Justin Denel, l\'interview

Du haut de ses 17 ans, le waverider nordiste Justin Denel a eu la chance de faire il y a quelques semaines son premier voyage initiatique sur l’île de Maui à Hawaii. Entre photoshooting pour son sponsor, 1^ère session à Hookipa et découverte des beautés de l’île, il revient avec Windsurfjournal.com sur son 1^er voyage à La Mecque, le 1^er sans doute d’une longue série à venir…

Windsurfjournal.com : Comment s'est organisé ce voyage à Maui, quel était le prétexte ?
Justin Denel : Comme je l'avais annoncé dernièrement, j’allais à Maui pour réaliser mon premier photoshooting RRD ! J'avais donc prévu d'y aller seul à l'origine pour rejoindre John Skye déjà sur place avec sa famille. Seulement il y avait un problème, je n'ai pas le permis, et encore moins les 21 ans requis pour louer une voiture. Il me fallait aussi trouver un logement et donc quelqu'un qui aurait pu me driver sur les spots, ce qui s’est très vite avéré assez compliqué sachant que je ne connaissais pas grand monde là-bas et que de toute façon chacun était aussi occupé avec les photos pour les marques et que mon frère Jules arrivait lui plus tard. J'ai donc fait mon premier séjour à Maui avec ma mère, qui rêvait depuis toujours d'aller à Hawaii et de ce fait, j’ai pu en profiter à fond en navigation, photoshooting et découverte d’endroits magiques sur l’île ! J’ai aussi pu faire beaucoup d’images vidéo et de photos pour immortaliser ce super séjour !

WJ : Quelles sont les premières impressions en posant le pied en Terre Sainte ?
JD : Il fait chaud, très chaud ! Surtout que dans le nord de la France le froid n'a pas l'air décidé cette année à s'en aller de sitôt. Et puis tout est différent, la forme et la couleur des taxis, des voitures, des bus…Mais, ce qui est surtout marquant c’est le côté "ALOHA spirit" que j’ai vraiment ressenti avec la "serviabilité" des américains. En revanche, je n'aime pas trop le concept de Terre Sainte, car c'est vrai que Maui est un endroit exceptionnel au vu des conditions exceptionnelles et régulières que l’île propose, mais il y a bien d'autres endroits sur Terre à découvrir aussi, avec leurs avantages et leurs inconvénients. Ce fût pour moi un excellent voyage avec surtout de nouvelles expériences incroyables vécues pendant le photoshooting RRD, mais tout aussi marquant que mon voyage au Pérou en 2011 qui fut aussi incroyable pour d’autres raisons !

WJ : A quoi t'attendais-tu, as-tu été déçu par certains points, agréablement surpris par d'autres ?
JD : Ce qu'il faut savoir, c'est qu’Hawaii c’est les States ! Donc ce n'est pas "roots" comme trip, mais  plutôt grosses bagnoles et compagnie… Mais je dirais que sur Maui c'est un peu les USA sans les inconvénients. En effet les gens ont une mentalité très écolo, d'ailleurs dans les magasins tout ou presque est "organic", très protectrice de leur qualité de vie autour du surf…C’est assez marquant et assez agréable, c'est une culture vraiment différente, qui entraîne des attitudes respectueuses et cools sur la route, au supermarché, sur le spot et ça a été assez sympa de le vivre quelques semaines. Ce qui est cool aussi c'est que, comme partout aux USA, dans les bars et les restos les serveurs sont très accueillants et ça c'est un bon point, ils se rappellent encore que c'est toi le client, même si tu es jeune, contrairement à la France, et ils sont vraiment prêts à te rendre service. J'ai donc été de manière générale plutôt agréablement surpris. 

WJ : La première session à Hookipa est souvent décrite comme un moment particulier, peux-tu nous en parler de ton côté ?
JD : Ma première session à Hookipa a eu lieu le lendemain de mon arrivée. J’étais tellement pressé que je suis arrivé vers 9h le matin sur le spot, il n'y avait pas trop de vagues et personne à l'eau, même pas en surf. J'ai demandé aux locaux sur place comment ça se passait, et ils m'ont dit que normalement je ne suis pas sensé y aller avant 11h, mais que ce jour-là comme il n’y avait personne à l'eau, je pouvais donc y aller quand même. Mais bon, je ne connaissais pas le spot et donc j’ai attendu 11h mais j’ai quand même été le premier à aller sur l’eau… Les conditions n'étaient pas terribles, side-on et pas trop de vagues mais j'étais content de naviguer sur ce spot mythique après ce long voyage, d’autant plus que je n'avais pas navigué depuis un moment en France ! Au tout début, j'étais un peu perdu mais j'ai vite été rejoint par 60 000 personnes et j'ai pu observer où il fallait surfer la vague. Malgré les conditions moyennes, c'était une session sympa dont je me souviendrais.

WJ : Tu étais présent au même moment que les photoshootings, peux-tu nous parler de l'effervescence particulière pour ces évènements propres aux marques ?
JD : Dès le premier jour, j'ai pu remarquer que Maui en avril, c'est le St Tropez du windsurf. Tous les 10 mètres, tu dis "ah tiens salut Philip", "Salut Victor", "Salut Antoine", "Salut Wesh"… Tout le gratin du windsurf est là !!! Ça donne une ambiance particulière, vachement cool parce que, contrairement aux épreuves PWA où il y a la pression et la compétition, tout le monde se retrouve et navigue ensemble pour le plaisir et pour profiter ! En plus, quand tu vois des mecs comme Kauli Seadi, Victor Fernandez ou d’autres naviguer à Hookipa, c'est vachement impressionnant et tu apprends aussi beaucoup ! Pour ce qui est de ma première expérience en photoshoot pour RRD, ça s'est vraiment bien passé avec John Skye qui a tout organisé et on a eu des supers conditions. Je retiendrais particulièrement le jour exceptionnel du shooting avec l'hélico qui, à partir de midi faisait des rondes d’1h sur le spot pour à chaque fois des marques différentes. En arrivant le matin sur le spot, je ne savais pas si je pourrais faire quoi que ce soit car je m’étais coupé sérieusement en dessous du bras la veille avec mes ailerons à Kanaha… C’était tendu pour savoir si ça ne me ferait pas mal, si les stérilstrips tiendraient et si j’arriverais à mettre un pansement vraiment waterproof car l’objectif principal était que ça ne s’infecte pas ! Je pense que les personnes qui avait vu ma photo la veille sur Facebook ne s’attendaient à ce que j’y aille mais il y a des jours comme ça où tu sais que ce que tu vas vivre ce sera exceptionnel et unique et tu te poses le moins de questions possibles. Il y avait des conditions vraiment hardcore avec plus d’un mât de vague et un vent très fort, j'ai d'ailleurs fait mon baptême des rocks ce jour- là. C'était un peu le loto pour passer la barre mais je me suis vraiment amusé. C'est incroyable d'avoir l'hélico juste au-dessus de toi quand vas taper la lèvre ! J’ai pu voir quelques photos prise ce jour-là et l’angle des photos d’hélico est incroyable !‼ J’ai bien fait d’y aller d’autant que je me suis vachement fait plaisir !

WJ : Quels enseignements tires-tu de ce 1^er séjour initiatique, referais-tu les choses de la même manière ?
JD : Je pense que j’ai profité un maximum de ce séjour ! J’ai d’abord eu un peu de chance car les conditions étaient bien présentes dès mon arrivée alors que ça faisait quelques semaines qu’il n’y avait rien de spécial sur l’île et c’est top car ça reste une destination coûteuse et qu’on y va avant tout pour naviguer et progresser en tribord pour ce qui me concerne ! Les photos prises pendant le photoshoot, que j’ai vu, sont tops et John Skye et le staff RRD semblaient très satisfaits donc ça c’est plutôt bien pour moi ! Jaws a fonctionné pendant mon séjour et j’ai pu aller prendre la température, à terre cette année ! C’était un spectacle exceptionnel que tu n’as pas toujours l’occasion de voir lorsque tu te rends à Maui ! Et puis j’ai pu aussi aller visiter un peu l’île et notamment faire le tour côté ouest, aller plonger avec le staff français aux cascades de Twinfalls et aller voir le lever de soleil au volcan Haleakala, me mettre à l’eau avec un masque un jour de surf et voir d’en-dessous les surfers sur les vagues aux côtés des tortues, des moments exceptionnels où tu te rends compte des richesses de cette île de Maui sur laquelle rien n’est hostile ! Et puis tu vois des choses incroyables à Maui comme une colonie de baleines qui passe à Hookipa quand tu fais du SUP ! Donc je ne changerai pas grand-chose sauf que j’essaierai de ne pas perdre mon top Soöruz en l’oubliant sur le toit de la voiture le 4^ème jour, ce qui m’aurait sûrement éviter de me couper de manière sérieuse avec mes ailerons et ensuite de devoir naviguer avec l’intégrale à Hookipa !‼

Pour en savoir plus sur Justin Denel : www.justindenel.fr

Photos : Annabel Paternoga/Lion Production - Théo Reynal