3 questions à Michel Busse

15/09/2015

Longtemps directeur de course du Fort Boyard Challenge, en collaboration avec Maxime Froin, Michel Busse en est, pour la 2ème année le directeur sportif, avec un événement, qui pour rappel aura lieu les 26 et 27 septembre prochains, dont il est familier depuis les tous débuts… A moins de 10 jours de l’une des plus grandes longues distances de l’hexagone, il revient avec Windsurfjournal.com sur les spécificités de cette épreuve.

 

Windsurfjournal.com : Le Fort Boyard Challenge fête sa 10ème édition cette année mais le concept reste lui le même, peux-tu nous expliquer la philosophie de la course ?
Michel Busse : La philosophie de l’événement en général, tous supports confondus, est de faire se rencontrer sur une même course pros et amateurs sur une épreuve conviviale et sans enjeu autre que celui de se faire plaisir et de passer un bon moment sur l’eau. Pour autant, le cadre sportif doit être suffisamment rigoureux pour ne pas tomber dans la kermesse mais, à l’opposé, on n’est pas dans les exigences règlementaires d’un championnat de France. L’épreuve est née il y a 10 ans dans la dynamique des longues distances windsurf insufflée par Christian Chardon pour venir combler le manque d’épreuves ouvertes à tous. A l’époque, il y avait le tour AFF d’un côté et des épreuves promotionnelles ou quelques compétitions de niveau ligue de l’autre. Ces longues distances permettaient de regrouper des coureurs de niveaux différents sur des courses aux règles simples. Quelques-unes sont encore là 10 ans après et nous en faisons partie. De plus, l’événement a, depuis le début, été pensé pour les coureurs mais aussi pour leurs accompagnateurs. Ce qui explique les nombreuses animations proposées durant le week-end pour les enfants et les adultes non compétiteurs. En résumé, on peut venir en famille, tout le monde devrait trouver de quoi passer un week-end agréable au pays de Fort Boyard.

 

WJ : Quelles sont les conditions météo idéales pour que le parcours soit le plus glissant et facile et, le cas échéant, les conditions alternatives pour tout de même utiliser le Fort Boyard en tant que marque de parcours ?
MB : La règle veut que l’épreuve, pour être validée, doit comporter au moins une manche où l’on aura fait le tour du Fort. Donc, il sera forcément utilisé comme marque de parcours durant le week-end. C’est un enjeu à la fois contraignant et excitant. Contraignant parce que c’est une bouée difficile à déplacer !!! Le parcours est donc le même quel que soit l’orientation du vent. Si le vent est Nord-Est, c’est l’idéal puisque l’on est travers avec une mer plate mais le NE qui reste fort toute la journée est une denrée relativement rare. Si c’est Sud-Ouest, on est toujours travers mais le plan d’eau est plus agité. C’est une orientation où le vent n’est pas toujours très stable et on risque d’avoir un peu de pluie. Statistiquement, les vents d’Ouest et de Nord-Ouest sont les plus fréquents. Là, il faut être honnête et je ne vais pas vous vendre des longs bords de travers comme au Défi. Le près sera obligatoire mais avec une grosse planche de slalom et l’aileron adapté, ça le fait sans problème. Certains sortent les Formula, voire d’anciennes course racing à dérive mais si le vent passe sous la barre des 10 nœuds, on ne joue plus alors chacun choisit son matériel en fonction de son approche du windsurf et ça, c’est plutôt sympa. Très souvent, nous installons une porte au milieu du parcours de façon à gérer la sécurité liée aux conditions de vent et de mer. Si les conditions sont clémentes et que ça glisse, on va facilement laisser passer une petite centaine de coureurs pour aller vers le Fort et revenir. Si c’est plus musclé et s’il faut faire beaucoup de près, on va réduire le nombre de concurrents autorisés à continuer parce que la seconde partie de course est plus difficile, le plan d’eau devient plus technique et le parcours est long. Quand les premiers mettent une petite demi-heure, il n’est pas rare qu’autour de la 50ème place, le temps de course se situe plutôt autour d’une heure et demie. En clair, le Fort se mérite ! Mais tout à l’heure j’ai parlé d’excitation et je crois que c’est bien adapté à ce que l’on ressent à l’approche du Fort, qui grâce au jeu télé, est devenu un endroit un peu mythique. Ensuite, quand on est tout à côté, on se sent tout petit et c’est assez impressionnant, limite un peu flippant quand les conditions sont dures. Mais qu’est que c’est bon !

 

WJ : 10 ans, ce sont autant d'éditions ventées ou pas, quel est ton meilleur souvenir d'édition ?
MB : J’ai plein de bons souvenirs sur cet événement qui, contrairement aux apparences, est très délicat à gérer. Bien plus que des épreuves de haut niveau type AFF sur lesquelles j’ai traîné mon ciré et mes bottes de nombreuses années. Le plan d’eau est technique avec l’estuaire de la Charente, les îles, les parcs à huitres… Et le niveau des concurrents est très disparate ce qui complique la gestion de la sécurité. Mais, malgré tout ça, je crois que la première édition reste mon meilleur souvenir. C’était la première, on n’avait pas l’expérience du plan d’eau. Le vent était Sud-Ouest avec 25 nœuds établis, il y avait un fort clapot donc des conditions techniques pour les coureurs qui, eux aussi, découvraient le spot. Durant la manche du samedi, on s’est pris des grains à 35/40 nœuds avec une bascule du vent de 30 degrés sous les grains. On n’y voyait pas grand-chose. Avec les bascules de vent et la visibilité réduite, beaucoup de coureurs avaient du mal à se repérer. Certains partaient vers le pont de l’île d’Oléron en pensant rentrer sur Fouras… Derrière les grains, on a eu un gros boulot de sécu. Dans l’hélico, mon pote Frédo (ex-cadreur attitré des épreuves AFF) était inquiet de voir autant de coureurs éparpillés partout sur un plan d’eau immense. Grâce à une équipe solide et expérimentée sur l’eau et l’aide précieuse du centre SNSM de Rochefort (chapeau messieurs !), on a réussi à ramener tout le monde. Côté course, c’est Antoine Albeau qui avait gagné. Il était totalement à la rue et se faisait coucher comme les copains sous les grains ! Une super course pour marquer la naissance d’une belle épreuve. Depuis, il y a eu des éditions qui, sportivement parlant, tenaient plus la route, mais elles n’avaient pas ce petit plus qui fait la différence entre une belle course et une course qui marque à jamais la mémoire.

 

Pour en savoir plus sur le Fort Boyard Challenge : www.fortboyardchallenge.fr

 

Source : Michel Busse
Photos : Olivier Blanchet

tags: 3 questions à Michel Busse Fort Boyard Challenge

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