Charline Picon, l’interview !

30/08/2016

En remportant la médaille d’or en RS:X le 14 août lors des Jeux Olympiques de Rio 2016, c’est tout un pays et une communauté de passionnés qu’a fait chavirer Charline Picon, 12 ans après Faustine Merret… De retour du Brésil et enfin au calme, elle revient avec Windsurfjournal.com sur cette expérience unique dans sa carrière !

 

Windsurfjournal.com : La compétition a été particulièrement relevée chez les femmes à Rio, comment résumerais-tu cette semaine olympique et ce scénario inédit avant d’entamer la medal race ?
Charline Picon : La semaine clairement a été compliquée, je ne vais pas cacher que ça ne se passait pas vraiment comme nous l’avions prévu. Techniquement, j’avais les armes, la connaissance du plan d’eau, etc, pour avoir des points d’avance avant la medal race et au final, nous avons eu des conditions très différentes de ce que nous avions l’habitude d’avoir, il a donc fallu s’adapter. En terme de tactique, j’ai voulu être assez conservatrice sur certaines manches alors que l’italienne Flavia Tartaglini avait vraiment beaucoup de réussite. Ce n’est pas de la chance, on entend souvent les gens parler de chance, c’est plus un truc où tu es dans les prises de décision et ça passe plus ou moins bien. L’exemple type, c’est cette manche où elle fait une faute au départ et part dernière de chez dernière, toute la flotte va à gauche, elle décide du coup d’aller à droite pour essayer quelque chose et elle passe en tête loin devant à la 1ère bouée ! Là tu te dis : "Mais ce n’est pas possible ! Elle a trop de réussite." Alors de mon côté, je me suis battue en me disant que ça allait tourner. Sur cette journée-là notamment sur une autre manche, je passe en tête à la 1ère bouée, je me sens prête à faire une bonne manche, je pars sur le bord de vent arrière, je n’ai pas beaucoup de vent et là 2 risées arrivent sur les 2 côtés et je me fais doubler par 15 filles d’un coup ! Voilà pourquoi ça a été dur et compliqué car, à part le 1er jour où je suis bien rentrée dans la compétition avec des manches au planing, le reste du temps nous avons été dans des conditions sur la dérive où je n’avais pas mon petit plus de vitesse habituelle. J’étais dans la masse et il a fallu se battre fort jusqu’au bout !

 

WJ : Ta médaille d’or, la médaille de bronze de Pierre Le Coq, que t'inspire ce beau doublé en winsurf ?
CP : C’était vraiment génial car avec Pierre on se suit depuis 4 ans maintenant… On a un bon feeling entre nous et on s’est encouragés tout le temps. Tous les matins, nous avions toujours un regard ou un petit mot pour l’autre. Après pendant la semaine, c’était plus compliqué, je marchais au début, lui un peu moins bien, ensuite ça a été l’inverse. Nous avons fait chacun notre truc et puis il y a cette medal race qui arrive et avec chacun un gros truc à faire… Lui fait du coup sa médaille que je suis depuis la plage et après c’est à moi de jouer. Pour lui c’est fait et forcément ça me met un petit coup de pression parce que je me dis qu’il ne peut pas le faire tout seul, il fallait que j’aille chercher un truc pour être tous les 2 heureux le soir-même. Nos 2 familles se sont en plus super bien entendues avec des moments forts partagés. Cela m’a mis de la pression mais au final c’est ce qu’il m’a fallu pour aller chercher la médaille. Ça aurait été tellement difficile si 1 de nous 2 avait réussi seulement, là c’était juste parfait !

 

WJ : La médaille d’or à peine remportée, peux-tu nous parler de ce tourbillon médiatique qui s’est déroulé à Rio jusqu’à la parade nautique qui avait lieu samedi dernier à la Rochelle ?
PC : Sur place au Brésil, au moment où tu poses le pied à terre sur la plage un peu avant 17h, et jusqu’à 23h le soir, je n’ai tout simplement rien pu faire. Tu es embarquée dans la tournée des médias, j’ai eu à peine 1 minute ou 2 pour ma famille et donc jusqu’au soir ça a été le feu. Le lendemain ça enchaîne, de nouvelles demandes d’interview mais je suis allée aussi encourager les autres membres de l’Equipe de France de Voile. Et puis il y a aussi les messages reçues, arriver déjà à les lire tous, c’était difficile tellement il en avait, et en essayant d’y répondre aussi un peu. Ensuite, c’est le retour en France et là rebelote à Paris avec 2 journées où l’on ne touche pas terre ! Nous n’avions même pas le temps d’une petite sieste pour se remettre du décalage horaire, du coup, on est en manque de sommeil, fatigués. On profite alors de très courts moments de repos. A La Rochelle enfin, beaucoup de monde m’attendait également à la gare, c’était un super moment et j’ai finalement quand même pris 2 jours pour me reposer sur l’île de Ré avec la famille en oubliant l’ordinateur et le téléphone. Mais je ne vais pas me plaindre, ce sont des moments géniaux que l’on ne vit que rarement dans une vie !!! En plus, ça fait parler de la planche et je vais jouer le jeu à fond pour que ça en fasse parler encore plus ! C’est quelque chose que j’aime aussi, parler du sport que j’aime, de la voile, je crois que l’on ne se rend pas bien compte mais c’est super pour la pratique en général !

 

Pour en savoir plus sur Charline Picon : www.charlinepicon.com

 

Source : Charline Picon
Photos : Sailing Energy/World Sailing

tags: Charline Picon Jeux Olympiques Rio 2016

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