Kai Lenny, l'interview

30/04/2015

Quelques heures avant qu’il ne quitte Leucate et le Mondial du Vent, Windsurfjournal.com a eu la chance et le privilège de prendre un petit déjeuner avec le jeune phénomène hawaiien Kai Lenny. Entre questions essentielles, et d’autres plus superficielles, rencontre avec un vrai passionné de l’océan avant tout…

 

Windsurfjournal.com : Tu viens généralement en France pour des compétitions et en particulier la coupe du monde de SUP surfing à La Torche, pourquoi avoir accepté cette invitation pour le Mondial du Vent dans un cadre plus cool ?
Kai Lenny : Je connais Pascal Maka, le directeur sportif du Mondial du Vent, depuis longtemps, car il vient souvent à Hawaii et ce depuis de nombreuses années. Je n’étais jamais venu à Leucate et il a été très convaincant. J’aime beaucoup la France mais je n’ai jamais vraiment eu le temps de m’y arrêter autrement que pour des compétitions. Je suis donc venu ici juste après un très bon surf trip et c’est vraiment cool, d’être là pour un peu plus qu’une journée, comme la dernière fois pour l’épreuve de SUP sur la Seine à Paris !

 

WJ : Peux-tu nous parler de l’événement auquel tu as participé dernièrement, The Ultimate Waterman (un événement réunissant quelques-uns des meilleurs watermen mondiaux) en Nouvelle-Zélande ?
KL : Il y avait déjà eu ce type d’événement organisé il y a quelques années par Tristan Boxford à Maui. Le concept se ressemblait à la différence qu’en Nouvelle-Zélande, c’était une épreuve invitational avec le gros soutien de Red Bull derrière. Nous sommes allés de spot en spot par tous les moyens de locomotion possibles, en voiture, en avion, en hélicoptère, c’était vraiment top !

 

WJ : Et tu termines second de cette épreuve au final, c’est une déception ?
KL : C’est une vraie déception, terminer 1er c’est mon objectif dans tout ce que je fais. Avec des épreuves de jugement comme nous avons eu en surf, cela reste toujours subjectif, ce n’est pas comme une course où tu pars d’un point A et le 1er au point B a gagné. Mais l’événement était vraiment super, j’étais très content d’être sur place et de voir enfin la Nouvelle-Zélande de mes propres yeux.

 

WJ : Que penses-tu du concept de ce type d’événement dans lequel il y avait du surf, du longboard, de la SUP race, du SUP surfing ou encore de la pirogue ?
KL : Pour moi le concept est bien mais dans la logique waterman, il me semble qu’il manque quand même les sports de vent. Le windsurf ou encore le kitesurf pour moi font partie intégrante de ce que peut-être un athlète qui évolue dans l’océan. Même dans l’histoire la plus ancienne de la culture hawaiienne, la voile avec une pirogue a toujours été présente. L’événement garde toute sa légitimité selon moi mais cela aurait mieux avec du windsurf et du kitesurf. Comme certains autres concurrents ne pratiquaient pas l’un ou l’autre, ce n’était malheureusement pas possible d’inclure ces 2 sports.

 

WJ : Rarement utilisé il y a quelques années, le terme « waterman » est désormais sur toutes les lèvres… N’est-il pas galvaudé et que signifie-t-il pour toi ?
KL : Je pense qu’aujourd’hui, se prétendre waterman, ce n’est pas vraiment cool, mais en revanche lorsque que quelqu’un parle d’un gars et dit de lui que c’est un waterman, cela me semble déjà plus légitime… A Hawaii, être reconnu comme un waterman, c’est un véritable accomplissement. Le 2ème point aussi, être un waterman, c’est pratiquer tous les sports d’océan au plus haut niveau, c’est être capable de l’emporter ou de bien se classer en compétition dans toutes les disciplines. Un dernier point enfin à mes yeux, c’est être capable de s’adapter à tous les cas de figure que nous offre l’océan, surfer de grosses vagues mais aussi de toutes petites ou plus simplement savoir se nourrir avec ce que nous offre la nature…

 

WJ : Nous te proposons désormais un petit exercice de réflexion en te décrivant un sport que tu dois décrire en 1 voire 2 mots au maximum… Kitesurf ?
KL : Sur ce coup-là j’en vois vraiment 2 : big air (ndlr : gros jump) ! C’est tout de suite ce qui me vient à l’esprit car quand je fais du kite, c’est ce dont j’ai envie, partir à fond et monter haut !

 

WJ : Surf ?
KL : The core (ndlr : le noyau). La raison est simple, tous les watersports tirent leur développement du surf, c’est ce qui a été au début de tous les sports que nous connaissons aujourd’hui…

 

WJ : Windsurf ?
KL : Du motocross sur l’eau ! En windsurf, on peut toujours aller plus loin, plus vite, plus haut. C’est un sport dans lequel on a de la puissance en permanence et je pense que les gens n’imaginent même pas toute l’énergie qu’il y a lorsque l’on est au harnais ! J’adore ce sport car je sais que je peux toujours faire mieux et envoyer toujours plus.

 

WJ : SUP racing ?
KL : Pour ce qui est de la pratique du SUP en général, je la compare au vélo et donc sa partie race plutôt au vélo de route. Certaines épreuves pourraient d’ailleurs être comparées au Tour de France ! C’est vraiment une discipline qui demande des capacités physiques et mentales particulières, l’équipement a aussi une part très importante. Il faut également être physiquement fait pour ce sport, un gars trop costaud aura du mal quand un gabarit plus fin et plus tonique y arrivera mieux.

 

WJ : SUP surfing ?
KL : BMX ! En BMX, on peut faire des tricks, prendre des courbes plus cool ou plus acérées ou encore être sur une rampe. C’est un peu pareil en SUP surfing, on peut s’amuser dans de petites vagues comme surfer un swell énorme. On peut aussi faire de gros airs, comme en BMX !

 

WJ : Foil ?
KL : Voler ! Quels que soient les supports, le foil permet de se prendre pour un oiseau et d’évoluer au-dessus de l’eau. Cela me fait penser aussi à l’America’s Cup, j’ai eu la chance de monter sur un bateau et outre les sensations, c’est aussi toute la précision que cette discipline demande que je trouve intéressante.

 

WJ : Tu as une vie très remplie et très riche mais as-tu un rêve encore inassouvi ?
KL : Je vis au quotidien mon rêve personnel ! J’ai remporté déjà 6 titres mondiaux en SUP, je voyage sur quelques-uns des plus beaux spots du monde, j’ai les meilleurs sponsors possibles. Je ne crois pas qu’il y ait sur terre une seule personne qui ait une vie aussi super que la mienne. Je vis dans mon rêve aujourd’hui, complètement !!! Bien sûr, avec les années, je me fixe des objectifs, je veux faire des choses différentes mais mon rêve de gamin, celui qui m’a poussé à écrire un jour à Robby Naish pour qu’il me sponsorise, est lui resté le même. Tout ce dont je peux encore rêver, c’est de continuer cette vie de rêve encore longtemps !

 

WJ : Un petit casse-tête pour terminer, on imagine que tu es sur une île déserte… Tout autour de toi il y a tous les meilleurs spots possibles pour le surf, le windsurf, le kitesurf mais tu n’as droit qu’à un seul sport ?
KL : Bien évidemment j’aime tous les sports que je pratique mais le SUP me semble être au final le plus adapté à cette situation très particulière… Ça reste la pratique la plus dynamique dans toutes les conditions météo, on peut faire du downwind s’il y a du vent, on peut surfer de petites vagues, de grosses vagues, on peut se balader dans un lagon s’il n’y a pas de vent et on peut même pêcher pour se nourrir !!! Si je vois une autre île plus loin où il y a peut-être du monde qui vit, je pourrai même y aller, avec ou sans vent ! Mais me connaissant, aimant trop avoir une voile dans les mains, je lèverai les yeux en l’air et je ferai en sorte de me fabriquer une aile ou une voile avec des feuilles de cocotier ou de palmier !!!

 

Pour en savoir plus sur Kai Lenny : www.positivelykai.com

 

Source : Kai Lenny
Photos : Mondial du Vent - Naish France

tags: interview Kai Lenny Mondial du Vent

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