3 questions à Jules Denel

04/03/2023

Dans le top 10/15 mondial en vagues sur le PWA World Tour depuis de nombreuses années, le français Jules Denel sera absent dans 2 semaines à Omaezaki au Japon pour la 1^ère épreuve de la saison du nouveau PWA IWT Unified Wave Tour. La raison, un beau circuit mondial pas vraiment en adéquation avec les budgets de bon nombre de waveriders professionnels… Après s’être exprimé publiquement sur ses réseaux sociaux, il revient avec Windsurfjournal.com sur cette situation inédite.

Windsurfjournal.com : Que t'a inspiré le récent rapprochement entre la PWA et l'IWT et la publication quelques jours plus tard du calendrier 2023 ?
Jules Denel : C’est une bonne nouvelle pour le sport sachant que ça va mettre un coup de projecteur sur la discipline des vagues. On va avoir de belles épreuves et pouvoir courir dans des conditions variées. Je trouve que la transition est malgré tout assez brutale, car on passe d’un tour avec 3 à 4 épreuves à un circuit avec 5 à 6 épreuves 5 étoiles et 2 à 3 épreuves 4 étoiles. C’est une transition qui n’est pas forcément cohérente avec les budgets des coureurs à l’heure actuelle et ce que le marché du windsurf peut proposer. Certains arrivent à voir des partenaires extra-planche, mais ce n’est quand même pas facile à trouver. Il va falloir partir sur une recherche de nouveaux partenaires hors windsurf pour financer ces déplacements. Ça reste une belle nouvelle pour le sport et c’est à nous de nous adapter pour trouver les moyens de voyager sur ces compétitions et continuer à être professionnel dans notre sport afin que cela ne devienne pas un circuit exclusivement pour ceux qui ont les moyens de se déplacer…

WJ : Ce nouveau circuit en vagues semble idyllique, mais d'un point de vue financier, il met à l'épreuve des budgets coureurs qui étaient déjà un peu justes pour boucler une saison complète. Quels sont les principaux problèmes que tu rencontres actuellement ?
JL : Le tour est top en soi, mais la réalité économique du windsurf, c’est qu’un coureur du top 10 ou 12 mondial comme moi, il a des moyens financiers par sponsors planche, voile, vêtement, néoprène, etc, qui lui permettent aujourd’hui de financer la moitié des épreuves 5 étoiles du calendrier du PWA IWT Unified Wave Tour, et encore, cela vaut pour celles qui coûtent le moins cher… Il faut désormais trouver les moyens de faire toutes ces épreuves. C’est un peu brutal, car on passe d’un tour qui coûte 10 à 12 000 € à 40 000 € pour être compétitif et présent au classement général. Il faut s’adapter et s’adapter très vite, il n’y a pas le choix, il faut aller de l’avant !

WJ : On image que pas mal de coureurs entre le top 10 et le top 20 sont dans la même situation que toi, pourquoi avoir décidé de t'exprimer publiquement sur les réseaux sociaux ?
JD : J’ai décidé de m’exprimer sur les réseaux sociaux pour que tout le monde comprenne la réalité économique d’un rider professionnel comme moi qui fait la coupe du monde depuis maintenant 15 ans. Il y a un changement assez radical avec des prize money parfois divisés par 3 alors que le circuit coûte désormais 4 fois plus cher et il me semblait important que les gens s’en rendent compte. J’ai 32 ans aujourd’hui et durant toute ma carrière, j’ai gagné ma vie et c’est ma profession de faire du windsurf. Aujourd’hui, il suffit d’imaginer le budget qu’il faudrait trouver pour un jeune rider afin de réaliser son rêve. Ce circuit est top pour le sport mais il faut que les meilleurs riders mondiaux, dont je pense faire partie, aient les capacités et les moyens de se battre avec les autres meilleurs waveriders du tour. Il ne faut pas que ce soient ceux qui ont de l’argent qui puissent se déplacer. C’est dans ce sens-là que je voulais m’exprimer et je l’ai fait par les réseaux sociaux pour lancer un appel, non pas un appel à l’aide, mais pour interpeller aussi des partenaires ou des gens intéressés pour suivre mon projet et m’aider en tant que top 3 français et top 10 mondial en vagues depuis de nombreuses années. Et puis je voulais que les gens se rendent compte aussi de la situation actuelle…