Pierre Le Coq, l'interview !

29/08/2016

En remportant la médaille de bronze lors des Jeux Olympiques de Rio 2016, le français Pierre Le Coq confirme son statut de favori même s’il aura fallu attendre toute une semaine et l’ultime manche de l’épreuve pour connaître le dénouement final… Pour Windsurfjournal.com, il revient sur cette belle olympiade et cette médaille qui récompense des années de travail.

 

Windsurfjournal.com : Épreuve âprement disputée, comment résumerais-tu cette semaine olympique et notamment cette medal race au suspense incroyable ?
Pierre Le Coq : Ce sont des sensations incroyables, je suis passé par tous les états durant cette semaine, cette médaille a mis du temps à me tendre les bras et il a vraiment fallu aller la chercher jusqu’au bout. Les conditions que nous avons rencontré ont été ultra variées, il a fallu se réadapter en permanence avec des situations météos parfois très compliquées. Au niveau tactique Dorian van Rijsselberghe et Nick Dempsey ont été au-dessus cette semaine avec des décisions et des prises de risques millimétrés tout au long de la régate, ils ont été en confiance dès le début et ils ont été les plus réguliers. Derrière, nous avons tous connu des hauts et des bas, je savais que la fin de régate allait être décisive pour la 3ème place et j’ai fait le maximum pour rester concentré jusqu’au bout, bord après bord et manche après manche. Physiquement et techniquement, je me suis senti vraiment à l’aise jusque la fin, la veille de la medal race nous avons eu une journée très physique avec 3 manches à l’extérieur de la baie dans un vent assez léger et une grosse houle, très technique et très physique, c’est là que j’arrive à me remettre dans le match. J’ai vu certains de mes concurrents craquer petit à petit, je ne m’y attendais par forcément et c’est là que je me suis dit que tout est encore jouable pour le podium. Je sors de cette journée totalement exténué mais plus motivé que jamais, c’est toujours plus facile d’aborder une medal race quand tu es dans une spirale positive que l’inverse. En partant sur l’eau avant d‘aborder cette medal, je me sentais bien, j’avais bien dormi et je savais que quoi qu’il arrive, j’allais vivre un truc de dingue, aller batailler une médaille aux Jeux Olympiques, ça fait un petit moment que j’en rêvai ! J’avais tout un clan de supporter sur la plage, mes amis, ma famille et même Louis Giard qui avait fait le déplacement, je suis passé devant eux lors de l’échauffement et c’était juste la folie, ils ont fait trembler la plage. J’en avais les larmes aux yeux tellement c’était fort, je n’ai jamais eu autant envie de tout donner. Sur la medal race, je me suis mis en difficulté sur le premier près avec des choix de bords un peu moyens, je passe loin derrière le polonais et le grec à la bouée de près, j’ai essayé de rester zen et je savais que sur ce plan d’eau il n’y a jamais rien de fait. Je les avais en ligne de mire sur le vent arrière, j’ai débranché le cerveau et j’y suis allé mètre après mètre. J’arrive à repasser juste devant eux à la fin du vent arrière et je ne les ai plus lâchés. Physiquement et mentalement ça a été la guerre jusqu’à l’arrivée, j’étais explosé, j’ai eu peur à un moment de lâcher le wish !

 

WJ : Tu as alterné le bon et parfois le moins bon durant toute la semaine, comment se surpasser et continuer à y croire quand les chances paraissaient si minces parfois ?
PLC : Je ne me suis pas trop posé de questions, je me suis donné au maximum sur chaque manche en essayant de faire table rase sur ce qui s’était passé avant. C’est déjà une chance énorme de participer aux Jeux Olympiques, c’était impossible pour moi de baisser les bras et en voile, on sait très bien que rien n’est acquis. J’ai vécu en colocation avec Billy Besson sur ces jeux et quand tu vois un mec même pas à 50% de ses capacités donner de sa santé et avec une telle abnégation ça te donne une bonne leçon ! Après il faut gérer le jeu des médias, de ceux qui veulent t’enterrer avant l’heure et il faut réussir à faire abstractions de tout ça. Julien Bontemps, Faustine Merret et tous ceux qui ont participé aux Jeux m’avaient prévenu, je m’étais préparé à ça. J’ai aussi eu un comité de soutien énorme durant ces Jeux, sur place et en France, j’ai reçu énormément de messages et je remercie vraiment tout le monde de m’avoir poussé à fond durant cette semaine !

 

WJ : Ta médaille de bronze, la médaille d'or de Charline Picon, que t'inspire ce beau doublé en winsurf ?
PLC : C’est la première fois qu'il y'a un doublé français en windsurf sur les Jeux, ça montre qu’on a bien bossé et aussi que les encadrements sont au top. Stéphane Jaouen et Cédric Leroy ont su manager l’équipe de la meilleure manière. Il y a des années d’expérience derrière cette Equipe de France et sûrement la plus grosse densité au niveau mondial. Personnellement j’ai eu la chance d’avoir des partenaires d’entrainement hors normes. Louis Giard a été incroyable tout au long de cette année de préparation, il m’a poussé à fond sur chaque entrainement, a été investi jusqu’au bout et ça a été un gros plus. Il y a aussi le reste de l’équipe avec qui on s’est poussé tout au long de l’olympiade, Julien Bontemps qui a su partager toute son expérience et également Thomas Goyard. Je pense que pour Charline c’est aussi le cas. En tout cas, c’était génial de pouvoir vivre ces Jeux avec elle, on s’est soutenu et on a réussi à bien se booster mutuellement. De réaliser deux médailles et d’en profiter ensemble restera vraiment un super souvenir.

 

Pour en savoir plus sur Pierre Le Coq : www.pierrelecoq.fr

 

Source : Pierre Le Coq
Photos : Sailing Energy/World Sailing

tags: Pierre Le Coq Jeux Olympiques Rio 2016

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