3 questions à Yann Jacquemond et Gwenolé Roudaut

06/05/2024

Passionnés de windfoil, Yann Jacquemond et Gwenolé Roudaut ont décidé de se lancer un défi de taille, rallier Ouessant au départ du Conquet dans le Finistère en Bretagne, une première qu’ils espèrent réaliser entre le 17 mai et le 26 août. Traversée bien plus technique qu’elle n’y parait sur le papier, tous les 2 nous parlent de ce projet qui vise notamment à soutenir la SNSM.

 


Windsurfjournal.com : Comment est né ce projet de traversée entre le continent et l'extrême ouest breton ?
Yann Jacquemond : J'ai pour projet depuis que je sais planer de faire un raid entre Portsall et Ouessant. Le problème, c'est que je ne me voyais pas le faire seul (avec sécu), et mes amis n'étaient pas forcément intéressés par mes projets un peu fous. Je me suis mis à la longue distance dans la même optique, de s'aventurer loin, de forcer longtemps... en windsurf. En 2023, pendant la Transrade (à Brest), j'ai fait la connaissance de Gwenolé, on a discuté, mis en commun nos idées, et ç'a permis de prendre du recul en cherchant tous les freins éventuels au projet. Et après réflexion, nous voilà à lancer le projet pour cette année 2024 !
Gwenolé Roudaut : Depuis que je pratique le windfoil, ç'a été une révélation. Le windfoil m’a permis d’aller me balader, de naviguer en dehors des zones habituelles en aileron sur la rade de Brest/Finistère nord et de là a émergé mon idée de partir du Moulin-Blanc (Brest) pour me rendre à Molène. Un beau défi qui me permettrait de quitter ma zone de confort pour découvrir un nouveau plan d’eau, les falaises de la pointe du Finistère, mais je ne voulais pas le faire seul. Tout a commencé en discutant de mon projet avec Yann à la Transrade 2023 sur Brest, qui lui aussi adore les longues distances en foil. Il avait son projet et moi le mien donc pourquoi pas partir sur un trajet légèrement différent Conquet - île d’Ouessant.

 


WJ : Quelles sont les principales difficultés que vous allez rencontrer durant cette traversée et comment vous y êtes-vous préparés ?
YJ : Le projet est ambitieux par son côté aventure. On traverse l'archipel de Molène, il y a des roches, des épaves, plusieurs passes qui font veine de courant, et aussi de la vie (phoques et dauphins) qu'il ne va pas falloir déranger. Cependant, pour moi, la difficulté majeure reste la traversée du Fromveur, le courant séparant Ouessant de l'archipel de Molène où le courant peut être très fort, ce qui, s'il est dans le même sens que le vent, va annuler une grande partie du vent dans la voile, et s'il est contre le courant, va lever des vagues et augmenter fortement le vent apparent (ce qui est finalement encore pire). En face de ces embûches, on a nos parades et nos stratégies, on a un bateau sécurité qui peut embarquer notre matériel si on casse, on a étudié la carte avec la SNSM pour définir un parcours le plus sécuritaire, et on va viser des coefficients et des horaires de marée qui minimisent au maximum le courant.
GR : Cette traversée ne peut être réalisée sans passer par la phase préparation et analyse. Pour moi, la première difficulté, c'est de trouver le bon créneau météo et de marée qui soient sécurisants pour naviguer et permettre l’accompagnement de notre bateau sécu. Quand on sait que dans cette zone, le courant peut être supérieur à 8-10 nœuds, il est important de s’adapter aux marées. La deuxième difficulté que je peux voir, c’est la houle dans la zone du Fromveur, en windfoil ça ne pardonne pas ! Comme nous a indiqué la SNSM lors de notre rencontre, plusieurs zones seront à éviter. C’est pour ces deux plus grandes difficultés que je me prépare en naviguant principalement sur de longue durée/distance tout en peaufinant mes réglages dans la houle.

 


WJ : Au-delà de la performance sportive, votre projet vise également à apporter votre soutien à la SNSM, pour quelles raisons ?
GR : Il y a quelques années, j’ai dû appeler le Cross pour demander une intervention. Les conditions météo étaient hivernales, l’eau à environ 8/9 degrés et la personne en windsurf n’arrivait plus à remonter sur sa planche par manque de force. Le Cross m’a mis en relation avec la SNSM pour que je situe la personne en bord de côte. C’est pour cette raison et par la complexité de notre trajet dans ce projet que nous avons souhaité mettre en avant la SNSM. Elle qui réalise chaque année un nombre important de sauvetages en sauvant des vies sur nos côtes bretonnes et ailleurs. Nous avons espoir que notre cagnotte participative en ligne sur Leettchi permettra de mettre en avant la SNSM à la fin de ce projet.
YJ : Si un jour, un pratiquant est en danger, c'est la SNSM qui est déployée en premier pour aller le chercher. Personne ne souhaite les appeler, mais quand il n'y a plus le choix, ce sont eux qui viendront nous chercher. Il reste donc toujours une possibilité (aussi infime soit elle) pour que la SNSM soit obligée d'aller nous chercher. On est donc tous redevables envers eux, nous pensons qu'il est judicieux de leur adresser notre soutien quand cela est possible.

 

Pour en savoir plus sur le Enez Eusa Foil Projet : www.instagram.com/enezeusafoilprojet

 

Source : Yann Jacquemond - Gwenolé Roudaut
Photos : Yann Jacquemond - Pierre Jezequel

tags: Enez Eusa Foil Projet Yann Jacquemond Gwenolé Roudaut

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