3 questions à Raoul Joa

29/09/2015

Product manager chez North Sails, Raoul Joa est l’un des concepteurs du gréement gonflable iRig One by Arrows qui a fait parler de lui ces derniers temps et que l’on devrait voir déferler sur les plages et dans les écoles la saison prochaine. Pour Windsurfjournal.com, il a accepté de revenir sur la genèse de cet étonnant concept qui vient dépoussiérer l’image du windsurf dans le domaine de l’initiation et du loisir…

Windsurfjournal.com : Quand et comment est né ce concept iRig One ?
Raoul Joa : L’idée de départ, c’est de créer un moyen de propulsion gonflable pour les planches de SUP en travaillant étroitement avec l’équipe de North Kites, Uli, notre ingénieur en chef chez North Sails, et moi-même. Cela remonte à il y a 5 ou 6 ans. Les gars de chez North Kites avaient déjà expérimenté une aile un peu spéciale, un Windwing gonflable et facilement transportable. Mais le concept ne marchait que moyennement… Uli et moi avions l’ambition de créer un produit plus typé windsurf pour les débutants. J’ai eu des retours de l’industrie et je sais que Naish, Severne Sails ou encore Dane Kaeseler avait travaillé aussi sur un concept similaire. Sur le principe, avoir un mât gonflé, c’était assez simple mais nous buttions sur le wishbone et sa connexion au mât. Nous avons laissés l’idée de côté pendant près de 3 ans et puis durant un séjour à Alaçati en Turquie lors d’une séance de développement pour North Sails, Uli m’a convaincu d’un nouveau brainstorming sur ce gréement. Durant notre conversation, j’ai soudain eu comme un flash. Pourquoi donc réfléchir comme un windsurfer, pourquoi un wishbone doit être constitué de 2 parties et pourquoi la voile ne devrait être que d’une seule pièce ? Et sinon nous coupions la voile en 2 parties distinctes et le wishbone serait alors composé d'un seul tenant dans la même structure gonflable que le mât ? C’est l’idée qui a fait que tout a commencé véritablement. En rentrant au bureau en Allemagne, j’ai eu une réunion avec Till Eberle, le responsable de Boards and More, que j’ai réussi à convaincre, il s’en ai suivi une réunion téléphonique avec Till et Ralf Grösel, les designers de chez North Kites et 2 semaines plus tard, nous avions le tout premier prototype ! Après les premiers tests sur l’eau avec Alex Hasch, en charge du marketing chez North Sails, nous avons été stupéfaits car le résultat dépassait même toutes nos attentes !

WJ : Comment penses-tu que ce produit va être perçu dans les écoles de windsurf et auprès du grand public en général ? En d’autres termes, quelle est aujourd’hui la cible de clientèle pour cet iRig One ?
RJ : La plage d’utilisation est tout d’abord très simple, l’iRig One concerne la pratique du windsurf en conditions de non planing. Ensuite, il s’adresse à tous types de gens, il y a ceux qui veulent faire autre chose de leur planche de SUP lorsqu’il y a un peu de vent. On le sait, cette discipline n’est plus très agréable dès qu’un peu de vent se lève et l’idée est de leur offrir de nouvelles sensations alors qu’ils n’ont jamais fait de windsurf avant. Nous avons fait quelques expérimentations dont une avec une vingtaine de personnes une fois. Ce jour-là, il y a avait peut-être 5 nœuds maxi, aucune des 20 personnes n’avait fait de windsurf et même la moitié n’était jamais monté sur une planche de SUP avant. Après quelques explications, tous ont été capables de tirer un bord et de revenir, le tout sans tomber. L’autre cible, ce sont bien évidemment les débutants, des débutants de plus en plus exigeants qui veulent un plaisir immédiat dans tout ce qu’ils expérimentent. Un gréement classique pouvait leur convenir mais il était parfois lourd et les chutes étaient décourageantes. Avec ses 1,5 kg contre 7 kg en moyenne pour un gréement en école classique, l’iRig One procure un plaisir immédiat, la question du poids n’étant plus un problème. Enfin, ce gréement gonflable s’adresse aussi à tous les windsurfers qui aiment naviguer dans les conditions de non planing. Si la performance est le mot d’ordre depuis de nombreuses années, beaucoup sont aussi à la recherche de glisser tout simplement sur l’eau et avec ce poids global du gréement extrêmement léger, cela offre d’autres sensations et un vrai plaisir…

WJ : A sa sortie, l’iRig One a été largement commenté sur les réseaux sociaux, qu’est-ce que cela t’inspire ?
RJ : Il y a eu beaucoup de commentaires en effet de windsurfers qui sont déjà des pratiquants assidus et qui sont en général en recherche de toujours plus de performance. Pour cet iRig One, il faut bien comprendre que nous sommes totalement sortis des standards traditionnels du windsurf. Beaucoup nous ont interpellés par exemple sur la hauteur du wishbone qui n’est réglable. Nous proposons 3 tailles et, par rapport à un gréement classique, c’est votre taille qui compte car la taille des boudins est différente selon les modèles. Bien sûr, en théorie, la hauteur du wishbone ira à une personne mais quel est au final la bonne hauteur de wishbone ? Posez la question à 3 personnes et vous aurez sans doute 3 réponses différentes ! De même, il n’y a pas de lattes car nous n’en avons pas besoin pour naviguer en non planing. Les poignées sur le wishbone comme le long du mât à la place du traditionnel tire-veille en ont aussi interpellé beaucoup mais l’idée était encore de sortir du cadre traditionnel et de proposer un gréement plus intuitif afin de comprendre tout de suite comment procéder…

Pour en savoir plus sur l’iRig One by Arrows : www.arrows-inflatables.com (en ligne en janvier 2016)

Source : Raoul Joa
Photos : John Carter/Arrows