3 questions à Heidi Ulrich

29/11/2022

En battant le record de Zara Davis et ses 46,49 nœuds, la suissesse Heidi Ulrich rentre dans l’histoire en devenant la femme la plus rapide en windsurf à l’occasion du Lüderitz Speed Challenge. Passionnée de windsurf depuis 9 ans "seulement", elle revient sur sa performance au micro de Windsurfjournal.com.

 


Windsurfjournal.com : Que signifie pour toi ce nouveau record, ce record que tu souhaitais tant et pour lequel tu t’es battue pendant toute la durée de l'événement ?
Heidi Ulrich : Quelques jours après le record, je n'arrive toujours pas à réaliser. Je suis extrêmement fière de moi, d'avoir abandonné et d'avoir continué à me battre. Oui, un rêve est devenu réalité. Un rêve gagné de haute lutte. J'étais déjà en 2019 à Lüderitz sur le canal et, à l’époque, j'ai manqué le record du monde pour 0,3 nœud. Et donc je me suis dit, maintenant, je vais m'entraîner pendant encore 2 ans et ensuite je battrai enfin ce record. Patrik Diethelm a commencé à fabriquer ses propres voiles et, heureusement, le Covid 19 est arrivé, ce qui nous a donné un an de plus pour nous préparer au canal et au record du monde avec un matériel parfait. Cette année, ce fut difficile à Lüderitz. Malheureusement, l'événement a commencé plus tard que d'habitude et n’a duré que 4 semaines au lieu de 6. Nous avons donc manqué les journées de vent fort au début du mois d'octobre. Après le début de l'événement, il n'y a pas eu de conditions pendant 3 semaines, seulement des jours de vent léger. Il était donc très difficile de rester concentré. Le premier jour de course, avec un vent à 40 nœuds, l'angle sur le canal était très prononcé et il y avait un clapot incroyable sur le plan d’eau. Néanmoins, je me suis approché du record du monde, voire, je l'ai battu au GPS. Mais entre les 2 portes du run, ça n'a pas marché. Je savais donc que moi et mon matériel étions prêts dès que les conditions seraient un peu meilleures.

 


WJ : Peux-tu nous parler justement de la journée du 25 novembre pendant laquelle tu as battu par 2 fois le record de Zara Davis ?
HU : Le vent est enfin arrivé le 25 novembre. J'ai commencé comme d'habitude en étant la première à ouvrir le run. Le vent était super carré, donc 35 nœuds, et j'avais déjà 8 kg de plomb dans le dos pour pouvoir maintenir mon gréement bien stable. Néanmoins, j'étais encore trop léger. Après le 3ème run, je venais de faire 43 nœuds, mon ami m'a mis 4 kg de plomb en plus sur le dos et m'a dit : "Heidi, le vent tourne et le run devient plus abattu, il devient plus fort maintenant. Va tout droit et reste dessus." Dès l’entrée du run, j'ai senti le vent remplir ma voile par derrière et me pousser tout en douceur vers l'avant. C'était très facile. Et puis à l'arrivée. Je ne pouvais pas en croire mes yeux... Mon GPS indiquait 46,8 nœuds. Donc record du monde. Je ne pouvais pas tenir plus longtemps. Nous sommes retournés au départ et là tout le monde attendait déjà et m’encourageait. Après 5 minutes d'acclamations, j'ai recommencé. Et baaam. 47.2 sur le GPS. Wow. J'étais hors de moi. J'ai redécollé, puis le clapot dans le canal est redevenu insensé. Il y avait environ 35-45 nœuds, j’étais sur ma planche de 37 cm de large avec une voile de 5,2 m² et un aileron de 18 cm. Le lendemain samedi, j'y suis retourné et j'ai fait 4 runs à plus de 46,5 nœuds. Mais malheureusement, encore une fois dans des conditions très agitées. Si le canal est un peu moins ouvert, je pense que nous pourrions établir d'autres records. Donc, je sais au fond de moi que l’on peut aller encore plus vite !

 


WJ : Ce nouveau record féminin est aussi un travail d'équipe... Peux-tu nous parler de Christian Arnold ?
HU : Je suis fier de moi et de mon ami. Je n'aurais jamais pu le faire sans lui. Merci ! Christian, nous sommes une équipe de rêve depuis presque sept ans. Il a commencé la vitesse en windsurf pour moi. Il est un talent sportif. Après 2 ans, il pouvait suivre les grands à La Franqui et c'est seulement parce qu'il a étudié la position/technique des gars et qu’il a tout appris par lui-même. Quand il s'est rendu compte que ça marchait, il m'a aussi appris la technique. Il a aussi fait un entraînement mental intensif avec moi et a toujours veillé à ce que je n'en fasse pas trop et que le plaisir reste au premier plan. Sans lui, rien de tout cela n'aurait été possible ! Je l'aime !!! Non seulement le record sur 500 mètres signifie beaucoup pour moi. Mais aussi que j'ai presque atteint les 50 nœuds avec une Vmax à 49,94 nœuds. Je deviens aussi la femme la plus rapide du monde en windsurf avec 49,30 nœuds sur 2 secondes, 0,9 nœud plus vite que Lena Erdil. C'est cool !

 

Pour en savoir plus sur Heidi Ulrich : www.instagram.com/heidi_ulrich

 

Source : Heidi Ulrich
Photo : Jaco Wolmarans

tags: Heidi Ulrich Lüderitz Speed Challenge Lüderitz

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