3 questions à Thomas Goyard

14/06/2019

Passé à 2 doigts du podium et d’une possible victoire en foil au Japon lors de la Fly! ANA Yokosuka PWA World Cup, le français Thomas Goyard n’a pas raté le coche en Costa Brava en Espagne quelques semaines plus tard en remportant par la même occasion la 1ère épreuve PWA de sa carrière ! Lui qui est toujours en lice pour une sélection pour les Jeux Olympiques de Tokyo 2020 revient avec Windsurfjournal.com sur cette épreuve et ses enseignements…


Windsurfjournal.com : Remporter une épreuve PWA, voilà qui est plutôt rare dans une carrière, qui plus est avec ton parcours sportif en RS:X qui est bien différent des autres compétiteurs, qu'est-ce que cela t'inspire ?
Thomas Goyard : Bien évidemment c’est assez incroyable de remporter une épreuve PWA pour moi et cela me conforte dans l’idée que je suis sur la bonne pente en ce moment. La démarche de progression que j’ai mise en place depuis 3 ans a l’air de porter ses fruits, en disant ça, je veux parler de mon implication plus forte dans mon projet RS:X qui donne de très bons résultats depuis 1 an et demi. Et apparemment ça a l’air de se transférer ou plutôt de se compléter bien avec le foil donc c’est génial. Je pense que c’est une force de venir de l’olympisme pour la pratique du foil sur le parcours upwind/downwind, cela m’apporte des billes appréciables en terme de tactique, de départ, de stratégie, d’entrainement physique, de gestion de course, etc… Merci la RS:X car même si c’est un support moins fun sur le papier, j’adore vraiment la pratique olympique qui rassemble un sacré nombre de passionnés et où l'on repousse les limites de l’engagement physique, idem pour le niveau technique car c’est une planche extrêmement dure à faire marcher avec une multitude de techniques très différentes les unes des autres. Quand on passe sur le foil, ça parait très relax ! Enfin pour l’instant car si ça passe comme support olympique, ça va être une autre histoire !!! D’ailleurs, je trouverai ça incroyable que le foil devienne olympique, ça serait un véritable coup d’accélérateur pour notre sport, le support sera plus accessible pour le grand public, correspondra à la réalité de la pratique actuelle, ce qui n’est pas le cas avec la RS:X. En plus, c’est bien plus spectaculaire et les sensations sont décuplées, les projets de format de course sont plus variés et c’est dans l’ère du temps, tous les supports à la voile se mettent à voler autour de nous. Et on trouvera toujours moyen de pousser au plus haut les limites techniques et physiques comme en RS:X, mais pour le grand public, il y aura un réel plus en terme d’accessibilité et de compréhension du monde olympique. Aussi, ce que ça m’inspire, c’est aussi que l’on a réalisé un excellent travail avec Phantom Windsurfing car le matos est incroyablement facile et performant, autant le foil que les voiles. Je pense particulièrement à l’équipe de développement composée d’Alex Udin, le désigner des voiles et foil, et mes partenaires de team, Alex Cousin (voiles et foil), Nicolas Goyard (uniquement foil) et de nos ingénieurs et de toute l’équipe qui travaille derrière. C’est une belle victoire car on partait de très loin et on se retrouve avec du matos au top en moins d’un an ! On a commencé à développer en juillet/août 2018, c’est quand même incroyable !

 

WJ : Cette victoire est une belle revanche sur cette épreuve au Japon durant laquelle une 4ème manche, synonyme de discard, n'est jamais venue alors que la victoire te semblait promise...?
TG : Ah cette fameuse épreuve du Japon, tout le monde m’en parle… "Tu aurais dû gagner, ce n’est pas juste, c’est toi le meilleur, etc…”. La seule chose qui est vraie, c’est que j’ai fait une grosse erreur sur mon premier départ, et le seul responsable c’est moi, point à la ligne. Bien sûr, le comité aurait largement pu valider cette 4ème manche s’ils l’avaient vraiment voulu, par exemple en lançant une course full fleet, tout le monde en même temps, comme nous l’avons fait en Costa brava cette année et l’année passée, au lieu de perdre du temps à faire 2 poules et une finale. Mais c’est le jeu, encore une fois, je n’avais qu’à mieux régater sur cette première course, c’est comme ça. J’apprends. J’avais envie de trop bien faire sur cette première course et mes repères de distance à la ligne étaient faussés par ma pratique RS:X, le foil va tellement plus vite. Résultat, je suis arrivé trop tôt sur le bout de ligne et j’ai essayé de freiner mais c’était trop tard lorsque je l’ai réalisé. Je me suis crashé avec Gonzalo Costa-Hoevel et je me suis fait éjecter de la ligne et j’ai grillé le départ de 2 secondes en tombant à l’eau. Parti bon dernier, je finis malgré tout 13ème de cette course, avant d’être disqualifié pour mon départ anticipé. Dommage car avec ma manche de 13ème, j’étais 4ème au général… Allez stop, c’est fait, c’est fait !

 

WJ : Cette épreuve en Costa Brava a visiblement été un véritable laboratoire pour la discipline du foil avec le type de parcours upwind/downwind que l'on connait mais aussi du slalom et même une journée atypique à plus de 40 nœuds ! Quels enseignements tires-tu de cette épreuve et a-t-elle permis de voir certaines tendances pour le futur ?
TG : Carrément, c’’était une épreuve géniale car on a pu tester beaucoup de choses. Je pense néanmoins qu’il faudrait garder séparés les 2 types de parcours sur la PWA, car cela influe trop les résultats pour l'instant, et ceci pour de multiples raisons. Comment faire pour que ce soit équitable en terme de nombre de manches upwind/downwind et slalom ? Cela n’aurait donc pas de sens de comparer les résultats d’une épreuve à l’autre et tous les coureurs passeront leur temps à se plaindre ou à faire du lobby pour lancer tel ou tel type de course, et ça c’est vraiment pas agréable et ça pourrit l’ambiance entre les coureurs. D’autant plus que le matériel jaugé au niveau des foils est sensiblement différent pour certains coureurs, certains ont fait des choix en pariant sur une majorité de parcours upwind/downwind et d’autres avec une tendance plus slalom ou vent très fort. Donc ça n’a pas vraiment de sens de comparer les résultats. Pour cette année, on ne peut pas faire autrement, mais c’est à mon sens très important que la PWA soit plus claire pour l’année prochaine car sinon c’est une prise de tête pas possible sur le matos et sportivement c’est vraiment nul et pas intéressant. Enfin, comme on ne peut pas maîtriser la répartition des manches en slalom et en course racing car on se sait jamais si le vent sera présent autant qu’on le souhaite, autant se tenir à un type de pratique bien défini et que le meilleur de chaque discipline gagne. Et rien n’empêche de faire un classement overall si ça nous chante. D’un point de vue perso, je vais donc bosser la partie slalom comme vous vous en doutez ! Je suis assez confiant sur le fait de faire des manches dans le top 10 voire mieux, c’est beaucoup de technique et de réglages. Je me suis focalisé sur la partie près/vent arrière pour le moment. Et enfin pour les manches dans 40 nœuds, c’était très fun j’ai adoré ! Un peu extrême, je ne sais pas si c’est l’esprit actuel et si c’est très safe, mais pour faire le show de temps en temps, pourquoi pas. Il y a des disciplines sportives bien plus risquées que la nôtre, après tout. Ce n’est pas une raison pour faire pareil à tout prix mais je suis pas contre l’idée d’aller tester nos limites techniques à l’occasion et voir les progrès du matos. 

 

Pour en savoir plus sur Thomas Goyard : www.facebook.com/thomasgoyardwindsurfing

 

Source : Thomas Goyard
Photos : Carter/Pwaworldtour.com

tags: Thomas Goyard PWA World Tour Catalunya PWA World Cup

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