Sébastien Cattelan, l\'interview

14/10/2011

Premier homme à avoir dépassé les 50 nœuds en kitesurf, auteur de la seconde meilleure performance au monde à la voile avec 55,49 nœuds, le français Sébastien Cattelan revient dans la course en windsurf cet automne et tentera de dépasser les 50 nœuds lors de l’édition 2011 du Lüderitz Speed Challenge. A une semaine du début de l’évènement, qui sera avant tout un test grandeur nature afin de valider le nouveau canal prévu, retour avec lui sur ses ambitions dans la discipline qui l’a fait connaître…

 

Windsurfjournal.com : Pourquoi avoir décidé de revenir à tes premiers amours et au windsurf alors que tu détiens la seconde performance mondiale absolue et en kitesurf avec 55,49 nœuds ? Tu ne vas pas avoir un peu l'impression de te traîner ?
Sébastien Cattelan : Je suis bien sûr très fier d’avoir le record de France mais j’ai aussi la nostalgie de trainer une cabine téléphonique avec un mec dedans. La planche ne peut pas s’arrêter à 49,09 nœuds voilà tout. Le kitesurf est un support très accessible, parfois trop quand on s’aperçoit du danger potentiel. C’est devenu la solution pour être performant en ce qui concerne le jump, le surf, la race, le freestyle et le speed, à part la longue distance. Le kitesurf est performant là où le windsurf est agréable. Je pratique des tas de sports mais faire du windsurf quand les conditions sont là, c’est le rêve. L’énergie est plus compacte, plus malléable pour affronter les éléments. Etre le premier homme à avoir passé la barre mythique des 50 nœuds  a été un moment extraordinaire,  le faire en planche est un nouveau challenge.

 

WJ : Tu courras le Lüderitz Speed Challenge 2011 dans les deux disciplines, qu'est-ce qui t'incitera à prendre plutôt ton matos de windsurf que de kitesurf et inversement ?
SC : J’ai autant envi de faire des tours de manège en kite qu’en planche. Sur le nouveau canal, il faudra remonter à pied ou en véhicule comme aux Saintes-Maries-de-la-Mer. Si le kite est allé si vite c’est grâce à ce plan d’eau qu’offre Lüderitz. A l’épreuve de Leucate en début d’année, le kite est allé 1 à 2 nœuds plus vite et pas 6 nœuds comme le déclare officiellement la WSSRC, l’instance qui régit les records. Ouvrir le run aux meilleurs windsurfers permettra enfin de savoir où sont vraiment les limites.

 

WJ : Pour revenir à ta participation en windsurf, tu as donc en ligne de mire les 49,09 nœuds d'Antoine Albeau, espères-tu être le premier à dépasser les 50 nœuds en windsurf comme tu l'as été à l'époque en kitesurf ?
SC : Rien ne fait face à l’entrainement. Cela fait 7 ans que je ne me consacre qu’à la discipline de la vitesse. Antoine Albeau est un grand athlète, sa performance est tout simplement démentielle vues les conditions dans lesquelles il l’a faite ! Je suis convaincu qu’un windsurfer peut aller bien plus vite que 50 nœuds. Il faut simplement avoir tous les paramètres. La qualité du run en est un des plus importants. Aussi, le nerf de la guerre c’est de pouvoir s’entourer d’une équipe compétente. Il est juste impossible de faire un record tout seul, c’est devenu un sport collectif et c’est ce qui rend la victoire encore plus riche. Alors oui j’espère bien être le premier à franchir les 50 nœuds en pinchapoil mais surtout cette année j’aurais eu le privilège de naviguer avec le meilleur matos, sur le meilleur run et au meilleur moment.

 

WJ : Après que les records soient tombés les uns après les autres à Lüderitz ces dernières années, le nouveau challenge pour 2011 est donc de creuser un canal plus à l'intérieur de la baie... Peux-tu nous parler de cette innovation et pour quelles raisons elle a vu le jour ?
SC : Le problème en 2010 était que tous les matins de course, je devais nettoyer le canal avec une pelle mécanique car il se rebouchait inlassablement à cause des marées. Le but de remonter le canal dans la baie sera donc de le protéger. Les marées d’équinoxe le rempliront 2 fois par mois. On pourra  ensuite apporter les modifications souhaitées afin de faire évoluer le spot. L’avantage de Lüderitz, c’est qu’il y fait chaud toute l’année. Le vent fort qui souffle 3 à 4 fois par semaine est régulier donc si nous avons l’opportunité d’avoir un plan d’eau qui s’adapte à la pratique du windsurf, c’est une nouvelle aire qui s’annonce. Au-delà de ça, il faut comprendre que c’est certes un nouveau challenge mais qui a son pesant d’or. Et ça, cela a un prix. Il nous a été extrêmement difficile à Sophie Routaboul (ndlr : sa compagne et co-organisatrice du Lüderitz Speed Challenge) et à moi d’arriver à obtenir les autorisations nécessaires et ça a été la partie visible de l’iceberg. Il a fallu que l’on opère sous plusieurs corps de métiers pour designer et construire ce canal de presque un kilomètre La mission était quasi impossible mais les faits sont là, pas de pause pour le Lüderitz Speed Challenge !

 

WJ : Selon toi que va amener ce canal et sur quelles vitesses tables-tu désormais ?
SC : Ce canal nous permettra de conserver notre vitesse max.  Ce qui me motive le plus c’est de savoir qu’il en reste encore sous le pied. La barre est très haute et il va falloir réunir un certain nombre d’éléments pour que l’alchimie se fasse. On imagine que le kitesurf peut encore gagner 2 à 3 nœuds alors qu’en planche l’histoire reste à écrire.

 

WJ : Sur quel tableau de coureurs pourra-t-on compter pour cette édition 2011 du Lüderitz Speed Challenge et en particulier en windsurf ?
SC : Cette tentative est un test pour faire une grosse épreuve en 2012. Il nous aura fallu plus de 7 mois pour avoir ces autorisations et pouvoir creuser ce canal ancestral. Il était donc impossible d’annoncer aux riders une éventuelle épreuve si c’était pour la repousser voire l’annuler. Rendre un produit clé en main aux riders est la seule solution pour éviter critique, émeute, pétition, bagarre et autre sabotage en tout genre. Voila 5 ans que j’organise une épreuve ouverte à tous les compétiteurs afin qu’ils puissent s’exprimer, innovant chaque année en trouvant la solution pour améliorer les performances. Il n y a pas eu une seule année où l’on n’ait pas augmenté les vitesses, ce n’est pas chose facile et ça l’est encore moins lorsque la fureur et la frustration de compétiteurs peu scrupuleux opèrent. Je ne laisserai donc plus la place à l’espoir d’une action négative. On pourra comprendre qu’après ce rythme effréné, j’ai besoin de recul pour pouvoir faire profiter encore d’autres compétiteurs du potentiel du Lüderitz Speed Challenge. Soutenu par mes sponsors dont Genetrix, une poignée de riders m’accompagnera donc cette année du 20 octobre au 17 novembre.

 

Photos : Adrien Freville/Lüderitz Speed Challenge - Sophie Routaboul/Lüderitz Speed Challenge

tags: interview Sébastien Cattelan Lüderitz Speed Challenge

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