Après 30 ans d’une riche carrière, Antoine Albeau met un terme à sa participation au PWA World Tour. Lui qui a vu passer plusieurs générations de windsurfers revient sur cette décision et son avenir au micro de Windsurfjournal.com…
Windsurfjournal.com : Qu'est-ce qui a le plus pesé dans la balance pour que tu décides de prendre ta retraite internationale ?
Antoine Albeau : Cela fait quelques années que j’avais envie de m’arrêter. Fin 2019, j’ai été sur le point d’annoncer que c’était la dernière saison. En fait, je ne regardais pas vraiment les années qui passaient et je faisais pas mal de choses aussi à côté. J’ai d’autres projets et d’autres centres d’intérêt. Construire ma maison m’a déjà pris beaucoup de temps, j’ai passé 3 hivers sans vraiment m’entraîner et naviguer comme je le voulais. 2020, il n’y a pas eu d’événement donc c’était réglé. 2021, nous n’avons eu qu’Israël et Marignane où je me suis dit que j’allais continuer la saison. En marge de ça, il faut savoir qu’il y a l’école de voile dont je m’occupe avec Paola et il y a toute une saison à faire, mais aussi à préparer. Il faut chercher les moniteurs, il y a beaucoup de papiers administratifs à faire aussi. En 2021, j’ai quand même réalisé le record du mille nautique au Rouet et je gagne le Défi Wind SuperStars avec quasiment tous les gars de la coupe du monde. 2022, pareil, pas beaucoup d’événements prévus donc, du coup, avec le Zephir Project, j’ai vraiment eu envie de m’investir complètement là-dedans. C’est un beau projet et, en 2023, il va y avoir aussi un championnat du monde de vitesse à La Palme. Ce n’est qu’une retraite PWA, j’arrête la coupe du monde, s’il y a un événement en France un de ces jours, je pense que j’y participerai si je me sens mais je ne suivrai plus le tour complet. J’ai envie de plus m’orienter sur des événements plus promotionnels pour naviguer avec des amateurs comme sur les Défi Wind et toutes les longues distances que l’on a en France avec le Fort Boyard Challenge, le Raid La Tranche/Île de Ré, la One Hour en Italie, il y a aussi une épreuve en Allemagne. Avec Freddy Vallat, on est train de monter aussi un événement sur l’Île de Ré, les Antoine Albeau Series, une longue distance en windfoil couplée à des démonstrations en wingfoil. Concernant le circuit, cette retraite, ce n’est pas vraiment de la lassitude, mais l’histoire des 30 ans, ça tombait nickel. Comme je l’ai mis dans mon post sur les réseaux sociaux : 1992 - 2022, 30 ans et 25 titres…
WJ : Ta carrière est jalonnée de victoires et de performances. S'il ne fallait vraiment en choisir qu'une seule, laquelle serait-elle et pourquoi ?
AA : On me pose souvent cette question et c’est vraiment dur de répondre car sur 30 ans, tu as énormément de souvenirs. Il n’y a pas un seul bon moment, il y en a plusieurs… Et puis tu peux te souvenir aussi des défaites, celles qui ont été les plus difficiles. Mon 1er titre au Danemark en 1994, c’était une épreuve IFCA durant laquelle j’avais le slalom, la race et le classement overall, nous avons même gagné le championnat par nations ! À l’époque, on représentait la France avec Manu Duby chez les femmes, Yann Thébaut en juniors et Olivier Augé en masters alors que j’étais en séniors. Dans les moments forts, il y a aussi mon record du monde de vitesse en 2008 ou des victoires d’étape où je gagnais avant même la fin de l’épreuve. Il y a même eu une année où j’ai été sacré champion du monde en slalom avant même la finale à Sylt. J’ai aussi de beaux souvenirs de finale gagné sur le fil contre Matteo Iachino ou Cyril Moussilmani, les batailles avec Björn Dunkerbeck. En fait, il y a tellement de choses ! Je me souviens aussi des championnats du monde de Formula, des épreuves de vitesse à Fuerteventura. Et puis 2015 avec le nouveau record du monde de vitesse en windsurf à Lüderitz. J’ai aussi de bons souvenirs de l’Aloha Classic à Hookipa dont une où j’avais terminé 5ème après avoir sorti Paul Brian, Dave Kalama (que j’ai battu 2 fois) et même Josh Stone !
WJ : Quelle va être la nouvelle vie d'Antoine Albeau désormais ?
Antoine Albeau : Ce ne sera pas une nouvelle vie car elle va continuer comme le fil que je suis depuis quelques années maintenant avec nos activités à l’école de voile et le Zephir Project, plusieurs projets que je mène de front. En fait, ce sera la même vie, mais sans le tour PWA même si les épreuves n’ont pas été nombreuses ces 2 dernières années. J’aimerai aussi faire des clinics, je vais sûrement en organiser une à Tenerife aux Canaries en février ou en avril et pourquoi pas d’autres ailleurs, à confirmer… Et puis bien sûr, je vais continuer à naviguer et à m’entraîner !
Pour en savoir plus sur Antoine Albeau : www.instagram.com/antoinealbeau
Source : Antoine Albeau
Photo : Carter/Pwaworldtour.com