Robert Teriitehau, l'interview - Part 2

07/10/2014

Figure incontournable et légendaire du sport qui a incontestablement marqué les grandes années du windsurf, Robert Teriitehau s’alignera à nouveau sur une étape de la coupe du monde de windsurf à l’occasion de la Airwaves Noumea Dream Cup PWA, la grande finale en slalom du PWA World Tour en novembre chez lui en Nouvelle-Calédonie, une épreuve dont il est l’ambassadeur… Par l’entremise des organisateurs, l’ANG ASPTT Nouméa Glisse, c’est une interview exclusive pour Windsurfjournal.com à laquelle s’est livré en juillet dernier le plus célèbre des windsurfers néo-calédoniens, une interview en 2 parties à découvrir dont la 2ème et dernière ce mardi !

 

 

Windsurfjournal.com : Tu parles des jeunes windsurfers calédoniens et tu as pu voir le niveau de certains d’entre eux. Tu penses qu’il y a du potentiel et comment verrais-tu leurs évolutions ou comment les conseillerais-tu pour arriver au niveau des meilleurs mondiaux ?
Robert Teriitehau : "Oui, j’ai vu beaucoup de jeunes qui vont vite et qui ont un très bon niveau tout en gardant un esprit ouvert et positif, nécessaire pour aller de l’avant et progresser. C’est déjà bien. Maintenant, pour faire carrière au niveau mondial, cela demande davantage d’investissement humain et financier, et il faut faire des sacrifices car il faut accepter de quitter le territoire longtemps et/ou plusieurs fois par an. Cela nécessite une bonne préparation mentale associée à des coûts souvent important et dans ce cas, il faut faire appel à de sérieux sponsors et savoir négocier des contrats tout en étant à la hauteur des engagements faits par de bons résultats et un bon retour publicitaire. Côté publicité, le visuel dont la télévision, reste le mieux et il y a également les photos dans les magazines spécialisés. Tout cela ne vient pas d’un coup et fait appel à du travail loin d’être négligeable, avec une bonne organisation à mettre en place. L’objectif étant de garder son, ou ses sponsors le plus longtemps possible, d’une année à l’autre alors il faut dès la 1ère année et chaque année suivante, faire en sorte que tout se passe au mieux dans ce partenariat compétiteur/sponsor. Il est donc nécessaire de savoir vendre son image sur tout type de support médiatique. C’est ça, la vie d’un windsurfer professionnel."

 

WJ : Dans ta carrière, quel a été le déclencheur ou quel aide t’a permis de faire le pas entre le monde amateur et le monde professionnel ?
RT : "Au début, je faisais du windsurf plus ou moins aveuglément, simplement par plaisir et par passion sans même savoir qu’un jour, j’allais devenir professionnel et que j’allais pouvoir en vivre. Je savais néanmoins qu’il était important d’avoir un petit plus pour sortir du lot. Je passais donc énormément de temps sur l’eau, à naviguer, à m’entrainer et à me perfectionner tout en m’efforçant d’aller de plus en plus vite. J’ai donc gravi peu à peu les marches pour devenir le meilleur localement et pouvoir ensuite aller en France où là, j’ai pu participer à des courses nationales, sur des épreuves en slalom et également sur des circuits de vitesse. A cette époque où j’avais 16 ans, je me déplaçais hors du territoire, avec les grands champions locaux de windsurf comme Jean-Pierre Siret. Grâce à lui et à de nombreuses personnes rencontrées en France, j’ai pu avoir l’aide morale et ensuite, financière pour rester un peu plus longtemps en Europe et ainsi, arriver enfin à me faire remarquer par certains sponsors. C’est certain que pour être remarqué, il faut obligatoirement faire de bons, voire même d’excellents résultats car sans ça, inutile de continuer. A 16 ans (en 1983), j’ai donc été Champion de France et j’ai gagné d’autres courses, toujours en France. A cette époque magique, j’ai eu la chance de côtoyer les meilleurs en windsurf, que ce soit en slalom comme en vitesse, comme Arnaud de Rosnay, Ken Winner, etc… des stars que l’on voyait généralement que dans les journaux et qui nous faisaient rêver. C’est en 1983-1984, avec ma rencontre avec mon 1er gros sponsor, Fred Beauchêne que ça a réellement décollé pour moi et que j’ai pu accéder au niveau mondial, avec ma 1ère étape à La Torche. Tout s’est ensuite rapidement enchainé et lors de cette étape en Bretagne, j’ai battu l’emblématique Robby Naish devant plus de 80 000 spectateurs. Il faut noter tout de même qu’à cette époque, on était quelques professionnels du circuit mondial, à dormir dans les voitures et à déjeuner style camping, et ce, malgré le froid. Les conditions étaient difficiles mais on en garde un excellent souvenir."

 

WJ : Ces conditions difficiles sont peut-être le moteur d’une motivation sans faille pour progresser ?
RT : "Oui, c’est sûr mais en 1983-1984, ce n’était pas aussi professionnel que ça l’est devenu quelques années après où le windsurf avait pris encore plus d’ampleur. Ce qui veut dire qu’au début des années 80, on ne gagnait pas autant d’argent que par la suite et on était donc obligé de calculer sur tout, et de se réunir en groupe pour faire des économies. C’était l’époque et ça nous allait comme ça."

 

WJ : On te connait en tant que show man et sportif de haut niveau sur de nombreux supports tel un véritable waterman. Mais on ne te connait pas en tant que papa, avec ton fils Taoa qui a eu 1 an. Il parait que les nuits sont courtes ?
RT : "Oui… Il ne fait toujours pas ses nuits donc c’est très difficile. Bon, c’est comme ça, c’est la vie. Tiens, ça me rappelle quand j’étais lycéen et que le proviseur du lycée avait refusé que je parte en France durant l’année scolaire, pour participer à des courses nationales. Je suis parti quand même et j’ai raté l’école pendant plus de 2 semaines. A mon retour, j’avais été radié du lycée et je me suis retrouvé dans la vie active à 15 ans. Mes parents n’étaient pas contents du tout alors après des recherches infructueuses de petit boulot, je suis allé à Tahiti pour apprendre le métier de shaper. Au bout de quelques semaines, je suis rentré en Nouvelle-Calédonie avec ma première planche que j’ai faite et avec laquelle, j’ai gagné toutes les courses chez moi puis en France. Une chose incroyable et certainement une intuition presque miraculeuse, la forme de cette planche ressemble à celle des planches actuelles. Pour finir sur l’histoire anecdotique du proviseur du lycée, j’ai rencontré son fils quelques années plus tard, lors d’un indoor à Bercy où celui-ci était journaliste et qu’il m’interviewait pour la chaine Eurosport. J’en ai donc profité pour lui dire de remercier son père qui était favorable à ma radiation du lycée et grâce à cela, ma vie a pris la tournure que l’on connait. En conclusion, il faut toujours rester positif et ne jamais abandonner. Pour réussir notamment dans le sport et cela, je le dis pour les jeunes, il faut persévérer et se donner à fond. Dans ma vie, j’ai pu voir cela pour moi et pour d’autres jeunes comme Ricardo Campello qui était très persévérant et qui se donnait vraiment à fond pour arriver sur le circuit mondial après seulement 2 ou 3 ans et qui a eu la super carrière que l’on connait."

 

WJ : De nos jours, il est certainement plus difficile de percer comme cela ?
RT : "Je dis toujours que je suis arrivé à la bonne époque car avant, le windsurf avait atteint un niveau médiatique et un niveau de sponsoring beaucoup plus haut que ces 15 dernières années. Depuis, le surf est devenu plus médiatique, bien qu’en surface publicitaire, il y a plus à faire sur une voile que sur une planche. Il y a donc peut-être un gros travail de communication à refaire ou à réajuster car il n’y avait aucune raison que le windsurf perde autant en renommée internationale."

 

WJ : Est-il encore possible que cela change et atteigne cette renommée d’antan ?
RT : "Je l’espère fortement et j’avais à l’époque, pensé que le windsurf allait atteindre des sommets encore plus hauts. Bon, c’est vrai qu’à l’époque, il n’y avait pas de loi contre l’énorme sponsoring associé à des marques d’alcool et de tabac. Mais ce changement n’a pas empêché le surf de gravir son haut niveau actuel."

 

WJ : Pour finir, est-ce qu’il y a un autre message que tu voudrais faire passer pour te donner le maximum de chance à la Airwaves Noumea Dream Cup PWA en novembre prochain ?
RT : "Comme annoncé, je recherche des sponsors pour les voiles et pour avoir du budget complémentaires."

 

WJ : Y’aurait-il un conseil que tu pourrais donner à l’ANG ASPTT Nouméa Glisse pour la bonne réussite de cette organisation en local de la Airwaves Noumea Dream Cup PWA?
RT : "Je pense que l’équipe est prête et très motivée pour cette grosse organisation. J’aurai en revanche une remarque très importante pour les courses, c’est la prise d’une photo lors des départs afin d’éviter tout litige pour un compétiteur qui a grillé la ligne ou pas. Cela se faisait systématiquement à l’époque et il faudra vérifier si cela est encore fait actuellement."

 

Pour en savoir plus sur la Airwaves Noumea Dream Cup PWA : www.airwaves-noumeadreamcup.nc

 

Source : Robert Teriitehau - ANG ASPTT Nouméa Glisse
Photos : Patricemorin.com

tags: interview Robert Teriitehau Airwaves Noumea Dream Cup PWA

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