plus mauvaise de ses mers et son alizé le plus violent, c'était énorme, j'avais vraiment l'impression d'être dans un mythe grecque et que Neptune était là sous mes pieds à s'amuser de mes nombreux rebonds. L'arrêt il s'est imposé à moi, la meilleure chose que j'avais à faire c'était d'être à l'écoute de mon corps et d'accepter que la nature est toujours la plus forte.


WJ : La déception est, on l'imagine, au rendez-vous, quels aspects positifs en ressortent cependant selon toi ?
SH : Avoir réussi à porter mon message et que les gens l'aient saisi, est pour moi la plus belle victoire. Après toutes ces années mouvementées, j'ai réussi à garder le cap grâce à ma passion, aujourd'hui "Avec du cœur tout est possible" est plus que jamais une réalité. Ce n'est que partie remise.


WJ : Quels sont les impondérables auxquels tu t'étais préparée ou pas et qui sont venus te compliquer particulièrement la tâche ?
SH : Je ne m'attendais pas à une mer aussi démontée, à vrai dire c'est un mixte entre tous les spots les plus durs que j'ai pu rencontrer, la passe de Touho en Nouvelle-Calédonie, le spot de Sotavento à Fuerte, la sortie de la baie de Quiberon quand le golfe du Morbihan décharge ses milliers de litres d'eau salée, la houle polynésienne... Bref un vrai temps de demoiselle. Abattre dans ces conditions de vent et de mer était très complexe. Mon obsession était sans cesse d'abattre pour tenir le cap mais plus la fatigue est arrivée et moins je tenais mon cap. Je m'attendais à me faire bastonner la tronche la nuit dans le bateau suiveur, mais au vue de la tête de l'équipage au réveil, nous ne nous attendions pas à avoir autant de mal à récupérer. Faut dire que dormir dans un blinder ce n'est pas évident !


WJ : Si tu devais garder une seule image, un seul moment de ces longues heures passées sur l'eau, laquelle ou lequel serait-il ?
SH : Il y a eu tant des moments uniques, magiques. Il y a eu ce départ à Dakar sur la fameuse plage D'Ngor, les pêcheurs m'entouraient et m'ont promis qu'ils prieraient pour moi, j'ai trouvé ça beau, le soleil se levait. Et puis bien sûr cette baleine qui, à une petite centaine de mètres devant moi,  soudain jailli de l'océan, mon cœur s'est arrêté, et puis comme pour me dire que je ne rêvais pas, elle a sauté à nouveau. Là, juste sous mes pieds dans cette immensité bleue sans faire de bruit tout un monde était en train de vivre.


WJ : Après analyse de cette traversée, comment t'y prendrais-tu une prochaine fois, qu'est-ce qu'il faudrait améliorer selon toi ?
SH : L'expérience est le plus beau cadeau que j'obtiens grâce à ce premier grand projet. Demain, je serai encore mieux organisée pour monter une expédition, je connaîtrai mieux mes besoins, les contraintes et les risques d'un tel défi, ce qui me permettra d'aller plus loin. Je sais déjà que ma préparation physique, technique, logistique était bonne, autant de points positifs à conserver et à perfectionner. En tout cas, ce qui est certain, c'est que l'océan est l'élément où je me sens le plus chez moi !


WJ : Tu as appris la disparition de Vincent Mellouet pendant ta traversée, ça a été un moment particulier pour toi qui le croisait parfois en Bretagne ?
SH : Oui, Pierre Bouras, le photographe et caméraman à bord et moi-même avons été profondément touché par sa disparition, en plus sur notre home spot. Quand je retournerais à Sainte Barbe je penserais à lui. Que la mer te porte Vincent. Mes pensées vont à sa famille et sa chère Blandine. La nouvelle nous est arrivée le jour de mes malaises, je me suis rappelé que la vie est précieuse et qu'un défi sportif ne mérite pas qu'on lui laisse la nôtre. Et même si Vincent est parti, il naviguera pour toujours avec nous sur ce magnifique spot, avec le cœur et la gentillesse qui le caractérisaient.

 

Photos : Pierre Bouras

tags: interview Sarah Hébert Windsurf Transatlantic traversée

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