3 questions à Thierry François

03/08/2021

Référent des Pôles France & Espoirs et entraîneur national en RS:X chez les hommes, Thierry François est l’homme de l’ombre derrière la belle médaille d’argent du néo-calédonien Thomas Goyard. Pour Windsurfjournal.com, il revient sur cette récompense, le fruit tout d’abord d’un long et fastidieux travail d’équipe…

 


Windsurfjournal.com : Après des résultats plutôt moyens en 2020 suite à sa sélection, Thomas Goyard avait plutôt le statut d'outsider. Quel a été le travail de ces derniers mois pour finalement décrocher cette belle médaille d'argent ?
Thierry François : Dans la préparation de Thomas, l’objectif était clair : une médaille aux Jeux. Une particularité de ces derniers JO en RS:X, le matériel n’était plus fourni. Nous avons donc commencé le travail en août 2020 par une grosse campagne de tests matériel (planches, ailerons, dérives, mât, voiles) qui nous a bien pris 5 à 6 mois, et où les partenaires de Thomas, Titouan Le Bosq et Clément Bourgeois ont joué un rôle capital. C’est pour cette raison que nous avons pris un peu de retard au début sur les aspects physiques, techniques et tactiques, ce qui explique les résultats moyens sur les Europe 2020 et 2021 et Monde 2021. Après le Mondial de Cadix fin avril, une fois le matériel validé, nous avons choisi pour notre préparation finale un groupe d’entraînement qui s’est révélé très judicieux : 2 séjours de 10 jours fin mai et fin juin à Javéa en Espagne avec le polonais Piotr Myszka, l’espagnol Angel Granda Roque, l’américain Pedro Pascual et le suisse Mateo Sanz Lanz. Avec Thomas, ces 5 athlètes ont fini dans le top 10 des JO ! En parallèle, Thomas a également beaucoup travaillé physiquement avec l’aide de Jean-Baptiste Blot, le kiné et préparateur physique auprès de la FFVoile. Enfin nous avons peaufiné sa préparation finale à La Rochelle par une adaptation à la chaleur/humidité qui s’est révélée très précieuse pour supporter les conditions particulièrement difficiles au Japon. Et cela s’est révélé capital, car Thomas n’en a pas trop souffert pendant notre séjour.



WJ : Comment résumerais-tu cette semaine à Enoshima en quelques mots... ?
TF : Les conditions ont été variées, ce qui a mis en valeur la polyvalence de Thomas avec du vent de terre oscillant, de la brise thermique, de la dérive et du planing. Nous avons tout eu et cela a permis d’éliminer des adversaires très typés (petit temps ou vent fort) à la course à la médaille, Bien sûr, il y a eu des rebondissements, des émotions, presque de l’euphorie par moment sur les 3 courses où il termine 1er mais aussi des déceptions et regrets (comme un insert de straps qui lâche dans la course n°4 et qui fait rentrer une place de 13). Une épreuve des JO en voile, c’est long et tellement intense, il y a aussi des journées de repos qu’il faut bien négocier. Mais ce que je veux dire avant tout, c’est que Thomas a géré cette épreuve de manière exceptionnelle en terme de concentration, de gestion de la pression et des émotions, de lucidité… J’ai juste eu besoin de l’accompagner, de le rassurer dans les quelques moments de doute et d’éviter toutes les erreurs réglementaires toujours très complexes sur une épreuve des JO. Enfin il ne faut pas oublier tout le travail du staff Equipe de France qui nous a mis dans des conditions parfaites (logistique, kiné/médical, règlement, météo…). Une telle médaille c’est un travail d’Equipe, et on peut être fiers de la nôtre ! J’associe encore une fois ses 2 partenaires Clément Bourgeois et Titouan Le Bosq à qui Thomas doit beaucoup !



WJ : Comme as-tu vécu émotionnellement cette medal race totalement insolite de par ces 3 départs prématurés et le résultat final qu'il fallait attendre, impuissants Thomas comme toi ?
TF : Bien sûr ça a été le summum de la semaine. Un scénario improbable que personne n’aurait imaginé. Les 3 protagonistes pour les médailles d’argent et de bronze disqualifiés, et en plus prévenus très tard (Thomas après même 1 tour). Je suis passé par tous les états, euphorie, frustration, désespoir… Jusqu’à reprendre un peu de lucidité et ma calculette pour espérer encore jusqu’à l’arrivée du chinois, le seul qui pouvait encore priver Thomas de la médaille d’argent, l’anglais étant trop loin. Je pense que pendant tout ce temps, où Thomas a attendu loin de moi près de la ligne d’arrivée, il était plus lucide que moi. Après ce fut l’explosion de joie comme on peut l’imaginer, mais je n’ai vraiment été certain que je ne rêvais pas que lorsque j’ai vu le classement sur l’écran géant à l’entrée de la marina.

 

Pour en savoir plus sur l’Equipe de France de Voile : tokyo.ffvoile.fr

 

Source : Thierry François
Photos : Sailing Energy/World Sailing

tags: Thierry François Thomas Goyard Jeux Olympiques Tokyo 2020

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