3 questions à Gonzalo Costa Hoevel

21/10/2016

2ème à Sylt en slalom, 2ème également en windfoil, l’argentin Gonzalo Costa Hoevel fait un beau retour sur le devant de la scène en cette fin de saison. Pour Windsurfjournal.com, il revient sur ses performances en Allemagne ainsi que sur l’incident avec Pierre Mortefon lors du slalom n°1 sur place…

 

Windsurfjournal.com : 2ème en slalom, 2ème lors de l’exhibition de windfoil, cette récente épreuve à Sylt en Allemagne t’a plutôt bien réussie, comment la résumerais-tu ?
Gonzalo Costa Hoevel : Oui ça a été un super événement pour moi. Sylt est toujours une épreuve très longue mais nous avons été chanceux cette année et nous avons pu pas mal naviguer. J’ai fait en sorte de rester calme et concentré durant toute la semaine. Mon matos a très bien marché, j’ai utilisé sur toutes les courses ma Starboard iSonic 134, ma Point-7 AC1 8.6 et mon Chopper en 46 cm. Les 2 premières courses ont été très bonnes, je termine 6ème et 3ème. Lors de la 3ème manche, j’ai pris un mauvais départ en demi-finale et je ne me suis pas qualifié mais j’ai tout de même terminé 3ème en finale perdants soit 11ème. Lors de la dernière élimination, je savais que j’avais une chance de monter sur le podium et je m’en suis donc donné les moyens dès le départ. Je suis bien parti en milieu de flotte et j’ai jibé dans le top 3. En relance, Matteo Iachino est mieux reparti mais a pris une direction un peu basse par rapport à la bouée, j’ai réussi à le passer juste avant la 2ème bouée à la faveur d’une meilleure houle et les positions n’ont plus bougé ensuite. L’exhibition en windfoil a été un super moment aussi. Nous avons fait 5 manches et nous avons beaucoup appris du potentiel du foil dans ces conditions de vent léger et instable quand nous ne pouvions pas courir en slalom. Nous avons eu de belles bagarres avec Antoine Albeau et Sebastian Kornum. Ces manches consistaient en un 1er bord puis un downwind et enfin 2 autres bords avant de couper la ligne d’arrivée. J’avais une meilleure vitesse sur les bords abattus, Antoine Albeau était mieux sur les bords travers et au près. Dans la dernière course, nous avons même eu du près pour rejoindre la ligne d’arrivée pour voir la performance des foils à cette allure. Ce n’est pas la manche durant laquelle j’ai le mieux marché mais c’était intéressant de voir les performances des autres. Et je termine là aussi 2ème derrière Antoine Albeau cette fois !

 

WJ : Revenons à un fait de course marquant en slalom durant la semaine, l’incident avec Pierre Mortefon lors de la manche n°1… Qu’elle est ta version des faits ?
GCH : J’ai lu son interview sur Windsurfjournal.com et j’ai été un peu choqué par les commentaires de Pierre et j’aimerai en effet donner ma version des faits. Nous en avons parlé pendant l’épreuve et tout semblait OK, nous nous sommes serrés la main et il semblait qu’il n’y avait rien d’autre à dire de plus… Je vais essayer de faire court car je pourrai donner encore plus de détails mais je n’en vois pas la nécessité. Au moment du départ, 10 secondes avant, Finian Maynard, qui est au-dessus de moi, abat et prend une houle que j’ai loupée. A ce moment-là, la seule chose à laquelle tu penses, c’est que tu es en retard et que tout le monde va te passer. Il faut donc que tu abattes aussi pour accélérer et rattraper cette houle. C’est ce que j’ai fait et ce qu’aurait fait tout le monde. Tout en bas de ligne, Matteo Iachino avait pris l’avantage sur Pierre Mortefon qui, comme moi, il était un peu derrière en 2ème ligne. Quand cela arrive, tu sais que les gars qui sont en milieu de ligne t’arrivent dessus car les dernières secondes avant de couper la ligne, tu les as passées à pointer la ligne sous le vent et que les gars au-dessus arrivent eux à fond plein largue. Il n’y a rien de plus à rajouter. Au top zéro, on peut voir sur la vidéo que Matteo Iachino a un super départ, Antoine Questel abat sur Finian Maynard qui lui-même m’abat dessus. Ils ont tous les 2 pris un meilleur départ que moi, le résultat de leur action 10 secondes plus tôt. Pierre comme moi, nous ne sommes pas sur la même ligne et nous sommes tous les 2 en retard. Après le départ, j’étais bas, j’ai eu du mal à bien pointer la bouée et à avoir du vent frais alors que Pierre est tout de suite remonté plus haut. Je me suis battu pour le passer ainsi que Finian Maynard mais j’ai eu un mauvais jibe ensuite. Il n’y avait pas de réelle intention de ma part de bloquer Pierre Mortefon, nous avons eu tous les 2 un mauvais départ, j’ai essayé de m’en sortir en abattant et ce n’est rien de plus que ça, c’est une situation commune de course, un fait de course. J’ai l’habitude de faire ma course et, heat après heat, je me concentre sur ce que j’ai à faire. Je m’entraine toute l’année, j’ai pris le parti de quitter l’Argentine pour m’installer à Tarifa en Espagne et lorsque je participe à une course, c’est pour moi et pour mon propre résultat, je ne cours pas pour ou contre d’autres personnes. Terminer 2ème à Sylt en est la preuve. Sylt est une épreuve où les coureurs Point-7 et North Sails ont bien marché et se sont retrouvés souvent en finale. Il y a eu des situations durant lesquelles Matteo Iachino était entouré par des gars en North et d’autres où c’était Pierre qui était cerné par des Point-7. Devrions-nous pour autant nous arrêter au départ ou au jibe parce qu’ils font leur course ? Lors de la dernière finale, lorsque nous nous sommes bagarrés avec Matteo Iachino, nous étions rivaux à 100% pour la victoire, et aucun de nous 2 ne voulait lâcher… Même si les propos de Pierre m’ont choqué, je veux dire que j’ai une grande admiration pour lui. Matteo Iachino et lui ont gagné tellement d’épreuves et ils l’ont fait par eux-mêmes, sans l’aide de personne. Ils seront tous les 2 à leur top niveau à La Torche, ils sont encore très serrés en points et cela s’annonce comme une très belle finale. C’est la 1ère fois depuis de nombreuses années qu’Antoine Albeau ne sera pas sur le podium et ils veulent en profiter, je leur souhaite bonne chance à tous les 2 !

 

WJ : Pour en revenir au windfoil, tu sembles très impliqué dans cette nouvelle discipline, tu as également une longue carrière en windsurf, que penses-tu de cette pratique et comment vois-tu son développement, d’un point de vue matos comme compétitions ?
GCH : J’apprécie vraiment le windfoil, cela offre de nouvelles sensations, voler au-dessus de l’eau sans aucun bruit est tout simplement une sensation magique. Je pense que nous sommes chanceux qu’Antoine Albeau s’y soit intéressé, soit un pionnier de la nouvelle tendance foil et qu’il ait ouvert la voie du potentiel de cette discipline. Il était en forme au Défi Wind et a gagné depuis 2 longues distances en France en prouvant ainsi que le foil est peut-être le futur de la course dans un vent inférieur à 15/20 nœuds. Sylt était pour ma part ma toute 1ère épreuve en foil sachant que je naviguais depuis un moment déjà à Tarifa mais je ne savais pas trop à quoi m’attendre. J’avais fait de bonnes vitesses au GPS, je me suis pris aussi des bonnes chutes et tout ce dont j’étais certain, c’est que nous allions bien nous amuser. A Sylt, nous avons vu que lors d’une journée où le vent est très irrégulier et oblige à annuler de nombreux heats, nous pouvons alors courir en windfoil. Nous avons même couru parfois dans 4 à 6 nœuds de vent et certains étaient même capables de jiber en restant en l’air. Quand nous serons tous aguerris à l’exercice, il n’y aura plus de jibes "collés" ce qui est le principal problème dans le vent léger. La PWA s’y intéresse et veut développer la discipline de la meilleure des manières qui soit avec des événements exhibition. Ce sera également le cas à La Torche et sur les autres épreuves de slalom la saison prochaine. Nous devrions avoir quelque chose d’officiel en coupe du monde à partir de 2018. Pour être tout à fait honnête, je ne sais pas comment cela peut évoluer… Peut-être une discipline qui remplacera le slalom dans le vent léger ou alors peut-être ferons-nous de la course racing ? Ce qui est certain, c’est que la discipline pousse fort et permet de prendre beaucoup de plaisir. Concernant le matériel, je dirai que n’importe quelle grosse planche de slalom ou une planche large de 80 cm est idéale. Mais le boîtier risque de casser après quelques chutes et il sera important de le renforcer. On peut naviguer avec n’importe quelle voile, à camber ou pas, je trouve plus facile de commencer en 7.8 m² un jour de vent léger mais cela m’est aussi arrivé de naviguer en 9.5 ! Avec Starboard et Point-7, nous travaillons actuellement sur une gamme complète de foils, de planches et de voiles. Nous pensons que cela va devenir une pratique importante et nous voulons être au top l’an prochain. Nous proposerons tout type de foil, pour les débutants, la course et les vagues mais je ne peux pas en dire plus pour le moment !

 

Pour en savoir plus sur Gonzalo Costa Hoevel : www.facebook.com/Gonzalo-Costa-Hoevel-ARG3-1587908881447358

 

Source : Gonzalo Costa Hoevel
Photos : Carter/Pwaworldtour.com

tags: Gonzalo Costa Hoevel PWA World Tour Mercedes-Benz Sylt PWA Grand Slam windfoil

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