Alain Gabet, l\'interview

29/06/2012

Infatigable aventurier, Alain Gabet est, à 65 ans, toujours avide de s’offrir de nouveaux challenges et de partir à la découverte d’horizons lointains. C’est cette fois en Alaska que sa passion pour le windsurf l’a conduit avec comme objectif de traverser prochainement le fameux détroit de Bering entre les Etats-Unis et la Russie, soit une belle balade de santé de 4 à 8 heures sur un lieu hautement symbolique qui sépare 2 continents. Pour Windsurfjournal.com, et à quelques jours du grand départ, il revient sur ses motivations et son nouveau coéquipier d’aventure Michel Ouallet.

Windsurfjournal.com : Tu as réalisé par le passé de nombreuses traversés dans "les parages" de l'Europe, qu'est-ce qui t'a poussé cette fois à aller plus loin et surtout aussi loin ?
Alain Gabet : C’est d’abord une image de Fred Beauchêne qui a navigué à côté des icebergs, qui m’est restée dans la tête, on est dans un autre monde et le rêve et l’imagination font le reste. Ensuite c’est un gros challenge. Le détroit de Béring est mythique car il représente une région où rien n’est facile, la dureté du climat sur le cercle polaire, les courants importants qui remontent les glaces au printemps, la tension entre les 2 continents et les difficultés pour avoir les autorisations… Enfin l’idée de rencontrer les Inuits est un élément très fort, des gens qui à l’heure d’Internet vivent au rythme de la nature. C’est une découverte pour moi que je veux faire partager à mon retour avec des classes d’enfants. C’est un peu tout ça qui me pousse si loin.

WJ : La traversée du détroit de Bering rappelle inévitablement à cette même traversée réalisée en 1979 par Arnaud de Rosnay... C'est quelqu'un d'important pour toi, c'est aussi peut être une manière de lui rendre hommage ?
AG : Arnaud de Rosnay est pour moi le symbole de l’aventure en planche et c’est un hommage qu’on lui rendra 33 ans après.

WJ : Autre nouveauté cette fois, tu ne partiras pas seul mais en compagnie d'un autre windsurfer, Michel Ouallet, pourquoi avoir choisi un partenaire de navigation ?
AG : Je pars en effet avec un jeune local, Michel Ouallet que j’ai connu sur Port-la-Nouvelle lors de balades en mer et de challenges en planche à voile que j’organisais pour le Téléthon. J’essaie de le former… Il me fallait un partenaire pour partager cette aventure, j’ai décelé en Michel le petit grain de folie, qu’il cultive bien, c’est un ingrédient nécessaire pour dépasser nos limites. Il est parti à fond, on s’entend et on se complète super bien.

WJ : Au-delà de l'aventure sportive finalement assez courte, 4 à 8 heures selon la météo, il y a aussi cette dimension humaine et la rencontre avec les Inuits, c'est aussi important que la traversée pour toi ?
AG : La traversée reste la plus importante mais ce genre de rencontre donne une autre dimension au projet, la découverte des gens, des coutumes est très importante.

WJ : Comment un tel projet se prépare-t-il d'un point de vue financier et logistique ?
AG : Il faut s’y prendre à l’avance, 2 ans pour moi cette fois-ci. Ça comprend l’étude du projet, le chiffrage, la recherche des partenaires, l’administratif, les essais, les entraînements… C’est un beau programme !

WJ : Vous voilà arrivés en Alaska, comment se sentait-on à quelques jours du grand départ lundi dernier de Paris ?
AG : Nous tournions à 10 000 tours, la pression était très forte, les derniers préparatifs, les visas, la communication, finaliser les sacs de matériel, préparer l’arrivée… Bref de quoi s’amuser ! Désormais on y est !!!

Photos : Julian Schlosser/TAKAproduction