Kylian Manhaval, l’interview

24/03/2025

En remportant dernièrement en U19 les iQFOiL International Games #2 à Cadix en Espagne, le Martiniquais Kylian Manhaval confirme son statut de grand espoir tricolore… Pour Windsurfjournal.com, il revient sur sa semaine en Espagne et son grand rêve de représenter la France aux Jeux Olympiques de Los Angeles 2028…

 


Windsurfjournal.com : Tu viens de remporter les iQFOiL International Games #2 à Cadix, que t'inspire cette première victoire en tout début de saison ?
Kylian Manhaval : C’est une immense satisfaction de commencer la saison de cette manière, surtout dans une compétition d’un tel niveau. Cette victoire est une belle récompense pour le travail accompli ces derniers mois, mais elle ne marque que le début de la saison, et il faudra continuer à progresser. Les conditions à Cadix étaient particulièrement exigeantes, avec du vent fort et une mer formée, ce qui a rendu chaque course intense. Il a fallu rester concentré du début à la fin, bien gérer l’effort et s’adapter aux différentes situations. Mais je sais que le niveau est très élevé et que mes adversaires vont continuer à progresser. Il faudra donc rester rigoureux et poursuivre le travail pour rester compétitif toute la saison…

 

WJ : Avec 10 victoires sur 12 possibles et la medal race remportée en fin d'épreuve, tu n'as jamais tremblé face à tes adversaires. Que t'inspire cette domination sans partage ?
KM : Plus que le classement final, ce que je retiens avant tout, c’est la manière dont j’ai abordé cette compétition. J’ai essayé de rester concentré sur ma navigation, en prenant chaque manche comme un nouveau défi sans me laisser perturber par l’enjeu ou le classement. Il y avait de la pression et de l’intensité à chaque course, et le fait d’avoir su bien gérer ces moments clés est une grande satisfaction. Les conditions de navigation étaient variées, et il a fallu être à la fois tactique et réactif pour faire les bons choix au bon moment. Bien sûr, ce résultat est très encourageant, mais chaque régate est différente et rien n’est acquis. La saison ne fait que commencer, et je sais que mes adversaires vont tout faire pour revenir encore plus forts.

 


WJ : Depuis 2022, tu accumules les très bons résultats sur la scène internationale... Comment l'expliques-tu alors que, depuis la Martinique, tu n'as pas le même entraînement que tes adversaires en Europe ?
KM : Même si je ne bénéficie pas des mêmes infrastructures, ni du même encadrement que les coureurs en Europe, j’ai su m’adapter et tirer le meilleur parti de mon environnement. M’entraîner seul demande beaucoup d’autonomie et de rigueur, mais cela m’a appris à être attentif aux moindres détails et à optimiser chaque session sur l’eau. L’avantage de la Martinique, c’est de pouvoir naviguer toute l’année dans des conditions stables, ce qui me permet d’affiner ma technique et de progresser sereinement. Et puis, je ne suis jamais vraiment seul. Au Centre Nautique de Schoelcher, il y a toujours quelqu’un pour m’encourager, me taquiner ou simplement me booster quand il le faut. L’ambiance est cool, et savoir que mon club me soutient, ça donne encore plus envie de se dépasser.

 

WJ : Quelles sont, selon toi, tes forces ?
KM : Ma régularité est sans doute l’un de mes plus grands atouts. J’aborde chaque manche avec lucidité, sans me laisser influencer par les résultats précédents ou la pression. Cette approche me permet de rester constant sur l’ensemble d’une compétition et d’éviter les erreurs qui peuvent coûter cher. Mais ce qui me pousse réellement à avancer, c’est ma détermination. M’entraîner seul m’a appris à être autonome et à toujours chercher des solutions par moi-même. Sans cadre structuré au quotidien, j’ai dû développer ma capacité à analyser mes performances et à identifier ce qui doit être amélioré. Cette remise en question permanente est devenue un moteur qui me permet de progresser et de mieux gérer les situations imprévues en course.

 

WJ : Et tes faiblesses ?
KM : Ne pas m’entraîner au contact direct de mes adversaires est parfois un défi. Sans confrontation régulière, il est plus difficile d’évaluer précisément mon niveau et d’ajuster certains détails avant les grandes compétitions. Il me faut de temps en temps un temps d’adaptation pour retrouver le rythme face aux coureurs qui s’affrontent tout au long de l’année. Cela va de pair avec un autre point à améliorer : l’optimisation de ma préparation hors de l’eau. Sans structure dédiée, il faut être encore plus organisé pour bien planifier l’entraînement physique et technique. C’est un défi, mais aussi une opportunité d’apprendre à être plus structuré et à gérer ma progression de manière autonome.

 

WJ : Quel va être le programme de cette saison 2025 et tes objectifs par la même occasion ?
La saison 2025 s’annonce intense avec plusieurs grandes compétitions au programme, mais aussi une année clé sur le plan scolaire avec la préparation de mon baccalauréat. Trouver le bon équilibre entre sport et études est un vrai défi, mais c’est essentiel pour l’avenir. Côté compétitions, les championnats du monde et d’Europe seront des étapes majeures. Un autre moment fort sera la Semaine Olympique, où j’aurai l’opportunité de me confronter aux meilleurs mondiaux, dont certains sortent des JO 2024. L’objectif ne sera pas la performance, mais d’évaluer le travail à accomplir pour atteindre ce niveau. Le défi cette année sera donc d’optimiser mon organisation pour réussir sur les deux tableaux, en restant rigoureux et concentré sur chaque objectif.

 


WJ : Los Angeles 2028 est encore loin, mais une qualification pour les Jeux Olympiques est-elle le but, et cela te semble-t-il réalisable ?
KM : Les Jeux Olympiques sont un rêve depuis toujours, et me qualifier pour Los Angeles 2028 serait une immense fierté. C’est un objectif qui me motive chaque jour et qui donne du sens à mon engagement. Mais je sais aussi que le chemin est long et exigeant, et qu’il faudra franchir de nombreuses étapes avant d’y arriver. Se qualifier demande une progression constante, une régularité au plus haut niveau et une capacité à performer sous pression. Rien n’est jamais acquis, mais je suis prêt à travailler dur et à me donner toutes les chances d’y parvenir. Si l’opportunité de me battre pour cette qualification se présente, je ferai tout pour la saisir. En attendant, chaque compétition est une occasion précieuse d’apprendre et de grandir. Les rêves ne se réalisent pas tout seuls, ils se construisent avec du temps, du travail et surtout beaucoup de détermination. Un grand merci à toutes les personnes qui me soutiennent de près ou de loin. Votre aide et votre confiance font toute la différence !

 

Source : Kylian Manhaval
Photos : Sailing Energy/iQFOiL Class

tags: Kylian Manhaval iQFOiL International Games Cadix

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