3 questions à Philippe Bru

15/04/2022

Alors que le Défi Wind file doucement mais sûrement vers ses 1200 participants, une édition qui, pour rappel, aura lieu du 26 au 29 mai prochain à Gruissan dans l’Aude, nous avons voulu savoir un peu plus sur ce qui anime en coulisses, sur les forums et sur les réseaux sociaux cet événement unique, à savoir la confrontation à venir entre foil et aileron. Au micro de Windsurfjournal.com, Philippe Bru, chef d’orchestre du Défi Wind, revient sur la donne du foil qui amène à rebattre les cartes…

 


Windsurfjournal.com : La limite de vent pour lancer une course officielle sur le Défi Wind est passée de 15 à 20 nœuds pour cette édition 2022, pour quelles raisons ? Et que ce passerait-il si le vent venait à souffler sous cette limite de 20 nœuds ?
Philippe Bru : Cette décision, c’est tout simplement car sans un vent moyen de 20 nœuds, un départ à plus de 1000 n’est pas viable. Du moins pour une majeure partie de la flotte et l’idée est quand même de proposer une course la plus équilibrée possible… C’est même un vent moyen de 20 nœuds et plus qui devrait dicter le lancement d’une manche officielle, pour tous. Pour seconde raison, la limite de vent a aussi été augmentée afin d’équilibrer le jeu aileron vs foil… Naviguer en foil sur 40 km avec 25 nœuds de vent, ce n’est pas la même. Et pour la majeure partie, l’aileron est devant et ça bagarre. En dessous, pas gagné. Bref, c’est une adaptation à la réalité de la course et des supports. Si Le vent part en sucette durant une manche officielle, c’est-à-dire que la direction de course observerait une période un peu, voire beaucoup, "molle", durant laquelle l’aileron serait "collé" tandis que les gars en foil continueraient de voler, la manche pourrait basculer en "non officielle" … C’est un exemple où cette observation et cette décision finale n’appartient qu’à la direction de course.



WJ : Au plus haut niveau, le foil s'impose jour après jour, mais cette pratique ne touche pas encore le plus large public, comme l'intégrer dans un événement tel que le Défi Wind ?
PB : Il y avait déjà des riders en foil sur les dernières éditions et pas du tout des riders de haut niveau. Le concept Défi Wind est de se dire : Pour tous les niveaux et pour tous les supports. Le foil étant aujourd’hui une réalité, l’exclure (même si nous nous sommes posés la question) n’avait pas de sens. Comme tu le précises, au plus haut niveau, et bien, il y en aura cette année du très haut niveau, mais à partir de 25/30 nœuds, il n’y en aura pas beaucoup en foil, à part les "focus", 3, 4 ou 5 gars. Pour ceux qui sont mordus de foil avec un niveau en dessous (tout en étant de très bons riders), c’est un peu la même chose que ci-dessus, sauf que les voiles seront plus petites, la vitesse moindre, etc... C’est donc juste un choix de matériel pour juste se faire plaisir… Enfin, le foil, c'est ultra bonnard dans du light et medium wind, après, c'est vite "plus compliqué" ! En revanche, imaginez 15 nœuds de vent capricieux, pas de manche officielle possible, donc mettons du monde dans l’eau pour faire quelque chose et là tu vas avoir quasiment que du foil. Pas de problème !

 


WJ : Tu es toi-même windsurfer et windfoiler et tu connais le spot de Gruissan par cœur, quels conseils pourrais-tu donner à ceux qui hésitent entre foil et aileron ?
PB : C’est vrai et avec cette expérience, du recul et de la lucidité, je dirais que ceux qui ont des foils de 2019/2020, voire 2021, et bien ce ne sont pas des "machines" développées et faites pour faire du travers au vent… Donc ils vont "ramasser", ce ne sera pas glissant. Ça reste bien sûr faisable, mais probablement laborieux, voire très laborieux, sur 40 km voire plus. Pour ceux qui n’ont pas l’habitude de foiler dans du vent soutenu (20 nœuds gruissanais et plus), et sans du matériel " parfaitement" adapté (voiles, ailes avant et réglages fins qui vont avec), c’est juste une mauvaise idée de se lancer, sincèrement… Cela vaut aussi pour ceux qui ne veulent pas que leur matériel finisse au fin fond du plan d’eau car 1/ Gruissan, c’est beaucoup de bancs de sable et 2/ c’est juste "relou" et "difficile" à ramener en bateau sécu et donc "bye bye le matériel".  À bon entendeur…. Enfin, le bon sens et la lucidité. C’est quoi le plan ? Gagner le Défi Wind, OK. Cela concerne potentiellement 30 riders, expérimentés, c’est leur choix. Je ne peux pas influencer cela. Faire un hold-up au classement en misant sur un vent léger et alors oui, mais dans la circonstance de rendre le support avantageux, et bien non, parce que 20 nœuds et plus, ce n’est pas du vent léger. Oui néanmoins pour l’expérience et le plaisir en totale maîtrise à partir de la seconde manche, ça devient chiant… Personnellement par exemple, pour l’avoir imaginé et en tant que "spécialiste, plutôt bien équipé, plutôt joueur aussi", si 15-20 nœuds, je peux te dire que je suis dans le match des 100, au-delà je suis dans le match "Oh shit, tiens, je vais rentrer au premier tour… ou tranquilou bilou". Affûtez vos ailerons, Gruissan est un spot d’ailerons et for ever… Hormis le très haut niveau, on ne se tire pas la bourre en foil (ou pas très longtemps), on se promène… En aileron, c’est le contraire ! Le Défi est juste un événement ouvert. Et tant mieux.

 

Pour en savoir plus sur le Défi Wind : www.defiwind.com

 

Source : Philippe Bru
Photos : Jean-Marc Cornu/Defiwind.com - Nathan Barange

tags: Philippe Bru Défi Wind Gruissan

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