Si le Défi Wind n’a pas été gâté par Eole cette année, les stagiaires du traditionnel clinic organisé en amont par Nicolas Warembourg ont eux avalé les kilomètres sur le plan d’eau de Gruissan ! Parmi eux, Jean-Luc Germay, 70 ans, un passionné et un habitué de l’événement comme de ces stages. Windsurfjournal.com est parti à la rencontre de ce véritable personnage, la preuve que l’on peut continuer à progresser à tout âge !
Windsurfjournal.com : Pour celles et ceux qui ne te connaissent pas, pourrais-tu tout d'abord te présenter et nous dire comment tu as découvert le windsurf ?
Jean-Luc Germay : Je suis né en Belgique (Liège) où j’ai vécu pendant 35 ans, je vis en Bretagne depuis 1989, d’abord à Vannes dans le Morbihan jusqu’en 2005 et depuis, à La Forêt-Fouesnant dans le Finistère. Mes premières sensations windsurf remontent à 1982 et l’achat d’une Hifly 444 ! Bien qu’issu du milieu footballistique (j’ai été semi-pro de 1972 à 1985), j’ai découvert le windsurf lors d’un séjour dans le sud de la France. Depuis, je n’ai cessé de pratiquer ce sport, seule activité sportive qui me permettait de m’évader à 100%. Malgré un travail très prenant, j’essayais toujours de me libérer quand les conditions météos étaient favorables. Mais c’était difficile. Fin 2015, j’ai la chance de céder mon entreprise. Dès lors, j’ai décidé de me faire plaisir et naviguer dès que possible.
WJ : Tu as participé à quasiment tous les clinics organisés par Nicolas Warembourg, qu'attends-tu de ce type d'événement à chaque fois ?
JLG : Ma disponibilité m’a permis d’essayer de progresser, mais je me suis vite rendu compte que malgré les nombreuses années de navigation que j’avais au compteur, le matériel ayant évolué, j’étais incapable de bien utiliser mon matos ! Trop de questions sans réponse ou plutôt trop de questions avec des tas de réponses… car en windsurf, tout le monde sur la plage à son avis ! J’avais repéré les conseils de Nicolas Warembourg dans la presse spécialisée. C’est donc en curieux que je me suis inscrit en janvier 2017 pour ma première clinic à El Medano. Lors de cette première clinic, Nico nous avait demandé nos motivations. Ma réponse avait été précise : "Apprends-moi à comprendre, à régler mon matos sinon j’abandonne le windsurf !". La plupart des autres participants semblaient être assez d’accord avec moi. Nico savait ce qu’il faisait et après une belle semaine bien ventée, en alternant les navigations, les analyses vidéos, les explications techniques, j’ai commencé à avoir des réponses pertinentes et je n’ai pas hésité à revenir. Chaque clinic a ses spécificités (spots, slalom, vagues, freeride, …) mais chacune d’elle te permet d’aller chercher des détails qui font la différence. Je suis loin d’être un champion, mais, malgré mes 70 ans, je continue de progresser ! En connaissant et en réglant mieux mon matos, en m’entraînant tous les jours pour être prêt quand il y a de l’air… Nico a cette capacité à se mettre au niveau de son stagiaire. Ses conseils sont toujours appropriés et la progression est garantie. Tout ça dans un esprit sportif, convivial, respectueux.
WJ : Comment s'est déroulé ce clinic édition 2025 à Gruissan, quelle était l'ambiance et quels enseignements en tires-tu ?
JLG : On a eu de la chance. On a eu une belle Tramontane pratiquement les 5 jours ! Une belle équipe de guerriers et guerrières prête à ne rien lâcher. Comme toujours, Nico nous a concocté des navigations, des séances techniques abouties, de la convivialité. Tout ça dans un esprit Défi Wind. Pour ma part, j’ai mesuré mes progrès en longue distance… L’endurance est à privilégier à Gruissan. Et, comme toujours, bien connaitre son matos… Merci Nico !
WJ : Mais malheureusement, pas de Défi Wind cette année, faute de vent… La frustration n'est-elle pas trop grande ?
JLG : Comme l’année dernière, nous n’avons pas eu de vent pour ce Défi Wind 2025. Nous avons tous une certaine frustration. Mais cela fait partie de notre sport. Nous sommes dépendants des conditions météorologiques. Je pense que c’est aussi pour cette raison que nous aimons ce sport… il n’est jamais garanti donc quand les conditions sont là, on en profite dix fois plus !
WJ : Quel a été le déclencheur pour que tu en sois aujourd'hui à 27 clinics suivis depuis 2017 ? Et as-tu le sentiment d'apprendre à chaque fois quelque chose de nouveau ?
JLG : J’ai pris conscience que d'avoir la chance d’être en bonne santé à sa retraite, il fallait en profiter. Grâce aux clinics de Nico, j’ai pu m’améliorer en windsurf dans divers supports, freeride, vagues, slalom et un peu vitesse. Mais aussi, j’ai pu découvrir des spots qui m’avaient toujours fait rêver. Voir Hawaii et ses spots légendaires (Hookipa, Spreckelsville, Kanaha Beach), Bonaire, El Medano, Dakhla, Hurghada, Miiyakojima (Défi Wind Japon 2020), Gruissan, L’Almanarre, l’ile Maurice (à venir en septembre 2025). Et toujours la passion et la convivialité.
WJ : Quel regard portes-tu sur le windsurf en général et la manière dont a "vieilli" ce sport au fil des décennies ?
JLG : Comme dans beaucoup de sports, le windsurf a souffert de l’élitisme. Cela a écarté un bon nombre de pratiquants. Les purs et durs sont toujours là, mais vieillissants. Une certaine relève est en place. A nous de les aider à performer pour que ce support continue d’exister. La pratique du windsurf demande beaucoup d’engagement, de volonté. Il faut des années pour vraiment s’amuser en windsurf. Mais quand on connait cette sensation de glisse, on n’a pas envie de goûter à autre chose. Quand on voit le bonheur qui se dégage d’une semaine de clinic avec Nico, on en redemande.
WJ : Que dirais-tu à d'autres personnes pour les convaincre de se mettre au windsurf ?
JLG : Que le windsurf est le seul sport qui t'oblige à être concentré à 100% donc, impossible de penser à autre(s) chose(s). Et ça, c’est assez unique. Que le windsurf est une activité exigeante qui te demandera de te dépasser sans oublier les règles de sécurité. Que le windsurf est un sport de glisse avec des sensations uniques à découvrir absolument.
PS : Mon numéro de voile est BB56 "Belge Breton Morbihan". Je ne remercierais jamais assez mon ami "fendard" qui m’avait collé dans ma voile pour le fun ce numéro, début des années 90 sur la Presqu’île de Rhuys dans le Morbihan !
Source : Jean-Luc Germay
Photos : Nicolas Warembourg