3 questions à Cédric Leroy

01/09/2016

Coach depuis de nombreuses de Charline Picon, Cédric Leroy est incontestablement l’un des grands artisans de cette médaille d’or remportée par la française lors des Jeux Olympiques de Rio 2016. Pour Windsurfjournal.com, il revient sur cette belle aventure humaine et sportive et nous offre son éclairage sur cette compétition unique…

 

Windsurfjournal.com : Comment résumerais-tu cette olympiade en quelques mots et de ton côté coulisses ?
Cédric Leroy : Du travail, de la rigueur et du travail encore sur tous les déterminants de l’affaire afin d’être performant dans tous les conditions que ce soit en cap ou en vitesse, sans oublier également un gros boulot sur le mental, voilà ce à quoi je pense tout de suite… On navigue sur des planches olympiques qui sont globalement monotypes, même si on bosse énormément sur le matériel pour gagner 2 mètres de plus que l’autre à la bouée au vent et que tout le monde va vite à ce niveau, du coup, il faut faire en sorte d’être très fort au niveau stratégique comme au niveau mental.

 

WJ : Comment s’est déroulé le changement d’esprit après la journée de Charline Picon le vendredi et avant d’attaquer la medal race prévue 2 jours plus tard ?
CL : Son départ prématuré le vendredi l’a pénalisée, elle fait une plutôt bonne journée malgré tout avec une manche de 2ème (avant le départ prématuré), une de 3ème et une dernière plus compliquée où elle voulait contrôler ses adversaires… C’est une journée qui aurait pu lui permettre d’être bien en avance avant la medal race et du coup, ça a été l’inverse ! Le plus compliqué à gérer c’est jour-là, c’est lorsqu’elle arrive après la 1ère manche où elle finit 2ème et il faut lui annoncer qu’elle est départ prématuré. Il y a 2 manches derrière et elle doit absolument se ressaisir le plus rapidement possible pour faire une belle 2ème et 3ème manche. Il y a 10 à 15 minutes à ce moment-là et c’est clairement le moment compliqué de la régate. Après, finalement, 2ème, 3ème ou 4ème, cela ne changeait plus grand-chose car les Jeux, c’est une course à la non-disqualification et le but est d’être toujours en capacité de pouvoir faire une médaille. Malgré 2 ou 3 petites erreurs et ce départ prématuré, Charline était malgré tout en capacité de faire une médaille d’or. La seule chose à ne pas faire, c’était ressasser le passé et de compter les points. Il fallait se mettre dans la medal race et se préparer pour cette échéance comme elle l’a très bien fait. Nous avions beaucoup étudié ses adversaires et nous savions que l’italienne Flavia Tartaglini allait craquer car elle n’a jamais fait une medal race devant. Il y avait 90% de chance que ce soit la même chose pour l’israélienne Maayan Davidovich. Il fallait voir avec la russe Stefaniya Elfutina, l’espagnole Marina Alabau, la championne olympique en titre, et la chinoise Peina Chen. Alabau n’ayant pas fait une bonne medal race et Elfutina étant pénalisée dès le début, tout s’est joué entre la chinoise et Charline.

 

WJ : Comment as-tu vécu cette medal race dans ton position de coach ?
CL : Pendant les Jeux, nous sommes dans ce que l’on appelle une box, un rectangle avec 4 bouées, une zone où nous n’avons pas le droit de sortir, le tout placé 200 mètres sous la ligne de départ. A partir du moment où il y a la moindre procédure, nous n’avons plus le droit de bouger de là. Donc c’est un peu frustrant, on ne peut pas faire notre métier comme on le fait habituellement mais c’est comme ça, c’est les Jeux ! Du coup, on suit tout ça de loin, ce n’est pas super agréable d’autant plus qu’une fois la ligne d’arrivée passée, on n’a toujours pas le droit d’y aller, c’est elle qui doit venir au bateau. Charline est arrivée assez vite et ça a été un moment magique mais pendant la medal race, ce n’est pas super en fait ! Ensuite, elle était en forme, psychologiquement elle était forte, j’étais confiant… J’étais sûr qu’elle allait faire une médaille, c’était évident, ensuite ça allait être un combat avec la chinoise qui est assez redoutable dans ce temps-là. Pour conclure, les Jeux Olympiques sont une épreuve à part, on peut dire ce que l’on veut, ça reste le Graal pour tout sportif, c’est une épreuve qui n’a rien à voir avec des championnats du monde ou d’Europe, c’est vraiment autre chose. C’est tout simplement magique, la médaille d’or, comme l’après !

 

Pour en savoir plus sur l’Equipe de France de Voile : rio.ffvoile.fr

 

Source : Cédric Leroy
Photos : Cédric Leroy - Gilles Martin-Raget/www.martin-raget.com - FFVoile

tags: Jeux Olympiques Rio 2016 Cédric Leroy Charline Picon

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