Antoine Albeau, l\'interview

12/10/2012

En remportant dimanche dernier la PWA Sylt World Cup 2012 et par la même occasion un nouveau titre mondial en slalom, le français Antoine Albeau entre dans l’histoire en empochant un 20^ème titre mondial l’année de ses 20 ans de sa carrière. Pour Windsurfjournal.com, FRA-192 revient sur ses doutes et ses espoirs cette saison ainsi que sur cette épreuve digne d’une tragédie grecque !

Windsurfjournal.com : Nous avions fait un "Œil de" à chaud sitôt ton titre remporté, un 20^ème titre mondial, comment est-ce que cela se vit quelques jours plus tard ?
Antoine Albeau : Ça se vit bien !!! C’est vrai qu’en rentrant en France, j’ai plus pris conscience de ce titre et de son importance… Là-bas à Sylt, j’étais en tête toute la semaine et tout dépendait de ce que l’on allait faire le dernier jour même si j’avais un bon avantage. C’est énorme et sitôt rentré j’ai enchaîné les médias parisiens une bonne partie de la semaine écoulée !

WJ : Il y a un fait marquant durant cette épreuve, et c’est difficile de ne pas parler de chance, avec cette erreur de Chris Pressler dans ton heat du 1^er tour, une erreur qui te permet de te qualifier in extremis…
A2 : Lors du tout premier parcours, il fallait passer la ligne d’arrivée comme il l’a fait mais il n’a pas vu le pavillon L que le comité de course a hissé juste avant le départ annonçant un changement de parcours. Que dire, c’est lui qui n’a pas écouté ! J’ai parlé avec lui par la suite, il était sûr de bien passer la ligne et il pensait vraiment que les 2 gars devant lui s’étaient trompés. Ça fait partie des faits de course comme il y en a beaucoup d’autres dans une saison. De mon côté, j’ai essayé de faire ma course, de bien finir après ma chute, j’ai eu mon coup de chance de l’année et je l’ai saisi ! A l’inverse, en Costa Brava lorsque je suis en tête de ma demi-finale et que je tombe au jibe, c’est tout sauf de la chance.

WJ : On connaît la symbolique des chiffres par rapport à ce titre, 40 ans cette année, 20 ans de carrière, un 20^ème titre en 2012 c’était vraiment important pour toi ce titre cette année précisément ?
A2 : Oui et non car sincèrement, vue comment la saison était partie, je ne pensais vraiment pas l’avoir avant l’épreuve en Turquie. Arrivé à Sylt, chacun de nous 2 voulait l’emporter et je pense que Björn Dunkerbeck avait la pression. Il ne passe pas son premier quart et il a eu chaud aussi en demi-finale du slalom n°2 alors que j’ai quand même pas mal dominé la semaine. Mais dans ma tête, rien n’était fait, je n’y crois jamais avant l’heure, c’est mon caractère qui veut ça. Même le dernier jour, en supposant que l’on courre 2 manches de slalom encore, Björn Dunkerbeck pouvait remporter le titre en gagnant les 2 manches. Autour de moi, tout le monde me disait que c’était bon mais je ne voulais pas y croire tant que ce n’était pas fini.

WJ : Comment as-tu fêté ce 20^ème titre depuis ton retour en France ?
A2 : Je n’ai pas encore eu le temps de le fêter ! Nous allons faire un pot au magasin Neway La Rochelle fin octobre et puis il y a cette soirée prévue le 9 décembre à Paris qui se prépare avec pas mal de gens qui se bougent comme Alain Moutauzou de Ford Auto-Vital, Freddy Vallat et mes partenaires qui devraient se joindre à la fête.

WJ : 20 ans de carrière, 20 titres mondiaux, c’est une manière de boucler quelque chose, de tourner une nouvelle page ?
A2 : Non, tu boucles quelque chose si tu as envie d’arrêter après ça mais ce n’est pas mon cas, j’ai envie de continuer. Ce 20^ème titre, c’est certain que c’était intéressant de l’avoir, il m’aurait sans doute manqué quelque chose mais on ne peut pas forcer les choses, si on n’y arrive pas une année, il faut essayer l’année suivante. Ça aurait été intéressant de poser la même question à Björn Dunkerbeck s’il avait gagné cette année, il y avait des bruits à Sylt concernant sa fin de carrière…

WJ : Tu es membre et capitaine de la toute jeune Equipe de France de Funboard qui clôture cette saison en beauté avec le titre de Valérie Arrighetti-Ghibaudo ainsi que le tien. Quel a été l’apport de ce collectif pour toi cette saison ?
A2 : Ce groupe débutait et se découvrait tout juste cette année et en ce qui me concerne, je n’ai pas réussi à faire tous les entrainements car je n’étais pas disponible tout le temps mais j’ai pu en faire quelques-uns tout de même. Ce qui est important pour moi au départ, c’est une reconnaissance de notre discipline au sein de la Fédération Française de Voile. Ensuite avec Yan Bouverne, nous avons pu vraiment bien bosser en Costa Brava, avant l’épreuve PWA et pendant toute la semaine de course ensuite. Avec Eric Bellande, ils ont pu filmer pas mal de départs et ça c’était vraiment super bien ! Si dans le futur nous avons la possibilité de faire ça plus souvent, ça peut vraiment être top. Je pense que cette équipe va évoluer pour l’année prochaine, je trouve que l’intérêt c’est de la faire bouger chaque année, ce n’est pas comme la RS:X où il y a une échéance tous les 4 ans. Il faut que ce soit un moteur pour que les jeunes puissent se motiver afin de rentrer dedans !

Photos : PWA/John Carter - HOCH ZWEI/Sebastian Schöffel