Si Paola Albeau Green partage le quotidien d’Antoine Albeau depuis 10 ans (cf notre article du 19 novembre 2022), ses parents, Marie-Claire et Jean-Marie Albeau connaissent eux, et mieux qui quiconque, le parcours de FRA-192. Au micro de Windsurfjournal.com, le clan Albeau revient sur la carrière hors norme de son garçon…
Windsurfjournal.com : Vous êtes ceux qui ont suivi la carrière d'Antoine Albeau de bout en bout avec son ascension, ses hauts et ses bas, etc... Qu'est-ce qui, selon vous, est le secret de sa longévité et de ses 30 ans passés au plus haut niveau ?
Marie-Claire et Jean-Marie Albeau : Antoine a été 1er au premier Championnat de France Minimes en 1986... Nous avons pensé que c’était un coup de chance. L’année d’après, Champion de France Juniors toujours sans trop y croire. Mais lui, il y a cru et a pensé qu’il pourrait s’exprimer. Après les années se sont succédées et nous avons, Marie-Claire et moi, travaillés tous ensemble pour l’organisation de sa vie de sportif, sa préparation physique, sa logistique, la gestion des sponsors, ses déplacements, etc… Plus tard, il a été envisagé son entrée à Sports Etudes à La Rochelle, mais il n’a pas été admis, car ses résultats scolaires étaient moyens. Il avait 3 ou 4 titres de Champion de France. Par dépit, il rentre dans une école privée ! Alors, il accumule les titres, il rafle tout. À la fin de son année scolaire, c’est la Section Sports Etudes qui revient le supplier de revenir, étant devenu le 1er espoir français grâce à Claire Fountaine, la responsable de cette section. Il était seul en windsurf avec un bon entraîneur qui lui a inculqué plein de choses, la rigueur entre autres et surtout sur son matériel (réglages, etc…). Il ne faut surtout pas oublier son préparateur physique, Philippe Canto qui le suit bénévolement depuis 30 ans, son grand ami. Ensuite, en étant en Sports Etudes, ils se sont retrouvés à trois pour préparer les Jeux Olympiques de 1992 (avec Franck David et Thomas Ruelland). Mais durant ces années, en pleine croissance, Antoine a beaucoup grandi et pris du poids. Dans les courses par petit temps, il n’était plus compétitif du fait de la jauge des voiles. Pour lui l’Olympisme, c’était fini. La seule chose qui manque à son palmarès. Il s’est donc complètement tourné vers le funboard, encore plus à fond. Il a enchaîné sur une dizaine de Championnats de France et son départ en Coupe du Monde en 1992. Antoine est un garçon qui a une hygiène de vie exemplaire (merci à Philippe !) et irréprochable, sûrement le résultat de sa longévité sportive au plus haut niveau mondial. Il faut signaler aussi une grande rigueur dans la gestion de son matériel sans faille. Je lui ai appris, entre autres, qu’une compétition n’est terminée que lorsque le pavillon est baissé. Et cela s’est confirmé à de nombreuses reprises. Des fois, il a fait des débuts de compétition pas très bons et finalement, il gagne avec son mental d’acier. C’est sans doute pour ça que certains de ses adversaires (et amis) le comparent à Fourcade, Federer ou Nadal. Après une mauvaise manche, il avait la hargne et il remontait tout pour gagner.
WJ : 25 titres mondiaux, des centaines de victoires, s'il ne fallait retenir qu'un seul moment fort de son immense carrière, lequel serait-il et pour quelles raisons ?
MCJMA : Si nous devions ne retenir qu’un seul moment, mais ce n’est pas possible, il y en a eu tellement c’est son 1er titre de Champion de France Minimes à Port-Camargue. Il n’y allait pas pour gagner, car à ce moment-là, c'était les bretons ou les sudistes qui devaient l’emporter. Ensuite, quand il a dominé le slalom à Aruba devant tous les meilleurs mondiaux. Sa nomination au Marin de l’Année en 2010 devant tous les grands marins de haute mer. Et enfin son dernier titre de Champion du Monde à Nouméa où il gagne sur le dernier slalom.
WJ : La question de la "retraite" est toujours un moment particulier. Vous en a-t-il parlé avant, comment l'envisageait-il au fil des saisons qui passaient ?
MCJMA : Pour sa "retraite", elle était déjà bien préparée, c’était l’école de voile de La Couarde-sur-Mer que nous avons créée avec Marie-Claire en 1970 et que nous avons géré durant 51 ans. Il y travaillait tous les étés en fonction de ses disponibilités. Nous en parlions bien sûr, mais c’est arrivé très vite, trop vite. Maintenant c’est fait, il part la tête haute à 50 ans. Il est heureux et va pouvoir être avec sa petite femme et ses 2 magnifiques enfants plus souvent. Nous avons été très surpris, lors de l’annonce de sa retraite du tour PWA, de lire toutes les félicitations de ses amis et concurrents et notamment de Robby Naish et Bjorn Dunkerbeck qu’ils l’ont qualifié de 3ème légende du windsurf mondial…
Source : Marie-Claire et Jean-Marie Albeau
Photos : Carter/Pwaworldtour.com - Famille Albeau - Eric Bellande/Airwaves_NDC