3 questions à Adrien Bosson

05/10/2022

Après être passé si près du titre mondial en 2018 et 2021, la 3^ème fois est la bonne pour le freestyler français Adrien Bosson qui vient d’être sacré à Sylt en Allemagne à l’occasion de la Mercedes-Benz Windsurf World Cup Sylt. Pour Windsurfjournal.com, il revient sur cette victoire et cette couronne amplement méritée !

Windsurfjournal.com : Comme l'an dernier, le titre mondial s'est joué sur une seule étape "sèche", comment as-tu abordé cette épreuve à Sylt et comme t'y es-tu préparé ?
Adrien Bosson : Malheureusement la saison a été très pauvre en événements de freestyle, autant en FPT qu’en PWA. Après la PWA de Carro l’an dernier, les calendriers sont sortis et la saison 2022 s'annonçait bonne avec la fin du Covid et le retour des compétitions. J'ai donc passé un excellent hiver à naviguer chez moi, en Afrique du Sud et à Fuerte aux Canaries. Dès que la saison a repris au club, j'ai continué de naviguer dès que je le pouvais. Je me sentais plutôt en forme, mais surtout, j'étais motivé de reprendre les contests à fond. Vers fin juin, en une semaine, 1 épreuve PWA et 3 FPT ont été annulées... Ça m'a mis un coup au moral et finalement, j'ai passé toute la saison d'été à la maison à bosser au club, comme en 2020 et 2021. C'était top, mais forcément, je n'ai pas trop navigué et en plus, il y a eu très peu de vent durant l’été. J'ai pu récupérer de la saison début septembre et ensuite, il y a eu plusieurs journées ventées pendant lesquelles j'ai pu bien me remettre en jambes. Il y a eu une bonne session à Carro en septembre, les conditions étaient top ce jour-là. Du coup, je suis arrivé à Sylt en plutôt bonne forme et avec l'envie de bien faire. Je ne me suis pas trop mis la pression au début, car j'ai passé l'été à donner des cours de wingfoil.

WJ : Comment as-tu vécu le retour de Jacopo Testa dans la double élimination, sa victoire et enfin la tienne lors de la super finale ?
AB : C'était dur à gérer pour différentes raisons. Premièrement car j'étais dans la position où c'était moi qui avais tout à perdre. Deuxièmement les conditions, on a eu du vent plus faible que ce qui était prévu. Jacopo Testa est plus léger que moi et surtout extrêmement redoutable en 5.2, il l'a prouvé en faisant les meilleurs scores de la journée de dimanche. J'ai toujours plus tendance à stresser lorsque je suis sous-toilé, car cela donne moins d'occasions d'envoyer des figures et aussi car j'ai toujours su mieux m'exprimer en étant bien toilé. Et enfin, je me retrouvais dans la même situation qu’en 2018 face à Gollito, j'avais gagné la simple dans du vent fort et je devais ensuite batailler dans la double pour garder ma place avec des conditions techniques... Mentalement, c'était vraiment dur et je n’avais pas envie d'une troisième place de second. Je voyais les potes de la Coudou me traiter d'éternel second ! Quand j'ai attaqué la super finale, je savais que ce n'était pas du tout à mon avantage, je suis beaucoup tombé au début et j'étais collé par moment. Jacopo me tournait autour en 5.2. À la fin, j'ai réussi à remplir ma fiche de tricks, rien d'extraordinaire, mais tous moves étaient là, j'ai tout fait pour que le heat soit fait complètement. En sortant de l'eau, je n'avais aucune idée de comment Jacopo avait navigué. Je me disais que s'il avait navigué comme le heat précédent, c'était mort pour moi... Et par chance, ce n'était pas le cas ! Je me suis donc retrouvé à recoller au score dans les dernières secondes du heat et le suspense fut long par la suite. Je gagne de 0,1 points, c'était inespéré vu ma situation. Plein de fois, j'ai eu de la malchance et là ça tournait à mon avantage. C'est peut-être ce qu'il me manquait ces dernières années pour monter en haut du podium.

WJ : Après 2018 et 2021 et tes titres de vice-champion du monde, la 3ème fois a finalement été la bonne, qu'est-ce que t'inspire ce titre tant attendu et en quoi est-il important pour la suite de ta carrière ?
AB : Depuis 2016, l'année pendant laquelle j'ai commencé à faire des podiums, je me suis dit que je pouvais désormais jouer le titre. Et c'est devenu mon objectif les saisons qui ont suivi. Arriver à le décrocher ce titre, j'en avais très envie, surtout après 2 titres de vice-champion. C'est donc un accomplissement après beaucoup d'heures sur l'eau et à terre, à m'entraîner, beaucoup de défaites, de doutes, quelques victoires, plein de voyages, de découvertes. Il y a eu beaucoup de fun et aussi beaucoup d'efforts pour en arriver là et je n'ai jamais lâché malgré les difficultés rencontrées. Du coup, c'est aussi un soulagement cette 1ère place. Le freestyle, c'est la discipline la plus accessible, nous avons été nombreux à courir derrière les podiums et le titre. Je me dis que j'ai beaucoup de chance de pouvoir ramener la coupe et désormais porter le titre de champion du monde. Pour la suite, je pense que j'aurai toujours envie de performer en compétition les prochaines années, car j'aime ça, l'entraînement puis la confrontation. J'espère pouvoir travailler sur de nouvelles choses avec mes sponsors, notamment faire des trips et de la vidéo. Le freestyle a pris un coup de mou avec le Covid, plein de riders ont arrêté et d'autres se sont mis au wingfoil. J'espère pouvoir motiver les générations suivantes via les résultats, les images et mon club.