L'oeil de Thomas Goyard

24/09/2014

Du haut de ses 22 ans, le néo-calédonien Thomas Goyard a frappé très fort lors des récents ISAF Sailing World Championships à Santander en Espagne en prenant une belle 3^ème place au nez et à la barbe de quelques supers spécialistes et vieux briscards de la discipline. Pour Windsurfjournal.com, il revient sur cette performance qui lui ouvre désormais de nouvelles perspectives pour l’avenir.

"Je sortais d’un mois d’entraînement avec Julien Bontemps et l’allemand Toni Wilhelm sur le spot de Santander durant une partie de l’été, dans des conditions très variées mais finalement très différentes de celles que nous avons eu pendant l’épreuve. J’étais assez confiant en arrivant sur place avec l’envie de faire un top 10/12.
Le 1^er jour dans du médium, j’ai été complètement à côté de la plaque, j’avais un peu d’appréhension sûrement et je ne m’écoutais pas vraiment au niveau feeling tactique. A ce niveau-là, tout le monde va vite et la différence se fait justement sur ces choix tactiques. Je me suis trop fait influencer par les choix de la flotte alors qu’en général je fais plutôt à ma sauce. 48^ème après 2 manches le 1^er jour, j’étais bien bas moralement. J’ai vite compris que c’était dans ma tête que ça n’avait pas marché et donc j’ai décidé d’appliquer ce que j’ai appris toute l’année et ce que je sais faire. C’est ce que j’ai fait ensuite toute la semaine !
Le dernier jour, le polonais Piotr Myszka alors 3^ème au général, est arrivé avec 10 minutes de retard pour la jauge avant la medal race, il faut savoir que sur ces ISAF Sailing World Championships, le comité de course est très stricte et il a pris 2 points de pénalité. C’est devenu un avantage psychologique pour moi et même mathématique.
La ligne de départ lors de la medal race était très courte, je n’ai pas voulu prendre de risque et je suis parti bâbord amure. Du coup, j’ai laissé partir Byron Kokkalanis, Pierre Le Coq et Louis Giard tribord qui ont fait un départ prématuré, ce que je n’ai su qu’après… J’ai fait ma course du mieux que j’ai pu, je double Julien Bontemps sur le dernier tour et je termine à peine 1 mètre devant lui. Je l’ai félicité sachant qu’il avait gagné, je pensais alors terminer 4^ème ou 5^ème de l’épreuve et puis je suis quand même allé au comité voir les résultats. Je découvre alors que j’ai gagné la medal et que surtout Piotr Myszka est 7^ème, ce qui me permet de monter in extremis sur la 3^ème marche du podium, incroyable !!!
L’enseignement de cette semaine, c’est qu’il ne faut pas abandonner, ça a été le cas en début d’épreuve comme cette année après avoir terminé 38^ème au Mondial RS:X en 2013. On m’avait dit que j’allais rebondir, que cela fait partie du parcours de sportif de haut niveau et c’est vrai. Il faut s’écouter et se faire plaisir d’abord mais avoir ensuite aussi de la régularité, du volume et de la rigueur.
Je rentre désormais en Equipe de France A, cela va changer pas mal de choses au niveau matériel et financier, c’est aussi une autre vie et une autre manière de faire, tout cela avec en ligne de mire les Jeux Olympiques. Nous avons une équipe de France intéressante avec de belles individualités, c’est d’ailleurs tout le paradoxe, nous sommes un groupe mais un seul d’entre nous représentera la France au Brésil dans 2 ans. Il y a quoi qu’il en soit énormément de respect entre nous et je n’aurai franchement pas cru tout ce qui m’arrive si on me l’avait dit 4 mois plus tôt !"